P (Recueil de Dambourney)

De Pl@ntUse
Version datée du 23 mars 2021 à 16:40 par WikiSysop (discussion | contributions) (Page créée avec « {{Tournepage Dambourney |titre=''Recueil de procédés et d'expériences sur les teintures solides'' |titrepageprécédente=O (Recueil de D... »)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à la navigation Aller à la recherche
O
Recueil de procédés et d'expériences sur les teintures solides
R

P

PAILLE DE FROMENT. Une once de cette paille nouvelle, c'est-à-dire, de la dernière moisson, hachée & cuite dans une demi-pinte d'eau pendant une heure, a procuré un bain fauve. Un gros de laine AT y a pris, au long bouillon, une jolie nuance de vigogne-dorée. Réabattue dans un bain de dix-huit grains de garance, autant de sumac, & une goutte de dissolution de fer elle y a acquis le vrai ton de carmélite.

PALMA CHRISTI, (Ricinus Communis.) Ses feuilles & ses épis, encore verts, donnent un bain jaune, dans lequel le laine LF ne prend d'abord qu'un citron-terne, & au long bouillon, un jaune-d'ombre bien solide. (279)

PANAIS, (Pastinaca Sativa.) Trois onces de ses tiges fleuries, hachées & cuites pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, procurent un très riche bain olive. Un gros de laine d'apprêt LF y acquiert d'abord une couleur opaque de citron, puis, en trois heures de bouillon, une belle vigogne-dorée. Ce bain, vers sa fin, exhale autant l'odeur de la tubéreuse, que celui des feuilles du figuier.

PARIÉTAIRE, (Parietaria Officinalis.) Une médiocre poignée de ses feuilles & tiges fraîches, cuite dans trois-quarts de pinte d'eau, produit un riche bain jaune-olive. Cependant la laine LF n'y prend au long bouillon, qu'une bonne bruniture gris-foncé-olivâtre.

PASSE-RAGE, (Lepidium Latifolium.) Ses tiges & feuilles donnent un bain jaunâtre qui sent beaucoup l'infusion ou décoction de cresson de fontaine ; mais les laines de tous apprêts s'y sont uniquement salies en jaunâtre.

PATIENCE aquatique, (Rumex Aquaticus.) Deux onces (280) de ses racines fraîches, bien lavées, broyées dans le mortier de marbre & cuites pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, m'ont produit un bain jaune. Un gros de laine d'apprêt LF y a pris, en trois-quarts d'heure de teinture sans bouillir, un beau jaune un peu rosant, & au long bouillon, une nuance olivâtre, gaie & solide. Si l'on y jette quelques gouttes de dissolution de fer, cet olive devient plus intense.

PATIENCE des champs & jardins, (Rumex Patientia.) Vers la fin de Mai, je trouvai dans les chemins beaucoup de ces racines qu'on avait arrachées en sarclant les grains. Le soleil, en les desséchant, avait coloré leur superficie d'une nuance rougeâtre dont j'espérai quelque avantage ; cependant la laine LF n'a pris dans ce bain très-fort, qu'un musc-foncé solide.

PATIENCE à nervures pourpres, (Rumex Sanguineus.) Trois onces de la plante entière, hachées ou broyées, & (281) cuites dans trois quarts de pinte d'eau, m'ont donné un bain jaune fauve dans lequel un gros de laine LF a contracté, au long bouillon, un assez beau musc qui résiste pendant dix heures à la double épreuve du savon & du vinaigre.

PAVOT NOIR, (Papaver Nigrum.) Une poignée dé feuilles & tiges des jeunes plantes, non encore en boutons, produit un bain dans lequel un gros de laine LF ne prend, au long bouillon, qu'une teinte de noisette-olivâtre. Les feuilles vertes du pavot prêt à fleurir, macérées pendant une année avec de la chaux-vive & de l'urine, puis délayées dans de l'eau pour en former un bain, ont teint un gros de laine d'apprêt LF en une véritable couleur d'olive ; mais l'excès d'alkali a beaucoup énervé cette laine. Il convient essayer de s'en servir plutôt ou en moindre quantité.

