Hexalobus crispiflorus (PROTA)
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Introduction |
Importance générale | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Répartition en Afrique | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Répartition mondiale | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Fruit | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Stimulant | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Huile essentielle / exsudat | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Médicinal | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Fibre | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Sécurité alimentaire | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Hexalobus crispiflorus A.Rich.
- Protologue: Hist. phys. Cuba, Pl. vasc. 1: 43 (1845).
- Famille: Annonaceae
Origine et répartition géographique
Hexalobus crispiflorus est présent de Guinée-Bissau jusqu’au sud du Soudan, et vers le sud jusqu’au Gabon et en R.D. du Congo.
Usages
Le bois, connu en tant que “owui” au Cameroun et au Gabon et en tant que “duabaha” au Ghana, est utilisé pour la construction de maisons, la menuiserie, les manches de couteaux, les crosses d’armes à feu, les pagaies et les bardeaux. Il convient pour les planchers, les boiseries intérieures, la construction navale, les châssis de véhicules, le mobilier, l’ébénisterie, les étais de mine, les articles de sport, les jouets, les bibelots, les ustensiles agricoles, les boîtes, les caisses, les cuves, le tournage, les panneaux durs, les panneaux de particules et la pâte à papier.
Le fruit est comestible ; on le consomme cru. La partie extérieure de la pulpe est ferme et a un goût légèrement acide, la partie intérieure entourant les graines est gélatineuse et douce. L’écorce interne est utilisée en tant que masticatoire avec la noix de cola. Des décoctions d’écorce sont utilisées en bain pour traiter la fièvre et les problèmes de peau. La macération d’écorce est consommée pour traiter les maladies vénériennes, et la pâte d’écorce est appliquée sur les blessures, les furoncles et les glandes enflées. La décoction de l’écorce de ramille est absorbée comme boisson en tant qu’émétique et purgatif. Au Cameroun, l’écorce est utilisée pour traiter la gonorrhée et la syphilis. En Sierra Leone, l’écorce est arrachée des jeunes arbres et utilisée sous forme de fibres.
Production et commerce international
Le bois n’est pas vendu sur le marché international et n’est utilisé que localement. L’écorce de tige est parfois vendue sur les marchés locaux. En 2002, sur les marchés de Yaoundé (Cameroun), 1 kg d’écorce était vendu à 3000 FCFA.
Propriétés
Le bois de cœur est jaune pâle à rosé ou brun clair, et n’est pas distinctement démarqué de l’aubier. Le fil est droit, le grain fin. Le bois est légèrement strié sur les surfaces sur quartier et sur dosse, et est lustré.
C’est un bois de poids moyen, d’une densité de 530–600 kg/m³ à 12% d’humidité. Les taux de retrait au séchage sont modérés. A 12% d’humidité, le module d’élasticité est de 94–111 N/mm², la compression axiale de 49–53 N/mm², le fendage de 18–22,5 N/mm et la dureté de flanc Chalais-Meudon de 1,8–2,4.
Le bois se travaille bien à la main et aux machines-outils, mais est difficile à scier et dérouler parce que les grumes sont sinueuses et fortement cannelées. Il se rabote bien et prend un beau fini. Le bois semble avoir de bonnes propriétés de clouage. Il n’est que moyennement durable. Il montre quelque résistance aux attaques de termites et de térébrants marins, mais il est sensible aux attaques de Lyctus. Le bois de cœur est rebelle à l’imprégnation avec des produits de conservation, l’aubier moyennement.
L’écorce, le bois et les feuilles contiennent des alcaloïdes, mais c’est l’écorce qui en a les concentrations les plus élevées (0,64% sur base du poids sec). Une huile essentielle a été isolée de l’écorce ; cette huile a une forte teneur en sesquiterpènes (99,5%). L’huile a montré une nette activité sur la souche W2 de Plasmodium falciparum. Le nérolidol, qui est présent dans l’huile à une concentration d’environ 3%, peut être en partie responsable de l’activité antiplasmodium. Les indoles diprénylés, appelés hexalobines, présentant une activité antifongique significative, ont été isolés de l’écorce.
