Aconit napel (Pharmacopée malagasy)

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NOTICE 6 ACONIT NAPEL
Aconit nappe/lus L. (Renonculacées).
PLANTE INCONNUE A MADAGASCAR (PAS DE NOM MALAGASY).
Essais de culture : Des essais de culture ont été faits à Tananarive (Jardin Botanique) sans bons résultats ; par contre, sur les terres volcaniques d' Antsirabe et surtout sur l' Ankaratra (Manjakatompo et Faratsiho ), les résultats ont été encourageants.
Il faut semer en terrines ou en pépinières très bien préparées, car les graines sont très fines. La date de semis la plus favorable paraît être fin mars, début avril. Lorsqu'on a obtenu les premiers pieds-mères, il est préférable de multiplièr ensuite par division des touffes ; on procèdera à cette opération de préférence en septembre-octobre ; on repique toujours sous ombrage.
Origine : L'Aconit est originaire d'Europe, d'Asie septentrionale et centrale et du nord de l'Inde (Himalaya).
Description : Grande plante herbacée de 3 o centimètres à 2 mètres de hauteur, très feuillée. Feuilles alternes, à nervures en éventail, profondément divisées en lobes eux-mêmes incisés. Fleurs en grappes terminales, allongées, denses ; bleues ou violacées (quelquefois blanches dans les variétés cultivées) ; comprenant : cinq sépales colorés, le supérieur velu à l'extérieur, en forme de casque ; cinq pétales également colorés, dont les deux supérieurs allongés, presque linéaires, inclus dans le casque, présentent à la base un appendice en forme d'éperon, tandis que les trois inférieurs sont plus réduits et parfois presque nuls ; de nombreuses étamines libres, à anthères extrorses, à filet poilu ; 3 à 5 carpelles libres, dont chacun renferme de nombreux ovules. Le fruit est constitué de follicules, le plus souvent trois, libres, écartés à l'état jeune, mais s'appliquant ensuite les uns contre les autres à leur maturité. Graines nombreuses, petites, ornées de rides ou de lamelles. La racine renflée en forme de petit navet (d'où le nom de napel/us) constitue la partie officinale (voir figure 6). Partie utilisée : racine ; on a aussi utilisé autrefois les feuilles fraiches, mais celles-ci ne contiennent presque pas d'alcaloïdes.
COMPOSITION CHIMIQUE : La racine d'Aconit renferme de l'inositol (R. Fick, Srciité chi nt. St Petersburg, 1887), du mannitol (R. Jaretzky etC. Schaub, Arch. der Pharm. 271 (1933), 171-174); du saccharose et du maltose (O.A. Beath, Journ.
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Figure 6 : Aconit, Aconitttm napel/ta L. : n° 1 : détail de la fleur ; n° 2 : coupe d'un carpelle, montrant l'insertion des ovules et ensemble des trois carpelles libres fixés:sur le réceptacle ; n° 3 : racine renflée (partie utilisée) ; n° 4 : feuille supérieure et inflores· cence; n° 5 : coupe de l'ovaire jeune, montrant l'assemblage des trois carpelles et le mode d'insertion des ovules.
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American Chem. Soc. 48(1926), 215 5-2 r 58) ; une résine encore incomplètement étudiée (Beath, loc. cit.) ; des lipides ; des acides aconitique, malique et citrique (Tschirsch : Handbuch des Pharmakognosie, Bd III, abt. r, Leipzig, 1923); environ 3 à 6 p. roo de cendres minérales (Lascombes, Ann. Pharm. Fr., If (1958), 191 et 429-436); mais surtout des alcaloïdes qui constituent le principe actif essentiel de la drogue.
Ces alcaloïdes représentent o,r8 à 2,97 p. roo du poids de la racine sèche. Ce sont, par ordre d'importance : l'aconitine, la benzqylaconitine, l' aconine, la neopelline, la napelline, la néo li ne, la l-spartéine et la l-éphédrine. Sur les caractères et la structure chimique de ces alcaloïdes, on pourra consulter les travaux suivants : H. Schulze, Arch. der. Pharm., 244(1906), r 36-r 59; H. Schulze et G. Berger, Arch. der Pharm., 262(1924), 55 3-5 63 ; W. Freudenberg et E.F. Rogers,]. Amer. Chem. Soc., 58 (1936), 5 33-5 34; et !9 (1937), 2572-2575; W. Freudenberg, Ber. deutsch. Chem. Ces., 69 (1936), 1962-1965; R. Majimaet S. Morio, Liebig's Ann.Chem., 476(1929), 194-2o3etzo3-214; Nath. (B.)]. Sc. !nd. Res. (India), z68(r957), 159-162.
ACTIVITÉ PHARMACOLOGIQUE : L'aconitine présente une activité élective vis-à-vis du système nerveux périphérique et des terminaisons sensitives. Elle est . sans action sur la peau intacte ; mais en friction énergique, elle pénèt're la peau et détermine bientôt son anesthésie. Quelques cristaux d'aconitine placés sur la langue provoquent d'abord une sensation d'irritation, puis un engourdissement et une anesthésie ; si la dose est plus forte, de la toux réflexe, des éternuements, une sécrétion abondante de mucus suivie de vomissements. Une dose de o,z 5 milligramme suffit à provoquer chez l'homme des troubles sensibles : disparition de la sensibilité gustative, impression générale de froid, marche difficile, vertiges et, chez les sujets les plus sensibles, des syncopes.
La racine d'Aconit a des propriétés analgésiques et s'emploie dans le traitement des névralgies, des tics douloureux et de certaines affections cardiaques.
Posologie : Inscrit aux Toxiques, Tableau A. Doses maximum de poudre de racine : Pour une dose : o,o 5 gramme (cinq centigrammes) ; - Pour 24 heures : o,q gramme (quinze centigrammes).
SUBSTITUANT$ MALAGASY : Une substance amère présentant des propriétés physiologiques analogues à celles de l'aconitine, la timboïne, a été extraite des racines d'une liane connue en malagasy sous le nom de Vahimarinanga et dont le
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nom scientifique est Paullinia pinnata L. (Sapindacées) (voir dans les notices ultérieures : Vahimarinanga).
On emploie souvent comme les préparations d'Aconit, pour calmer des douleurs névralgiques ou des odontalgies (maux de dents), la Dentelaire de Ceylan ou Plumbago zrylanica L., plante assez largement répandue à Madagascar. La racine de cette plante renferme en effet une naphtoquinone à énergiques propriétés antispasmodiques, la plumbagone (voir Dentelaire).