PEIGNE DE VÉNUS, (Scandix Pecten Veneris.) Une poignée médiocre de ces plantes, en graines vertes, (282) hachée & cuite pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, m'a procuré un bain fauve qui sentait l'odeur d'une compote de pommes. Un gros de laine d'apprêt LF y a pris, en une demi-heure sans bouillir, un citron-clair qui s'intensifie sans ternir en deux heures de bouillon. La laine E, abattue dans le déchet, y acquiert un citron-clair plus brillant, mais qui perd de son éclat au bouillon. Dans un nouveau bain de cette plante, j'ai abattu en première mise un gros de laine d'apprêt E, qui n'a pris qu'un jaune-terne. La laine LF semble y mieux convenir en première mise

PENSÉE, (Viola Tricolor.) Les pétales violets de cette jolie fleur écrasés sur le linge l'impriment, comme l'on sait, d'un beau bleu-violet qui ne résiste à aucune épreuve. Une once de ces mêmes pétales, cuits dans un tiers de pinte d'eau, m'a procuré un joli bain bleu-tendre ; mais la laine, de quelque apprêt qu'elle fût imprégnée, n'y a rien acquis, même au bouillon, qui a vire ce bain en un vert-salé. (283) Une poignée des feuilles & tiges fleuries, cuite pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, a produit un bain très-visqueux, & qui, d'abord un peu bleuâtre, est devenu d'un vert foncé. Un gros de laine LF y a pris un jaune-verdâtre, espèce d'olive-tendre & native. Cette laine enlevée, j'y ai abattu en seconde mise de celle d'apprêt F, qui y a contracté un petit-jaune transparent. Une troisième mise de la même laine F n'a pu acquérir au long bouillon qu'un jaune-terne-olivâtre. J'ai mis fermement dans l'eau certaine quantité de ces plantes, & quinze jours après, j'en ai fait divers bains dans lesquels La laine E, en trois-quarts d'heure de bouillon, a acquis un jaune-verdâtre très-joli. La laine LF, idem, un jaune-foncé. La laine LF, en seconde mise & au long bouillon, une nuance d’olive-claire & transparente. Cette plante, facile à multiplier par ses graines, peut (284) un jour être très-utile. Une variété nommée par Vaillant, Viola Rothomagensis, à cause que tous les environs de Rouen en sont jonchés, m'a donné, en l'employant fraîche, un bain jaune aussi mucilagineux que celui de la Viola Tricolor. La laine LF y a pris, en une heure de bouillon, un beau jaune La laine E, idem, un jaune-mat. Dans un bain des mêmes plantes fermentées, un gros de laine LF a. contracté un jaune-verdâtre très-agréable; mais, en bouillant, ce bain a répandu une puanteur qu'on ne pourrait pas supporter dans un travail en grand. Il faut donc, jusqu'à ce qu'on y ait trouvé un remède, se borner à employer cette variété fraîchement cueillie.

PERIPLOCA GRAECA. Trois onces de ses sarments (en Janvier), hachées & cuites dans trois-quarts de pinte d'eau, procurent un bain jaune-olive qui communique d'abord à un gros de laine LF un jaune-ravenelle- (285) opaque ; puis au long bouillon, un musc-clair-doré, espèce de vigogne.

PERSICAIRE, (Polygonum Persicaria.) La plante en-tière, hachée & cuite, donne un bain trouble, jaune-grisaille, dans lequel, entre chaud & bouillon, la laine LF acquiert une jolie nuance olivâtre, que le bouillon ternit & fait grisailler.

PERSICAIRE, grande, (Polygonum Orientale.) Deux onces de ses belles fleurs incarnates, cuites pendant trois-quarts d'heure dans une demi-pinte d'eau, n'ont produit qu'un bain jaune. Un gros de laine d'apprêt LF, en demi-heure sans bouillir, y a contracté un jaune-doré qui bringe un peu, résiste au savon & fléchit au vinaigre; mais le long bouillon le change en jaune-ravenelle solide aux deux épreuves.

