Hoodia gordonii (PROTA)

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


Importance générale
Répartition en Afrique
Répartition mondiale
Médicinal
Ornemental


Hoodia gordonii (Masson) Sweet ex Decne.


Fichier:Map Hildebrandtia sepalosa.gif
répartition en Afrique (sauvage)
Protologue : in : A.DC., Prodr. 8: 665 (1844).
Famille : Asclepiadaceae (APG: Apocynaceae)
Nombre de chromosomes : 2n = 22

Synonymes

  • Hoodia pillansii N.E.Br. (1909).

Noms vernaculaires

  • Hoodia cactus, ghaap (En).

Origine et répartition géographique

Hoodia gordonii se rencontre dans les régions arides et très arides en Namibie et dans la région du grand Karoo jusqu’aux provinces de l’Etat libre, du Cap-du-Nord et du Cap occidental de l’Afrique du Sud.

Usages

Les Sans en Namibie consomment parfois comme aliment les jeunes tiges juteuses, fraîches ou cuites, de Hoodia gordonii et espèces apparentées, mais surtout ils mastiquent des morceaux de la tige amère pour inhiber la faim et la soif pendant les longues sorties de chasse ou les périodes de disette. Cet usage a mené à la commercialisation de l’ “extrait de Hoodia”, largement utilisé comme additif alimentaire contre l’obésité.

Ce processus a fait l’objet d’une controverse longue et pénible sur les droits de propriété intellectuelle et la compensation pour l’utilisation de connaissances traditionnelles sur les plantes entre les Sans d’une part et une organisation de recherches sud-africaine et l’industrie pharmaceutique d’autre part. L’usage de Hoodia a été observé par des chercheurs du “South African Council of Scientific and Industrial Research” (CSIR) dans les années 1960. Après des recherches sur la valeur nutritionnelle et la composition chimique de la plante, le CSIR a déposé une demande de brevet concernant l’utilisation du composé “P57A53”, censé être le principe actif ; le brevet a été accordé en 1995. En 1998, le CSIR a accordé une licence pour l’utilisation de P57A53 à Phytopharm, une compagnie de recherches pharmaceutiques britannique, spécialisée dans la mise au point de phytomédicaments. Le but était la mise au point et la commercialisation mondiale de l’extrait breveté P57A53 de Hoodia pour supprimer l’appétit, pour soigner les troubles du comportement alimentaire et pour traiter l’obésité et le diabète sucré. En 1998, Phytopharm a fait part d’études précliniques complètes et d’une étude clinique de faisabilité. La même année, Phytopharm a accordé une sous-licence à Pfizer afin de rassembler des fonds additionnels pour la mise au point et la commercialisation du P57A53.

En 2001, des représentants des Sans ont été informés du brevet. Considérant que le brevet était abusif, et en accord avec la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) signée en 1992 au Sommet de la terre à Rio de Janeiro, des négociations ont été entamées entre des représentants des Sans et le CSIR. Ces négociations ont conduit à des excuses de la part du CSIR pour ne pas avoir consulté les Sans, et au premier accord de partage des avantages, donnant une compensation pour les connaissances traditionnelles d’une plante, signé en 2003. Selon l’accord, les Sans ont le droit de recevoir 8% de toutes les sommes que le CSIR obtient de son licencié, ainsi que 6% de toutes les redevances à partir de la commercialisation d’un médicament. Après la fermeture de son département de “Natureceuticals”, Pfizer s’est retiré de l’accord et un nouvel accord a été signé entre Phytopharm et Unilever. Bien que Phytopharm ait annoncé des avancées positives vers l’approbation par les instances régulatrices, les résultats d’une étude clinique avec l’extrait de Hoodia utilisé dans un produit de type boisson ont amené Unilever à la conclusion que les perspectives de développement de ce concept de produit étaient peu prometteuses. Alors qu’Unilever avait élaboré et breveté plusieurs innovations technologiques, par ex. des méthodes de micropropagation de plantes de Hoodia en 2008, il se retirait de l’accord à la fin de la même année. Bien que Phytopharm ait été influencée négativement par la décision d’Unilever, la société reste convaincue que les données précliniques et cliniques sur l’extrait de Hoodia justifient des études plus poussées sur l’inhibition de l’appétit et l’effet sur l’obésité, ainsi que sur des applications pharmaceutiques et vétérinaires. Ces dernières années, l’extrait a été commercialisé dans le monde entier sous forme d’additifs alimentaires suppresseurs d’appétit, bien que les preuves scientifiques concernant son efficacité et son innocuité soient limitées. Des produits fabriqués à partir de l’extrait sont souvent commercialisés sur Internet. Malheureusement, des extraits de Hoodia de qualité douteuse sont également vendus sur Internet et on peut se demander s’ils appliquent les lois sur la propriété intellectuelle et les réglementations de la CITES.