Description
Arbre de taille petite à moyenne atteignant 30 m de haut ; fût dépourvu de branches sur une hauteur pouvant atteindre 15(–27) m, souvent sinueux, atteignant 100(–140) cm de diamètre, fortement cannelé ; surface de l’écorce longitudinalement fissurée et devenant écailleuse avec de petites écailles allongées, brun grisâtre, écorce interne tendre, fibreuse et jaunâtre virant à l’orange une fois exposée, légèrement odorante ; cime arrondie, à rameaux ascendants ; ramilles à poils courts à presque glabres. Feuilles alternes et distiques, simples et entières ; stipules absentes ; pétiole de 3–6 mm de long ; limbe elliptique à ovale-lancéolé, de 7,5–23 cm × 3–8 cm, obtus à arrondi et légèrement asymétrique à la base, acuminé à l’apex, papyracé à finement coriace, habituellement à poils courts au-dessous, pennatinervé à 12–18 paires de nervures latérales. Inflorescence : fascicule axillaire à 1–3 fleurs. Fleurs bisexuées, régulières, 3-mères ; pédicelle de 0,5–1,5 cm de long ; sépales libres, ovales à elliptiques-ovales, de 1–2 cm de long, réfléchis, poilus ; pétales en 2 verticilles, étroitement oblongs, de 2,5–8,5 cm de long, soudés à la base, frisés sur les bords, à poils courts, jaune pâle ; étamines nombreuses, à filets courts et anthères oblongues-linéaires de 3–4 mm de long ; carpelles 7–10, de 4–5 mm de long, ovaires oblongs, poilus, stigmates 2-lobés. Fruit constitué de jusqu’à 4 follicules oblongs indéhiscents, de 8–9 cm × 4–5 cm, finement ridés et à poils brun rouille, contenant de nombreuses graines. Graines aplaties-ellipsoïdes, de 3–4 cm de long. Plantule à germination épigée ; hypocotyle de 10–12 cm de long, épicotyle de 2–3 cm de long ; cotylédons foliacés, largement elliptiques, d’environ 4 cm × 2 cm ; première feuilles alternes.
Autres données botaniques
Le genre Hexalobus comprend 4 espèces et est limité à l’Afrique tropicale continentale. Il s’apparente étroitement à Uvariastrum et Asteranthe.
Hexalobus salicifolius
Hexalobus salicifolius Engl. ressemble énormément à Hexalobus crispiflorus, s’en distinguant habituellement par de plus petites feuilles et de plus petits fruits. C’est un arbre de taille moyenne atteignant 35 m de haut avec un fût atteignant 100 cm de diamètre, et il a été répertorié au Cameroun, en Guinée équatoriale et au Gabon, et en Côte d’Ivoire, quoiqu’on en doute. Il est sans doute utilisé à des fins similaires à celles d’Hexalobus crispiflorus.
Croissance et développement
La croissance d’Hexalobus crispiflorus semble être relativement lente. Un arbre planté en R.D. du Congo n’avait toujours pas fleuri au bout de 8 ans après sa plantation. En Côte d’Ivoire, les arbres fleurissent en avril–mai et en septembre.
Ecologie
Hexalobus crispiflorus est habituellement disséminé dans les forêts denses, humides, principalement semi-décidues. Il est très commun en forêt non perturbée. On le trouve souvent le long des rivières, et il peut pénétrer les zones de savane par les forêts-galeries. Il préfère les sols profonds, bien drainés, avec une bonne capacité de rétention hydrique.
Multiplication et plantation
La multiplication artificielle s’effectue seulement par les graines. Un kilo contient environ 600 graines. La germination débute 1–3 mois après le semis, et le taux de germination est d’environ 80%. Les semis semblent nécessiter un ombrage partiel pour une bonne croissance et leur survie. La distance de plantation doit atteindre 6 m × 6 m.
Gestion
Hexalobus crispiflorus est habituellement présent en faibles densités dans la forêt. Au Cameroun, une densité moyenne de 0,14 fût de plus de 15 cm de diamètre par ha a été répertoriée, avec un volume moyen de bois de 0,5 m³/ha. Au Gabon, le volume moyen de bois est de 0,8 m³/ha. Au Ghana, on préconise un fût d’un diamètre minimum de 70 cm pour l’abattage.
Rendement
Un fût récolté en R.D. du Congo de 27 m de long et 140 cm de diamètre a fourni 26,5 m³ de bois.
Ressources génétiques
Hexalobus crispiflorus est répandu et ne semble pas être en danger immédiat d’érosion génétique. Cependant, il est habituellement présent en faibles densités dans la forêt et préfère une forêt non perturbée, ce qui peut le rendre vulnérable suite au déclin actuel de l’aire de la forêt primaire.
Perspectives
Hexalobus crispiflorus est un arbre polyvalent présentant une importance locale pour les personnes résidant dans la forêt ou à proximité. Il ne produit pas seulement du bois, mais également des fruits comestibles ainsi que des produits utilisés en médecine traditionnelle. Son importance en tant que bois d’œuvre commercial est limitée en raison de sa présence disséminée dans les forêts et de la forme médiocre de son fût. On pourrait encourager sa plantation comme arbre fruitier, mais des recherches sur les méthodes de multiplication et sur une gestion appropriée des arbres plantés sont nécessaires. L’écorce semble ouvrir des perspectives pour le développement de médicaments contre le paludisme.
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Sources de l'illustration
- Irvine, F.R., 1961. Woody plants of Ghana, with special reference to their uses. Oxford University Press, London, United Kingdom. 868 pp.
- Wilks, C. & Issembé, Y., 2000. Les arbres de la Guinée Equatoriale: Guide pratique d’identification: région continentale. Projet CUREF, Bata, Guinée Equatoriale. 546 pp.
Auteur(s)
- G.D. Djagbletey, Forestry Research Institute of Ghana, Council for Scientific and Industrial Research, Ghana
Consulté le 15 octobre 2025.
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