Strophanthus eminii (PROTA)

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


Importance générale
Répartition en Afrique
Répartition mondiale
Médicinal


Strophanthus eminii Asch. & Pax


Protologue: Bot. Jahrb. Syst. 15 : 366, t. 10, 11 (1892).
Famille: Apocynaceae

Noms vernaculaires

  • Spider tresses, poison arrow vine (En).
  • Msungululu, mtondo (Sw).

Origine et répartition géographique

Strophanthus eminii est présent dans le sud-est de la R.D. du Congo, en Tanzanie et au nord de la Zambie.

Usages

En R.D. du Congo et en Tanzanie, les racines sont utilisées comme émétique. Les graines servent à faire un poison de flèche. En Tanzanie, l’infusion de racines s’applique sur les affections cutanées ainsi que les blessures ; souvent en association avec d’autre plantes, l’infusion en usage interne se prend comme émétique et vermifuge, et en inhalations, elle sert de fébrifuge. On baigne les enfants dans une décoction de racines pour faire tomber la fièvre. Les jeunes rameaux se mâchent pour contrer les effets des morsures de serpent. Les feuilles tendres servent parfois à torcher les bébés.

Propriétés

Comme chez de nombreuses espèces de Strophanthus, un mélange complexe d’hétérosides cardiaques (cardénolides) est présent chez Strophanthus eminii, la concentration la plus élevée se trouvant dans les graines. Les principaux hétérosides isolés des graines sont l’émicymarine et la périplocymarine (dont l’aglycone est la périplogénine), la cymarine (dont l’aglycone est la strophanthidine), et le cymarol, qui a pour aglycone le strophanthidol. Comme composé secondaire, on a isolé du lédiénoside, dont l’aglycone est la périplogénine et que l’on avait déjà trouvé chez Strophanthus ledienii Stein. Utilisés comme poison de flèche, ces hétérosides entraînent chez les proies ou chez les victimes un arrêt cardiaque en systole.

Falsifications et succédanés

Si les graines de Strophanthus eminii sont offertes dans le fruit, elles ne risquent pas d’être falisifiées car les fruits sont uniques dans le genre avec leur paroi à protubérances longues et denses si caractéristiques. Seule, la graine peut être confondue avec celles de nombreuses autres espèces de Strophanthus.

Description

Arbuste ou petit arbre atteignant 7 m de haut ou liane atteignant 10 m de long, à exsudat clair, blanc ou jaune ; tige atteignant 6 cm de diamètre ; écorce grise ou brune ; branches parfois charnues, légèrement lenticellées, grises ou brunes. Feuilles opposées décussées, simples et entières ; stipules absentes ; pétiole de 1–10 mm de long ; limbe ovale à elliptique, de 6–24 cm × 4–18 cm, base cunéiforme ou arrondie, apex aigu à acuminé, papyracé ou coriace, densément poilu sur les deux faces. Inflorescence : cyme dichasiale, axillaire sur des rameaux sans feuilles longs ou courts, serrée, à 1–12 fleurs ; pédoncule de 0–4 mm de long ; bractées ovales à elliptiques, de 4–15 mm de long. Fleurs bisexuées, régulières, 5-mères, odorantes ; pédicelle de 1–8 mm de long ; sépales libres, ovales ou étroitement ovales, de 11–25 mm de long, aigus ; tube de la corolle de 17–26 mm de long, s’élargissant à 50–75% de sa longueur en une partie supérieure en forme de coupe, pubescent à l’extérieur, glabre ou à poils courts à l’intérieur, rose à l’extérieur avec du blanc virant au rouge, intérieur blanc virant au jaune à taches et stries rouges, lobes de la couronne subulés de 2,5–6,5 mm de long, aigus ou obtus, charnus, papilleux, rouges ou violets, lobes de la corolle ovales, se rétrécissant progressivement en une queue étroite étalée, lobes faisant 94–180 mm de long (queue comprise), poilus à l’extérieur, glabres à l’intérieur, blancs virant au jaune, queue orange virant au rouge ; étamines insérées à 9,5–14 mm de la base du tube de la corolle, juste exsertes ou juste incluses ; ovaire semi-infère, 2-loculaire, style de 11–18 mm de long, terminé par une tête de pistil en anneau entourant un stigmate minuscule. Fruit constitué de 2 follicules étroitement ellipsoïdes de 20–38 cm × 1,5–3 cm, s’amenuisant en un apex obtus ou un bouton, à 2 valves, divergeant de 180°, à paroi épaisse densément couverte de protubérances poilues de 4–18 mm de long, contenant de nombreuses graines. Graines fuselées, de 11–24 mm × 2,5–5 mm de long, densément pubescentes, pourvues à l’apex d’un long bec atteignant 11 cm de long, glabre dans la moitié inférieure, garni dans la moitié supérieure de longs poils atteignant 11 cm de long.