En médecine traditionnelle, les Sans utilisent la plante aussi comme stomachique, et contre l’indigestion, le diabète, la tuberculose et l’hypertension. Transformée en teinture avec de l’eau-de-vie, elle s’applique sur les hémorroïdes. Le miel de ses fleurs serait utilisé dans le traitement du cancer.

Hoodia gordonii est parfois planté comme ornemental.

Production et commerce international

Le commerce de plantes de Hoodia, dont Hoodia gordonii et ses produits, est soumis aux réglementations strictes de l’annexe 2 de la CITES. Bien qu’il faille un permis pour la collecte, la possession, le transport et l’exportation de la plante, le commerce illégal non contrôlé, notamment sur Internet, semble commun, mais on ne connaît pas les quantités. Récemment on a commencé la plantation commerciale de Hoodia gordonii pour ses produits inhibiteurs d’appétit, en Afrique du Sud et en Namibie. C’est la “Southern African Hoodia Growers Association”, dans laquelle des producteurs en Namibie, au Botswana et en Afrique du Sud se sont réunis, qui organise cette production régulée. En 2006, l’Association a signé un accord de partage des avantages avec les représentants des Sans.

Propriétés

Les métabolites secondaires les plus caractéristiques des espèces de Hoodia sont des hétérosides de prégnane. Chez Hoodia gordonii, un grand nombre ont été identifiés, dont plus de 25 hoodigosides, plusieurs hoodistanalosides et quelques gordonosides. Les hétérosides sont constitués d’un aglycone de type 12-hydroxyprégnane, lié à plusieurs sucres de type 6-déoxy ou 2,6-didéoxy. Les aglycones les plus communs sont la hoodigogénine A et la calogénine. La hoodigogénine A est un 3β,12β,14β -trihydroxy-prégn-5-èn-20-one. Le composé actif qui inhibe l’appétit a été identifié comme le 12-tigloyloxy-14-hydroxyprégn-5-èn-20-one, lié en position 3 à une chaîne de 3 sucres ( D-thévétose, D-cymarose et encore D-cymarose). Il est généralement appelé P57A53 ou simplement P57. Des analyses quantitatives ont montré de grandes variations dans les teneurs. Un extrait de Hoodia gordonii séché contenait 2,1% d’hétérosides stéroïdes totaux. La teneur du seul composé P57A53 se situait entre 0,05% et 0,005%. Dans l’extrait commercial de Hoodia gordonii, un hétéroside très similaire est également présent, ne différant que dans la présence d’une chaîne de 4 sucres. P57A53 a été identifié aussi chez Hoodia currorii (Hook.) Decne., Hoodia ruschii Dinter, Hoodia pilifera (L.f.) Plowes et Hoodia parviflora N.E.Br.