PERSIL de montagne, (Athamanta Libanotis.) La plante fraîche; hachée & cuite, donne un bain jaunâtre très aromatique. La laine LF n'y prend qu'au long bouillon un joli musc-olivâtre.

PERVENCHE, grande, (Vinca Major.) Ses sarments en feuilles (en Janvier) au poids de trois onces, hachés, cuits pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, m'ont donné d'abord sur laine LF un citron-terne, que le long bouillon a monté au ton de vigogne-dorée solide.(286)

PECHER, (Amygdalus Persica.) Deux onces des jeunes branches que le jardinier retranchait à la taille, hachées & cuites pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, m'ont procuré sur un gros de laine LF, au long bouillon, une nuance de canelle-claire. Le bain exhalait une vive odeur d'amandes amères. Le-bois de vingt noyaux de pêches, concassé & cuit pendant deux heures dans une pinte d'eau, produit un bain rosé qui sent bien l'odeur de la vanille. Un gros de laine d'apprêt LF y acquiert, en trois heures de bouillon, un Nankin riche, ou musc un peu rosé, bien solide.

PEUPLIER D'ITALIE, (Populus Pyramidalis. ) La découverte des propriétés tinctoriales de cet ingrédient est celle qui m'a le mieux récompensé de mes soins. Il réunit en effet l'éclat, la solidité du plus beau jaune-doré à la facilité de son extraction, à son aptitude pour entrer dans toutes les couleurs composées, ainsi qu'à l'économie. On sait que sur dix boutures plantées en terrains frais, il en reprend au moins neuf, qui en vingt années forment des arbres qui valent alors plus que le fond sur lequel ils sont excrûs. L'avantage est double si le propriétaire a pu les attendre trente années, puisqu'alors ils peuvent former toutes les pièces de charpente des bâtiments champêtres Dans l'intervalle notre Art aura payé annuellement les jeunes branches qu'il réclame, & dont on peut couper au moins la quatrième partie sans nuire à l'accroissement de la tige. Lors même qu'on vend la futaie, si on l'abat à coupe blanche, on se forme un taillis dont on pourra vendre la dépouille chaque année, & se faire ainsi un revenu considérable dont l'acquisition n'aura rien coûté. La plupart des individus de la famille des Peupliers nous offrent à peu près les mêmes avantages, ainsi qu'on le verra dans le détail de mes Expériences. J'ai commencé, comme à l'égard de presque tous les arbres, par le moyen destructeur d'employer l'écorce fraîche du peuplier d'Italie. Une once & demie de cette substance, prise au mois de Février, hachée, cuite doucement pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, m'a procuré un beau bain citron. Un gros de laine d'apprêt LF, y abattue, a pris, en demi-heure entre chaud & bouillon, un très beau jaune-doré, presque aurore, de la plus grande solidité, tant au savon du feutrage, qu'à six heures d'immersion dans le vinaigre. Deux onces du bois écorce hachées & cuites, donnent au long bouillon, de bonnes nuances de noisette, de Nankin & de musc. Deux onces de brindilles en jeunes feuilles (en Avril), hachées & cuites pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, m'ont procuré sur un gros de laine LF, en demi-heure de teinture sans bouillir, un jaune encore plus jonquille & aussi solide. Un peu de garance sèche, ajoutée à ce bain, donne, au bouillon, une suite de marons rougeâtres fort agréables & solides. Un quarante-huitième du poids du peuplier, en garance fraîche écrasée, ajouté à un nouveau bain, procure un bel aurore-canelle. L'unique défaut de ce jaune est de ne point prendre un vert franc dans la cuve d'Inde, mais une nuance olive, à cause de quelques arômes de rouge qui font partie de son essence. Cherchant à réduire la quantité de cet ingrédient, je n'ai pris que six gros des brindilles fraîches qui, hachées & cuites dans une demi-pinte d'eau, m'ont procuré sur un gros de laine d'apprêt C, un jaune-ravenelle un peu mat. J'ai ajouté au déchet un peu de garance sèche, & la laine, y réabattue, a contracté un bon mordoré. Dans un bain pareil de six gros de brindilles fraîches hachées, j'ai abattu un gros de laine d'apprêt E qui y a pris subitement, entre chaud & bouillon, un très beau jaune-doré bien égal, & beaucoup plus brillant que sur la laine LF. J'aurais pu l'enlever après cinq minutes, mais je l'y ai laissée pendant quinze sans qu'elle ait terni. Cette belle couleur résiste à toute épreuve de savon & de vinaigre. Il faut dans ce procédé n'abattre la laine qu'au bain tout-à-fait tiède, & la travailler diligemment ; car elle prend