« Thevet, Singularitez de la France antarctique » : différence entre les versions
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La plus grande part de ces Sauvages, jusque bien avant dans le pays, se nourrit […] d'un autre fruit, qui vient par les champs, qu'ils nomment Hoyriri, lequel à voir pour sa façon & grandeur, l'on estimeroit être produit en quelque arbre : toutesfois il croist en certaine herbe, qui porte fueille semblable à celle de palme tant en longueur que largeur. Ce fruit est long d'une paulme, en façon d'une noix de pin, sinon qu'il est plus long. Il croist au milieu des fueilles, au bout d'une verge toute ronde : & dedans se trouve comme petites noisettes, dont le noyau est blanc & bon à manger, sinon que la quantité (comme est de toutes choses) offense le cerveau : laquelle force l'on dit estre semblable en la coriandre, si elle n'est préparé ; pareillement si l'autre estoit ainsi préparé, peut-estre qu'il depouilleroit ce vice. Neantmoins les Ameriques en mangent, les petits enfans principalement. Les champs en sont tout pleins à deux lieuës du cap de Frie, aupres de grands marescages, que nous passames après avoir mis pié à terre à nostre retour. | |||
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Version du 14 janvier 2014 à 15:39
Textes et illustrations concernant les plantes de l'ouvrage :
- Thevet, André, 1557. Les Singularitez de la France antarctique, autrement nommée Amérique, et de plusieurs terres et isles découvertes de nostre tems]]. Texte sur Gallica, illustrations sur Gallica, Université de Virginie, Gordon collection.
La pagination est faite par feuillets. C'est pourquoi nous distinguons le recto (r) et le verso (v).
Voir l'introduction sur André Thevet.
Arbre étrange
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Vin de palme
Hetich
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Pacouere
[61r]
Cet arbre donc que les sauvages nomment Paquouere, est par aventure le plus admirable qui se trouva oncq'. Premièrement il n'est pas plus haut de terre jusques aux branches, qu'une brasse ou environ, & de grosseur autant qu'un homme peut empoigner de ses deux mains : cela s'entend, quand il est venu à juste croissance : & en est la tige si tendre, qu'on la coupperoit aisément d'un cousteau. Quant aux fueilles, elles sont de deux pieds de largeur, & de longueur une brasse, un pié et quatre doigts ; ce que je puis asseurer de vérité. J'en ay vu quasi de cette mesme espece en Egypte et en Damas retournant de Jérusalem : toutesfois la fueille n'approche à la moitié pres en grandeur de celles de l'Amerique. Il y a davantage grande difference au fruit : car celuy de cest arbre dont nous parlons, est de la longueur d'un bon pié, c'est à sçavoir le plus long, & est gros comme un concombre, y retirant asses bien quant à la façon. Ce fruit qu'ils nomment en leur langue Pacona, est tres-bon venu à maturité & de bonne concoction. Les Sauvages le cuillent avant qu'il soit justement meur, lequel ils portent puis apres en leurs logettes, comme l'on fait
les fruits par-deça. Il croist en l'arbre par monceaux, trente ou quarante ensemble, & tout aupres l'un de l'autre, en petites branches qui sont pres du tronc : comme pouvez voir par la figure que j'ay fait représenter cy-dessus. Et qui est encore plus admirable, cest arbre ne porte jamais fruit qu'une fois. La plus grande part de ces Sauvages, jusques bien avant dans le païs, se nourrist de ce fruit une bonne partie du temps. |
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Ariry
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La plus grande part de ces Sauvages, jusque bien avant dans le pays, se nourrit […] d'un autre fruit, qui vient par les champs, qu'ils nomment Hoyriri, lequel à voir pour sa façon & grandeur, l'on estimeroit être produit en quelque arbre : toutesfois il croist en certaine herbe, qui porte fueille semblable à celle de palme tant en longueur que largeur. Ce fruit est long d'une paulme, en façon d'une noix de pin, sinon qu'il est plus long. Il croist au milieu des fueilles, au bout d'une verge toute ronde : & dedans se trouve comme petites noisettes, dont le noyau est blanc & bon à manger, sinon que la quantité (comme est de toutes choses) offense le cerveau : laquelle force l'on dit estre semblable en la coriandre, si elle n'est préparé ; pareillement si l'autre estoit ainsi préparé, peut-estre qu'il depouilleroit ce vice. Neantmoins les Ameriques en mangent, les petits enfans principalement. Les champs en sont tout pleins à deux lieuës du cap de Frie, aupres de grands marescages, que nous passames après avoir mis pié à terre à nostre retour. |