Les essais d’alimentation, dans lesquels les rats ont reçu à manger des extraits de Hoodia gordonii ou le P57A53 sous forme pure, ont montré des réductions de l’appétit et du poids vif. L’injection directe du P57A53 dans la cervelle des rats a également montré une réduction de l’appétit et une augmentation du niveau de l’ATP dans l’hypothalamus, ce qui suggère un effet du composé actif sur le système nerveux central. Dans les demandes de brevet, on mentionne également des effets antidiabétiques de l’extrait et une réduction des dégâts causés par une production excessive de l’acide gastrique. Il n’existe que très peu d’information sur l’effet inhibiteur de l’appétit par le P57A53 chez les humains. Dans un essai sur les humains, la consommation de l’extrait purifié de Hoodia gordonii pendant 15 jours s’est avérée être associée à des effets secondaires négatifs significatifs, dont des périodes de nausées, des vomissements, et la perturbation des sensations cutanées, ainsi que des niveaux plus élevés de la pression sanguine, du pouls, du rythme cardiaque, de la bilirubine et de la phosphatase alcaline. L’extrait était moins bien toléré que le placébo et n’avait pas d’effet significatif sur l’absorption d’énergie ou le poids corporel. Un essai clinique de phase 2 sur les humains s’est arrêté pour des raisons inconnues. L’essai aurait montré un manque d’efficacité pharmacologique du médicament ainsi administré, contrairement à plusieurs essais antérieurs. Traditionnellement, les Sans mastiquent des morceaux de tige pendant des périodes prolongées. L’absorption de P57A53, par ex. sous forme de comprimé ou de boisson, ne semble pas produire le même résultat. Les résultats de nouveaux essais n’ont pas encore été publiés.

L’extrait de Hoodia gordonii n’a pas montré d’activité génotoxique dans 2 essais in vitro, l’un pour détecter des mutations bactériennes et l’autre des mutations géniques, utilisant des cellules de lymphome de souris. Dans un essai de micronucleus de la moelle osseuse chez la souris, l’extrait injecté à fortes doses n’a pas changé les fréquences moyennes des érythrocytes polychromatiques à micronucleus des animaux traités. Les résultats indiqueraient que l’extrait de Hoodia gordonii n’est pas génotoxique dans les conditions de l’essai. Dans des essais avec des lapines et des souris pleines, on a donné aux animaux modèles de fortes doses quotidiennes de l’extrait de Hoodia (maximum 12 mg/kg et 50 mg/kg, respectivement) durant plusieurs semaines pendant la gestation. Les doses les plus élevées ont réduit l’appétit. Aux doses qui ont réduit la consommation maternelle chez la souris, l’extrait de Hoodia gordonii a retardé le développement du fœtus. Alors que l’usage traditionnel de Hoodia fait penser qu’il est sans danger lorsque utilisé de façon appropriée, les essais d’innocuité ont donné des résultats variés. En outre, aucun résultat d’étude sur l’utilisation à long terme de l’extrait de Hoodia par les humains n’a encore été publié.

Falsifications et succédanés

L’origine et l’identité d’un grand nombre de produits de Hoodia inhibiteurs de l’appétit sont douteuses, notamment pour ceux offerts sur Internet. Des falsifications avec d’autres espèces de Hoodia et même avec du matériel de Cereus, Echinopsis et Opuntia (Cactaceae) et Aloe (Asphodelaceae) ont été répertoriées. Dans un essai sur 10 échantillons, 2 ont montré des teneurs basses en composé actif, les 8 autres ne contenaient aucune trace de P57A53. Les espèces de Hoodia et de genres apparentés se ressemblent beaucoup, et il est très difficile d’identifier du matériel récolté à moins que le site d’origine soit connu ou qu’un matériel d’herbier l’accompagne. Les méthodes d’analyse chimique courantes sont inadéquates, et des méthodes de chromatographie CCM ou CLHP spécifiques sont requises. Autrement, il faudrait mesurer la teneur en P57A53.