couleur avec une promptitude singulière. Un gros de laine piétée en bleu à huit sols, puis réapprêtée LF, abattue dans un bain de six gros de brindilles fraîches, a contracté un joli & très solide vert-tendre un peu olivâtre. Un gros de laine d'apprêt E teinte en six gros de brindilles fraîches, réabattue dans un bain de quatre gros de baies sèches de bourdaine, devient d'une belle nuance dénonce d'Artois bien chatoyante. En portant le poids du peuplier jusqu'à huit gros, & celui des baies sèches jusqu'à six, on obtient sur un gros de laine d'apprêt E une belle couleur de ravenelle-maure, transparente & solide. Huit onces de laine d'apprêt LF ont été teintes dans un bain de quatre livres de brindilles fraîches, hachées, cuites dans huit pots d'eau, qui leur a communiqué un beau jaune-jonquille solide, mais légèrement inégal. Cet inconvénient a depuis été prévenu en abattant la laine dans le bain presque froid pour se ménager le loisir de la bien ouvrir & travailler. Huit onces de laine de cet apprêt ont été teintes de même, puis réabattues dans un bain de trois livres de baies sèches de bourdaine, où elles ont acquis un beau jaune-verdâtre chatoyant & bien transparent. Huit onces de la même laine ont été teintes dans un bain de trois livres de brindilles fraîches, hachées, cuites dans six pots d'eau. Je les ai réabattues dans un autre de trois livres de baies sèches de bourdaine, trois onces de garance, six gros de vieille orseille sèche, & trente-six grains de dissolution de fer, le tout cuit dans sept pots d'eau. Elles y ont acquis une bonne teinte de carmélite bien pétillante. Ces laines ont été envoyées à MM. Jacques & Jean-Baptiste Grandin, à Elbeuf, qui ont bien voulu les faire filer & en fabriquer des petits draps d'échantillon dont les couleurs se sont maintenues dans tous les apprêts. Une bourrée de ces brindilles ayant été oubliée sous un hangar pendant huit mois, j'en ai prix six gros que j'ai hachée & fait cuire doucement dans une demi-pinte d'eau, qui n'a pas été moins colorée ni moins énergique à teindre un gros de laine qu'un bain de neuf gros de brindilles fraîches travaillé en concurrence ; d'où j'ai induit, & depuis épouvé, qu'en faisant ainsi sécher ces brindilles, six poids en remplaceront neuf, & occuperont (293) un tiers de moins de la capacité de la chaudière. Que le broiement par le moulin à couteaux en sera beaucoup plus facile. Qu'en étendant ce bois moulu sur le plancher d'un grenier, & l'y remuant à la pelle pour en perfectionner l'exsiccation, il sera possible de l'embariller, conserver en lieu sec, ou le voiturer partout où la consommation l'appellera. Qu'on ne sera plus obligé de consommer dans le même jour tout ce qu'on aura fait moudre, sous peines de fermentation destructive de la couleur, ainsi qu'il arrive aux brindilles hachées fraîches. Qu'enfin on pourra choisir sa propre commodité, ainsi que celle du Moulinier. Cette expérience me sembla donc très capable d'accréditer l'emploi de cet ingrédient, admirable pour procurer des jaunes brillants & solides. Mais comme dans un travail suivi avec zèle, la découverte d'un jour prépare celle du lendemain, je n'ai pas tardé à tenter l'emploi des brindilles de peupliers (294) sèches ou fraîches sans les hacher, & le même succès à réalisé mon espoir. Il en résulte économie de temps, de dépense & de soins. Le bain en est soutiré sans embarras ; les bourrées cuites, retirées aisément de la chaudière au moyen des crochets, peuvent être séchées & servir encore à chauffer le four à pain ; on est indépendant du moulin & du Moulinier; des augmentations de prix que les circonstances peuvent causer au bois jaune & à la gaude : enfin il en coûte moins, & l'on obtient une teinture beaucoup plus belle & plus assurée. En effet, je trouve autant qu'il me plaît des bourrées de branches d'une & de deux années de peuplier d'Italie, en échange contre pareil nombre de bourrées de chêne, que je vends couramment quinze livres les cent quatre. Or, pour teindre les soixante livres de laine destinées à la fabrication d'un drap, il faut tout au plus quatre cent livres de brindilles sèches. Chaque bourrée en cet état pèse vingt-cinq livres ; il en suffira donc de seize (295) qui, à trois sols chacune, coûteront ensemble deux livres huit sols, ci 2l 85s L'apprêt E coûtera vingt-une livres douze sol 21 12. 24 Dont à déduire la valeur des bourrées séchées 1 Total des ingrédients, vingt-trois livres, ci 23l L'apprêt LF offrirait une économie de cent sols 5