Autres données botaniques

Le genre Strophanthus comprend 38 espèces, dont 30 en Afrique continentale, 1 à Madagascar et 7 en Asie, de l’Inde à l’Asie du Sud-Est.

Plusieurs espèces de Strophanthus apparentées à Strophanthus eminii ont les mêmes usages.

Strophanthus holosericeus

Strophanthus holosericeus K.Schum. & Gilg est une liane caducifoliée du sud-est de la R.D. du Congo et du nord de la Zambie ; ses graines servent à faire du poison de flèche et du poison d’épreuve.

Strophanthus mirabilis

Strophanthus mirabilis Gilg est un petit arbuste présent en Somalie et au Kenya ; ses graines sont utilisées comme poison d’épreuve et ses racines sont réputées comestibles cuites.

Strophanthus nicholsonii

Strophanthus nicholsonii Holmes est un arbuste qu’on rencontre au Malawi, en Zambie, au Zimbabwe et au Mozambique ; ses graines servent de poison de chasse et de poison d’épreuve.

Croissance et développement

Strophanthus eminii fleurit à la fin de la saison sèche et au début de la saison des pluies, les fleurs apparaissant avant ou en même temps que les feuilles. On trouve des fruits mûrs à la saison sèche.

Ecologie

Strophanthus eminii est présent dans les forêts claires décidues ou les savanes arborées à Acacia - Commiphora, principalement dans les endroits rocailleux, à 600–1650 m d’altitude.

Ressources génétiques

Réparti sur une zone relativement vaste et dans des milieux communs, Strophanthus eminii n’est pas menacé d’érosion génétique.

Perspectives

Si le genre Strophanthus recommence à susciter l’intérêt pour ses propriétés pharmacologiques, il pourrait valoir la peine de faire des recherches sur le potentiel de Strophanthus eminii, qui sur le plan chimique ressemble à des espèces plus connues comme Strophanthus hispidus DC. et Strophanthus kombe Oliv. Pour la beauté de ses fleurs, Strophanthus eminii ferait une ornementale intéressante.

Références principales

  • Beentje, H.J., 1982. A monograph on Strophanthus DC. (Apocynaceae). Mededelingen Landbouwhogeschool Wageningen 82–4. Wageningen, Netherlands. 191 pp.
  • Neuwinger, H.D., 1996. African ethnobotany: poisons and drugs. Chapman & Hall, London, United Kingdom. 941 pp.
  • Neuwinger, H.D., 2000. African traditional medicine: a dictionary of plant use and applications. Medpharm Scientific, Stuttgart, Germany. 589 pp.

Autres références

  • Beentje, H.J., 1994. Kenya trees, shrubs and lianas. National Museums of Kenya, Nairobi, Kenya. 722 pp.
  • Githens, T.S., 1948. Drug plants of Africa. African Handbooks: 8. University of Pennsylvania Press, Lancaster Press, Lancaster, United States. 125 pp.
  • Kokwaro, J.O., 1993. Medicinal plants of East Africa. 2nd Edition. Kenya Literature Bureau, Nairobi, Kenya. 401 pp.
  • Lardon, A., 1950. Die Glycoside der Samen von Strophanthus eminii Asch. & Pax. Glykoside und Aglykone, 56. Mitteilung. Helvetica Chimica Acta 33(3): 639–650.
  • Von Euw, J. & Reichstein, T., 1948. Die Glykoside der Samen von Strophanthus nicholsonii Holm. Glykoside und Aglykone. 34. Mitteilung. Helvetica Chimica Acta 31(3): 883–892.
  • Watt, J.M. & Breyer-Brandwijk, M.G., 1962. The medicinal and poisonous plants of southern and eastern Africa. 2nd Edition. E. and S. Livingstone, London, United Kingdom. 1457 pp.
  • Zelnik, R. & Reichstein, T., 1957. Die Glykoside der Samen von Strophanthus eminii Asch. & Pax, 3. Mitteilung. Glykoside und Aglykone, 184. Mitteilung. Helvetica Chimica Acta 40(7): 2110–2129.

Sources de l'illustration

  • Beentje, H.J., 1982. A monograph on Strophanthus DC. (Apocynaceae). Mededelingen Landbouwhogeschool Wageningen 82–4. Wageningen, Netherlands. 191 pp.

Auteur(s)

  • H.J. Beentje, Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, Surrey TW9 3AB, United Kingdom

Citation correcte de cet article

Beentje, H.J., 2006. Strophanthus eminii Asch. & Pax. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 16 octobre 2025.


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