Description

Arbuste succulent, épineux, à tiges multiples, atteignant 100 cm de haut et 60 cm de large. Tiges de 10–100 cm de long, de 2,5–5 cm d’épaisseur, érigées, obtusément anguleuses, charnues et assez dures, glabres, gris-vert à gris-brun. Feuilles réduites à des tubercules épineux ; stipules absentes ; tubercules proéminents, de 5–15(–20) mm de long, deltoïdes, aplatis latéralement, soudés sur la moitié inférieure de la tige en 11–17 crêtes verticales, obtuses, chacune munie au sommet d’une épine aiguë de 6–12 mm de long. Inflorescence principalement à l’apex de la tige, à 1–4 fleurs, glabre, à nombreuses bractées deltoïdes. Fleurs s’ouvrant l’une après l’autre, bisexuées, régulières, 5-mères, malodorantes ; pédicelle de 8–30 mm de long ; sépales ovales-lancéolés et se chevauchant à la base, de 5–6 mm × 2–4 mm, acuminés, apprimés à la corolle ; corolle un peu rotacée, presque circulaire à 5-lobée, de (4–)5–10 cm de diamètre, l’extérieur de couleur chair pâle à veines plus foncées, l’intérieur de couleur chair à violet-rouge foncé, normalement avec des veines plus foncées, lisse à couverte de petites papilles coniques, chacune munie au sommet d’une soie jusqu’à 2,0(–2,5) mm de long, tube de 1–1,5 mm × 4,5–6 mm à la gorge, enveloppant la quasi-totalité du gynostège, formé entièrement par un épaississement annulaire près de la base, lobes largement ovales, jusqu’à 1,5 mm × 5 cm, étalés, se rétrécissant brusquement en une pointe subulée de 3–6 mm de long ; couronne de 1,5–2,0 mm × 4–6 mm, violet-noir, glabre, divisée en petits lobes externes et internes ; anthères réunies avec le gynécée, formant ainsi un gynostège portant des anthères horizontales au sommet de la tête du stigmate, filets joints en une courte gaine autour du style. Fruit constitué de 2 follicules, ceux-ci érigés, minces, ressemblant à des cornes, de 9–11,5 cm de long, divergeant à 30–60°, verdâtres, glabres, lisses, contenant 180–190 graines. Graines portant une touffe de poils sur un côté.

Autres données botaniques

Le genre Hoodia comprend environ 13 espèces qui se rencontrent toutes en Afrique australe, depuis l’Angola jusqu’aux provinces du Cap et au bassin fluvial de la rivière Orange en Afrique du Sud, une seule espèce s’étendant aussi au Botswana et au Zimbabwe. Hoodia gordonii est très variable. Autrefois, il était sous-divisé en de nombreuses espèces, mais dans une révision couvrant toute l’aire de l’espèce actuelle, cette sous-division n’a pas été retenue.

A l’état végétatif, Hoodia gordonii est facilement confondu avec Hoodia currorii (Hook.) Decne., ce dernier étant un arbuste plus touffu et désordonné. Des hybrides naturels ont été observés entre Hoodia gordonii et Hoodia flava (N.E.Br.) Plowes. Les plantes étaient fertiles et les rétrocroisements avec les parents ont bien réussi. Parmi les croisements intergénériques naturels, on notera : Hoodia gordonii × Orbeopsis lutea (N.E.Br.) L.C.Leach subsp. vaga (N.E.Br.) L.C.Leach et Hoodia gordonii × Stapelia arenosa Luckhoff.

Plusieurs autres espèces de Hoodia s’utilisent en médecine traditionnelle.

Hoodia parviflora

Hoodia parviflora N.E.Br. est la plus grande espèce de Hoodia avec des tiges atteignant 2 m de haut et 11 cm d’épaisseur, et avec de grandes fleurs. Il est présent dans le sud-ouest de l’Angola et le nord-ouest de la Namibie. Il est utilisé traditionnellement pour lutter contre les parasites.

Hoodia pedicellata

Hoodia pedicellata (Schinz) Plowes (synonyme : Trichocaulon pedicellatum Schinz) est une plante herbacée succulente, à tiges multiples portant des crêtes d’épines non-persistantes sur les tubercules, endémique d’une zone côtière jusqu’à 80 km de large dans la région désertique de la Namibie et au sud-ouest de l’Angola. Il est parfois cultivé par des passionnés de plantes succulentes, mais ceci est difficile car les températures élevées jointes à l’ensoleillement ainsi que les températures basses jointes à une forte humidité sont néfastes. Les Topnaars de la Namibie consomment la moelle succulente de la tige sous forme crue, comme celle de Hoodia currorii (Hook.) Decne., malgré son amertume. Cette consommation diminue la pression sanguine, et soigne l’indigestion, les maux d’estomac et les rhumes. La partie charnue de la tige s’applique sur les yeux pour soulager les douleurs oculaires. L’eau sucrée, à laquelle on ajoute des morceaux de tige, constitue une boisson rafraîchissante.