Que l’on calcule maintenant ce qu’il en coûterait en gaude, en bois jaune, en alun pour cette même teinture, moins brillante & infiniment moins solide. D’ailleurs, on sait que dans la dernière guerre le bois jaune monta jusqu’à cinquante-cinq livres le quintal, & manqua même absolument dans quelques ateliers. Cette économie de cinq livres résultante de l'apprêt (296) LF par chaque drap, m'a fait chercher la possibilité d'en obtenir le jaune de peuplier presque aussi vif que par l'apprêt E. J'y suis parvenu en changeant seulement un peu la manipulation, & je crois ce changement généralement utile. Il consiste à projeter le tartre en poudre avant le bouillon, & dès que l'eau frémissante est seulement assez chaude pour le fondre avec effervescence. Ensuite on diminue le feu pour verser les solutions de bismuth & de sel marin, & l'on n'abat la laine qu'à un degré de chaleur moindre que celui qu'on appelle vulgairement entre chaud & bouillon ; puis on l'y travaille ainsi pendant une heure, au lieu de la demi-heure indiquée pour l'apprêt au bouillon. La laine de ce nouvel apprêt a dépouillé presque subitement un bain de dix fois son poids en brindilles sèches. Elle en est sortie plus douée, & je crois que dans l'opération en grand, elle serait moins sujette à bringer, parce qu'elle a été plus lentement & plus également (297) imprégnées des terres métalliques & minérales de l'apprêt. Soit qu'on l'emploie en premier bain, comme pié, soit en dernier, comme glacis, notre peuplier a le grand mérite d'exalter & rendre transparentes toutes les couleurs dans lesquelles on l'admet ; telles sont les carmélites-foncées & fauves, les manteaux Sainte-Thérèse, les avanturines & autres, dont le principal mérite est de chatoyer & d'avoir beaucoup de reflet quand on les regarde horizontalement. Dans trois-quarts de pinte d'eau, j'ai fait cuire une once de brindilles fraîches & neuf grains de Campêche effilé. Ce bain coulé, j'y ai abattu un gros de laine LF qui, en un quart-d'heure sans bouillir, a pris une nuance d'olive transparente qui résiste à vingt-cinq minutes d'immersion dans le vinaigre. En doublant le poids du bois de Campêche l'olive est plus foncée, mais également transparente & solide. Dans une demi-pinte d'eau, j'ai fait cuire trois gros (298) de peuplier d'Italie sec, & dix-huit grains de Fernambouc en poudre. Un gros de laine LF, abattu dans la colature de ce bain, y a pris un mordoré pétillant de jaune qui résiste aux deux épreuves. Cette laine réabattue dans un bain de trois gros de baies sèches de bourdaine y devient encore plus chatoyante & plus riche. Ces trois derniers Essais m'ont démontré que le peuplier d'Italie avait, comme l'écorce de bouleau, la propriété d'assurer les fécules du Fernambouc & du Campêche. Mais pour les pourpres, les cramoisis & rosés, l'écorce du bouleau seule est convenable, parce que moins énergique en colorant, elle ne les mordoré point. Dans une demi-pinte d'eau, j'avais fait fondre trente-six grains d'alun, & cuire six gros de peuplier ; mais, à mon grand étonnement, le bain ne s'était point coloré en citron. En observant attentivement, je trouvai le pourtour du petit chaudron taché de mouchetures jaunes & séparées, que le tact m'indiqua être de sustance (299) muco-résineuse. Leur dissolution dans le bain eut opéré la teinture ; mais l'alun, en les isolant & les réagrégeant ainsi, les avait privées d'effet ; d'où je crus pouvoir conclure qu'il convenait de le supprimer de tous les bains où l'on emploirait le peuplier d'Italie. Cela m'indiqua aussi pourquoi la laine d'apprêt AT n'acquérait que demi-teinte dans ces bains de peupliers. J'ai fait cuire dans une demi-pinte d'eau quatre gros de brindilles fraîches, qui ont donné à un gros de laine LF une belle nuance de jonquille. Cette laine réabattue dans un nouveau bain de demi-pinte de vin de bourdaine & de quatre gros de ses baies sèches, y a contracté une olive-dorée très pétillante & convenable pour habit paré des gens âgés. On trouvera dans l'article SARRASIN beaucoup d'au-tres effets avantageux de cet excellent ingrédient.

