Moly

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Sources

Homère (10, 302-306)

ὣς ἄρα φωνήσας πόρε φάρμακον Ἀργεϊφόντης
ἐκ γαίης ἐρύσας καί μοι φύσιν αὐτοῦ ἔδειξε.
ῥίζῃ μὲν μέλαν ἔσκε, γάλακτι δὲ εἴκελον ἄνθος·
μῶλυ δέ μιν καλέουσι θεοί, χαλεπὸν δέ τ' ὀρύσσειν
ἀνδράσι γε θνητοῖσι· θεοὶ δέ τε πάντα δύνανται.

Sur ces paroles, le Tueur d'Argos me remit une herbe qu'il avait tirée du sol, et m'en fit voir la nature : de la racine elle était noire, mais sa fleur ressemblait à du lait ; les dieux l'appellent moly ; elle est difficile à arracher, du moins pour les mortels ; les dieux, eux, peuvent tout.

Théophraste (HP, 9, 15, 7)

Ψωφίδα καὶ πλείστη καὶ ἀρίστη. τὸ δὲ μῶλυ περὶ Φενεὸν καὶ ἐν τῇ Κυλλήνῃ. φασὶ δ' εἶναι καὶ ὅμοιον ᾧ ὁ Ὅμηρος εἴρηκε, τὴν μὲν ῥίζαν ἔχον στρογγύλην προσεμφερῆ κρομύῳ τὸ δὲ φύλλον ὅμοιον σκίλλῃ· χρῆσθαι δὲ αὐτῷ πρός τε τὰ ἀλεξιφάρμακα καὶ τὰς μαγείας· οὐ μὴν ὀρύττειν γ' εἶναι χαλεπόν, ὡς Ὅμηρός φησι.

Le moly croît aux environs de Phénéos et dans le Cyllène. C'est, dit-on, une plante semblable à celle dont Homère a parlé, pourvue d'une racine ronde qui fait penser à un oignon et de feuilles semblables à celles de la scille ; on l'utilise pour les antidotes et les pratiques magiques ; toutefois elle n'est pas difficile à arracher, comme le dit Homère.

Pline (XXI, 180)

Quin et alterum genus, quod halicacabon uocant, soporiferum est atque etiam opto uelocius ad mortem, ab aliis morion, ab aliis moly appellatum.

Il existe encore une autre espèce d'halicacabon ; elle est narcotique et conduit à la mort plus rapidement même que l'opium ; les uns l'appellent morion, les autres moly (trad. J. André, C.U.F., 1969).

Pline (XXV, 26-27)

(26) Clarissima herbarum est Homero teste quam vocari a dis putat moly, et inventionem eius Mercurio adsignat contraque summa veneficia demonstrationem. nasci eam hodie circa Pheneum et in Cyllene Arcadiae tradunt specie illa Homerica, radice rotunda nigraque, magnitudine cepae, folio scillae, effodi autem non difficulter. (27) Graeci auctores florem eius luteum pinxere, cum Homerus candidum scripserit. inveni e peritis herbarum medicis qui et in Italia nasci eam diceret adferrique e Campania autumni aliquot diebus, effossam inter difficultates saxeas, radicis XXX pedes longae ac ne sic quidem solidae, sed abruptae.

Traduction de Littré

VIII. (IV.) [1] La plante la plus célèbre est, d'après Homère, celle qu'il croit être appelée moly (allium magicum, L.) par les dieux : ce poète en attribue la découverte à Mercure, et il en signale l'efficacité contre les plus puissants maléfices (Od. X, 302). Aujourd'hui, dit-on, elle croît aux environs du lac Phénée, et dans la contrée de Cyllène en Arcadie. Elle est semblable à la description d'Homère ; elle a la racine ronde et noire, la grosseur d'un oignon et la feuille de la scille ; on a de la peine à l'arracher. Les auteurs grecs nous en peignent la fleur tirant sur le jaune, tandis qu'Homère a dit qu'elle était blanche. J'ai rencontré un médecin habile dans la connaissance des herbes, qui m'a assuré que cette plante croissait en Italie, et qui m'en a fait apporter quelques jours après de la Campanie un échantillon qu'on avait tiré à grande peine des difficultés d'un terrain pierreux. La racine avait trente pieds de long, et encore elle n'était pas entière ; elle s'était cassée.

Références

  • Amigues, Suzanne, 1995. Des plantes nommées moly. Journal des savants. 1 : 3-29. doi : 10.3406/jds.1995.1582
  • André, Jacques, 1958. Pythagorisme et botanique. Revue de Philologie, de Littérature et d'Histoire Anciennes, 32 : 218-243 (moly : pp. 233-241) aperçu
  • Dorie, M., 1967. Les plantes magiques de l'Odyssée. Lotos et moly. Revue d'histoire de la pharmacie, 55ᵉ année, 195 : 573-584. doi : 10.3406/pharm.1967.7693 (étude qualifiée de superficielle par Amigues)
  • Lamberterie, Ch. de, 1988. Grec homérique μῶλυ : étymologie et poétique. LALIES, 6 : 129-138.
  • Lamberterie, Ch. de, 1990. Les adjectifs grecs en -υς, Louvain-la-Neuve, t. I, 375-390
  • Stannard, Jerry, 1962. The Plant Called Moly. Osiris, 14 : 254-307.