Hoodia pilifera

Hoodia pilifera (L.f.) Plowes est un arbuste succulent atteignant 80 cm de haut et 2 m de diamètre, à tiges jusqu’à 6 cm d’épaisseur, munies de 20–34 crêtes de tubercules épineux, et à fleurs jusqu’à 3 cm de diamètre, malodorantes. Il se rencontre surtout dans la région du Karoo de l’Afrique du Sud. En médecine traditionnelle, il soigne la tuberculose pulmonaire et les hémorroïdes, et sert de stomachique. Hoodia pillansii, désormais synonyme de Hoodia gordonii, a été classé comme une sous-espèce de Hoodia pilifera. Du fait de cette confusion, il n’est pas toujours clair dans la littérature si Hoodia pilifera contient du P57A53.

Hoodia officinalis

Hoodia officinalis (N.E.Br.) Plowes est un petit arbuste succulent à tiges érigées ou rampantes atteignant 40 cm de long et 7 cm de diamètre, à petites fleurs. Il est présent depuis le sud de la Namibie jusq’à l’ouest da la province de l’Etat libre de l’Afrique du Sud. En médecine traditionnelle, Hoodia officinalis sert à traiter les hémorroïdes. Il est parfois cultivé comme ornemental par des passionnés de plantes succulentes, mais la pollinisation est difficile et les graines sont difficiles à obtenir. La multiplication par boutures est possible, en utilisant des tiges prélevées près de la base. Les sommets des tiges souffrent souvent de brûlure par le soleil et de pourriture.

Croissance et développement

Hoodia gordonii fleurit annuellement au printemps dans les zones occidentales de son aire de répartition, et en été dans les parties centrales. Les inflorescences persistent et les anciennes peuvent produire des fleurs pendant les années suivantes ; cependant, les inflorescences les plus récentes près de l’apex portent le plus grand nombre de fleurs. La floraison dérange la disposition des crêtes de tubercules le long de la tige. La croissance végétative entre les saisons de floraison consécutives est normalement très limitée et la disposition ordonnée des crêtes n’est pas réparée, de sorte que celles-ci ne peuvent être comptées qu’à la base de la tige. Chaque tubercule porte un rudiment foliaire transformé en épine aiguë. Chez les jeunes semis, on peut encore reconnaître la nature foliaire de cette épine par des traces du limbe et de la nervure médiane. Les épines sur les tubercules sont normalement très dures, mais deviennent molles et flexibles quand elles sont mouillées comme pendant des brumes nocturnes.

Ecologie

Hoodia gordonii se rencontre dans une grande variété de milieux arides dans les végétations du désert, du semi-désert et de la savane, allant des milieux côtiers à montagnards, sur des crêtes de schiste douces ou escarpées, sur des sites rocheux secs ou dans des endroits sableux dans les lits de rivière. Il est très commun dans les zones à pluviométrie estivale et ne se rencontre que disséminé dans les zones plus sèches à pluviométrie hivernale avec un peu de précipitations en été. Une exception est le peuplement dans la région de Tankwa Karoo, qui est également le seul peuplement sur des sols dérivés de grès.

Les peuplements tendent à prendre naissance dans des végétations de broussailles et peuvent devenir dominants.

Multiplication et plantation

Hoodia gordonii se multiplie par graines. Des méthodes de micropropagation ont été mises au point et brevetées. Lorsque les semis ont 6–8 mois d’âge et font 5 cm de haut, ils sont repiqués au champ.