PEUPLIER NOIR des rivières, (Populus Nigra.) Son écorce, ou ses jeunes branches, traitées comme celles ci-dessus, (300) donnent sur la laine LF des jonquilles & jaunes un peu moins brillants ; mais au moyen de l'apprêt E, on en obtient absolument les mêmes produits que du peuplier d'Italie, quant à l'éclat & à la solidité. Comme les rives & les îles de la Seine, & de beaucoup d'autres rivières sont bordées de ces peupliers noirs, on ne doit pas craindre la disette ni le renchérissement des moyens de teindre en jaune, quand même tous les Peuples de l'Europe adopteraient l'usage des étoffes de laine teintes en cette couleur.

PEUPLIER NOIR DE Virginie, (Populus Nigra Virginiana.)

PEUPLIER LIART, (Populus Balsamifera.)

PEUPLIER YPRÉAU, (Populus Alba.)

PEUPLIER-TREMBLE des bois, (Populus Tremula.) Je prends, pour abréger, le parti d'accoler ces quatre arbres, parce que leurs écorces ou brindilles (301) procurent sur laine LF sans bouillir, des petits jaunes & des citrons solides, qui s'ennoblissent beaucoup par l'apprêt E. Leur gros bois donne, au long bouillon, sur les deux laines des noisettes, vigogne, Nankin, musc, demi-mordoré & autres nuances sérieuses, selon la quantité du bois & la durée de l'ébullition.

PIED-DE-VEAU, (Arum Maculatum.) La décoction de ses fruits rouges donne, au long bouillon, sur la laine d'apprêt LF une jolie nuance canelle-dorée.

PIED-DE-LIT, (Clinopodium vulgare.) Une poignée de ses feuilles & tiges fleuries, hachée & cuite dans trois-quarts de pinte d'eau pendant une heure, donne un bain jaune-franc très foncé. Un gros de laine LF y prend d'abord un jaune-doré qui subsiste même après deux heures de bouillon, & finit par une riche nuance de merd'oie tirant au musc. Ce bon ingrédient est assez commun dans les bois & les friches. Une autre espèce de pied-de-lit, désignée Thymus Acinos, donne, en commençant à chauffer, un bain fauve (302) que le bouillon éclaircit ; mais les deux laines n'y ont acquis qu'une mesquine couleur de ventre-de-crapaud

PIED-DE-LOUP, (Lycopus Palustris Glaber.) Ses feuilles & tiges fleuries m'ont donné un bain très fauve olivâtre. Les deux laines y ont acquis d'abord un petit jaune, puis au long bouillon, une nuance merd'oie-olivâtre médiocre.

PIED-D'ALOUETTE de jardin, (Delphinium Ajacis Multiplex.) Ses feuilles & tiges en fleurs donnent un bain vert-ardoisé qui promet, mais qui ne communique à la laine LF, même au très long bouillon, qu'une faible nuance de citron-verdâtre.


PIMPRENELLE, (Sanguisorba Officinalis.) Toute la plante donne un bain olivâtre dans lequel la laine LF prend, au long bouillon, une belle nuance de musc qui résiste pendant douze heures aux deux épreuves.

PIN RÉSINEUX, ou des Landes de Bordeaux, (Pinus Maritima.) (303) Trois onces de ses feuilles vertes en cuisant pendant une heure dans trois-quarts de pinte d'eau, répandent la même odeur qu'une décoction d'oseille. Dans leur bain, d'un jaune-clair, la laine LF contracte, sans bouillir, un joli citron solide, & la laine E une nuance plus terne qui devient noisette au bouillon. Ayant eu occasion d'abattre quelques-uns de ces pins que j'avais semés dix-neuf années auparavant, & qui m'ont procuré des planches de plus d'un pied de largeur, j'observai que leur ecorce subérique, de plus d'un pouce d'épaisseur, était colorée d'un riche mordoré. J'en pris deux onces que je réduisis en poudre, & fis cuire pendant une heure & demie dans une pinte d'eau. Il en résulta un bain cannelle-foncé dans la colature duquel j'abattis un gros de laine LF qui d'abord y prit un jaune-ravenelle maure assez brillant, puis poussé de bouillon, se mordora un peu en conservant la transparence & son chatoiement. Dans un second bain semblable, un gros de laine de l’apprêt E (304) a pris un ton plus jaune & moins mordoré. Comme cette écorce est indépendante du liber, qui nourrit l'arbre, on la pourrait enlever sans lui nuire, & ce bon colorant ne coûterait que la peine de l'amasser soit ainsi, soit dans les ateliers où l'on exploiterait de ces arbres.

PIN DE GENÈVE, (Pinus Sylvestris.) L'écorce de ses jeunes branches, cuite au poids de deux onces dans trois-quarts de pinte d'eau, procure à la laine LF, sans bouillir, une teinte jaunâtre que le long bouillon change en un bon mordoré. Le bois écorcé donne une nuance de Nankin, coton de Siam, le tout bien solide.

PLACQUEMINIER, (Diospiros Lotus.) Trois onces de ses brindilles en feuilles, hachées, cuites dans trois-quarts de pinte d'eau, m'ont produit un bain jaune-teme dans lequel, en demi-heure sans bouillir, un gros de laine LF a pris un jaune-foncé qui s'est soutenu au bouillon & (305) enfin est devenu un musc bien assuré.

PLATANE, (Platanus Acerifolius.) Deux onces de son écorce, ou trois onces de ses brindilles fraîches, ont donné un bain jaune dans lequel un gros de laine LF, en demi-heure sans bouillir, acquiert un jaune ravenelle que le bouillon continué pendant deux heures, change en musc foncé. Le bois écorce, traité de même, communique une couleur de vigogne tendre. Le bois & écorce, un musc clair.

POEÔNE femelle, (Pœonia Multiplex.) Ses belles fleurs donnent un bain superbe & de leur couleur, lequel violacé étant gardé d'un jour à l'autre. Un gros de laine LF n'y acquiert au long bouillon qu'un musc-foncé très solide. Cette belle décoction traité en cuve de bleu n'a rien produit à froid, mais le liquide, en chauffant, a donné un gris-ardoisé intense, & qui résiste aux deux épreuves.