Gestion

Parallèlement aux recherches chimiques, le CSIR a entamé des recherches agronomiques sur Hoodia en 1998, ce qui a montré que la production commerciale à grande échelle est possible. Les travaux ont débuté avec l’identification d’une grande population naturelle, bien documentée, de Hoodia gordonii sur une ferme dans le district Pella dans la province du Cap-du-Nord. C’est la source du matériel végétal utilisé pour la recherche et des graines pour les travaux futurs. Entre 1999 et 2004, une série d’essais a été conduite pour mettre au point et optimiser les techniques pour la collecte et le stockage des semences, la multiplication par semis, les besoins en eau et en nutriments, l’identification et la lutte contre maladies et ravageurs, ainsi que les méthodes de récolte. Les résultats de ces essais, non publiés jusqu’à présent, ont formé la base des essais commerciaux à grande échelle (70 ha). Depuis 2005, des fermes commerciales ont été établies. Au champ, les plantes sont cultivées en irrigation goutte à goutte, et avec une fertilisation optimale pour la production d’hétérosides. On évite l’application de pesticides pour assurer que la récolte soit sans contamination chimique autant que possible.

Récolte

Lors de la récolte de Hoodia gordonii, les plantes entières sont ramassées et transportées vers un point central où elles sont nettoyées et débarrassées de leurs racines. Les services de la protection de la nature en Afrique du Sud accordent des permis pour une récolte contrôlée. La récolte dans la nature a lieu toute l’année avec un pic pendant la saison de floraison.

Traitement après récolte

Après la collecte, les tiges sont coupées en petits morceaux et séchées. Le composé actif semble être stable dans le matériel séché. Dans le cadre de son programme Hoodia, le CSIR a mis au point une méthode pour la transformation commerciale des plantes cultivées. Après la récolte, les tiges sont lavées, débitées et séchées sous conditions contrôlées, puis finement moulues. Le matériel moulu est soumis à l’extraction au méthanol aqueux à 50–80°C. Les lipides et les cires sont enlevés par refroidissement et filtration, puis par lavage avec du n-heptane. Afin de poursuivre la concentration et la purification de l’extrait, il est soumis à l’extraction au n-butanone et au n-heptane, puis nettoyé avec une solution d’EDTA et du charbon actif. Après l’élimination de toutes traces de solvants et une analyse chimique de pureté, l’extrait de Hoodia est prêt pour l’emballage et la vente.

Ressources génétiques

Bien que Hoodia gordonii soit répandu, étant présent sur une superficie estimée à 850 000 km², il a subi un déclin significatif causé par l’exploitation non contrôlée. Du fait de la valeur commerciale élevée de cette espèce, il est probable que même les zones isolées dans son aire de répartition ont été exploitées. Cependant, il n’existe pas de données pour quantifier le déclin. L’état de conservation est compliqué par la similarité d’un grand nombre d’espèces de Hoodia et genres apparentés, ce qui rend probable que toutes sont affectées par l’exploitation illégale. Ceci peut influencer le statut de conservation des espèces rares. Trois espèces de Hoodia sont incluses dans la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN : Hoodia juttae Dinter, Hoodia ruschii Dinter et Hoodia triebneri (Nel) Bruyns. En Afrique du Sud et en Namibie, la majorité des espèces de Hoodia sont protégées.

Sélection

On n’a jusqu’à présent pas publié de données sur l’amélioration ou la sélection visant des rendements en P57A53 plus élevés ou des caractéristiques agronomiques améliorées.

Perspectives

L’efficacité et l’innocuité de P57A53 et de l’extrait de Hoodia gordonii en tant qu’additifs alimentaires inhibiteurs de l’appétit chez les humains doivent être établies sans ambiguïté s’ils veulent dépasser leur statut actuel d’aliment chic. Des essais encore plus rigoureux sont requis pour qu’ils soient acceptés comme médicaments pour traiter l’obésité et le diabète sucré.

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Afriref references

Auteur(s)

  • L.P.A. Oyen, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Citation correcte de cet article

Oyen, L.P.A., 2013. Hoodia gordonii (Masson) Sweet ex Decne. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editeurs). Prota 11(2): Medicinal plants/Plantes médicinales 2. PROTA, Wageningen, Pays Bas. Consulté le 14 octobre 2025.


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