POIRIER, (Pyrus Communis.) Le bois & l'écorce d'une (306) branche de deux à trois ans, hachés au poids de trois onces & cuits pendant une heure dans trois quarts de pinte d'eau, communiquent à un gros de laine LF, en trois heures de bouillon, une agréable couleur approchante de celle de la canelle fine. Les tourtes, ou tourbes sèches du marc du poiré, donnent, au long bouillon, un musc clair bien solide.

POIVRE DE GUINÉE, (Çapsicum Annuum.) Trois onces de ses feuilles, tiges & gros fruits encore verts (au commencement de Septembre), hachées & cuites pendant une heure dans trois quarts de pinte d'eau, m'ont produit un bain jaune dans lequel, en demi-heure entre chaud & bouillon, la laine LF, au poids d'un gros, a acquis un joli citron que le savon embellit, mais qui, de même que celui de l’Asclepias, fléchit au vinaigre. Si nous n'avions pas tant d'autres végétaux qui nous donnent des citrons solides, il serait aisé de multiplier celui-ci en Normandie où il serait bien extraordinaire que les gelées (307) prévinssent la formation de ses fruits jusqu'au point où je les ai employés. Les tiges, feuilles & fruits mûrs de l'année précédente, séchées à l'ombre & bien conservés, n'ont produit qu'un jaune sale que le bouillon vire en vigogne.

POMME DE TERRE, (Solanum Tuberosum.) Dans une pinte, ou quarante-huit pouces cubes d'eau, j'ai fait cuire pendant une heure & demie trois onces de feuilles vertes & tiges fleuries, non hachées, qui m'ont procuré un beau bain citron dans la colature duquel j'ai abattu un gros de laine d'apprêt bon pour les bois. En trois quarts d'heure de teinture, entre chaud & bouillon, elle y a pris une jolie nuance de citron-claire, bien diaphane & solide, qu'une heure d'ébullition n'a point terni. L'abondance de ce colorant vers la fin du mois d'Août, temps où l'on peut impunément le cueillir, le rendrait recommandable si tant d'autres ingrédients ne nous fournissaient point déjà la même couleur.

POMMIER CULTIVÉ, (Pyrus Malus.) Deux onces de son (308) bois sec, hachées, cuites pendant deux heures dans une pinte d'eau, procurent à un gros de laine LF, en trois heures de teinture au bouillon, un marron-clair très-franc & solide. J'ai trouvé dans la forêt une souche de pommier sauvage dont le bois était très jaune, & qui m'a procuré de belles nuances de jaune-doré & d'aurore, notamment sur les laines des apprêts E & AT.

PRUNIER CULTIVÉ, (Prunus Domestica.) Une once & demie du cœur coloré de ce bois sec, hachée & cuite pendant deux heures dans trois-quarts de pinte d'eau, m'a produit un bain capucine très brillant. Cependant un gros de laine LF n'y prit d'abord qu'un jaune intense, mais terne, que quatre heures de bouillon mordorent agréablement & solidement La décoction des pruneaux secs communique à la laine LF une nuance de noisette assurée. La peau des prunes, dites printanières ou précoces, de Tours, colore le bain comme la cochenille ; mais la laine (309) LF n'y contracte qu'un petit gris sale & solide.

PYRACANTHA, (Buisson ardent.) Ses brindilles fraî-ches, hachées & cuites pendant une heure & demie, ont communiqué à la laine LF, au long bouillon, un beau mordoré-canelle, ainsi que presque tous les arbres & arbrisseaux de cette famille.

PYRAMIDALE, (Campanula Pyramidalis.) Trois onces des tiges fleuries de cette plante ont produit un bain jaune-foncé très sucré dans lequel un gros de laine d'apprêt LF a pris, au long bouillon, un joli musc-clair.