Senna auriculata (PROTA)

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


Importance générale
Répartition en Afrique
Répartition mondiale
Médicinal
Bois d'œuvre
Ornemental
Fourrage


Fichier:Map Senna auriculata.gif
répartition en Afrique (cultivé et naturalisé)
Fichier:Linedrawing Senna auriculata.gif
1, rameau en fleurs ; 2, fruit. Source PROSEA
détail d’une plante en fleurs
branche en fleurs

Senna auriculata (L.) Roxb.


Protologue: Fl. ind. ed. 1832, 2 : 349 (1832).
Famille: Caesalpiniaceae (Leguminosae - Caesalpinioideae)
Nombre de chromosomes: 2n = 14, 16, 28

Synonymes

  • Cassia auriculata L. (1753).

Noms vernaculaires

  • Avaram (Fr).
  • Avaram, tanner’s cassia, tarwar (En).
  • Avúl (Po).

Origine et répartition géographique

Senna auriculata est indigène en Inde, en Myanmar et au Sri Lanka et a été introduit avec succès dans plusieurs pays d’Afrique. On a émis l’hypothèse qu’il serait indigène en Tanzanie, mais une introduction et une naturalisation anciennes semblent plus probables. Il est cultivé en Inde et au Sri Lanka, quelquefois ailleurs.

Usages

Senna auriculata est une plante à usages multiples. L’écorce peut servir à tanner de grosses peaux ainsi que des peaux de chèvre et de moutons, donnant un cuir couleur chamois de bonne qualité qui a tendance à virer au rouge-noir une fois exposé à la lumière. Afin de prévenir ce noircissement, le cuir est souvent apprêté par un tannage aux myrobalans de Terminalia chebula Retz. En Inde du Sud, les fleurs donnent une teinture jaune solide pour le cuir. Au Gujarat, les boutons floraux sont utilisés dans le procédé d’engallage avant la teinture des cotonnades et des chintz en rouge, rose ou violet avec les racines de garance indienne (Rubia cordifolia L.). Les graines bouillies sont un ingrédient important dans les cuves à l’indigo, où une fermentation bactérienne spécifique provoque la réduction de l’indigo insoluble en leuco-indigo soluble, ce qui permet aux fibres textiles de s’imprégner de la teinture. Les graines de Senna auriculata font office de source de sucres permettant ainsi la continuité de la fermentation.

Les branches servent de bâtons à mâcher et de brosses à dents. Les fibres de l’écorce servent à faire des cordes, et on utilise un mélange fermenté d’écorce pilée et de mélasse dissoute comme boisson alcoolisée dans certaines régions de l’Inde. Senna auriculata n’atteint pas un volume suffisant pour être utilisé comme bois d’œuvre, mais parfois il sert à fabriquer les manches de petits outils. Il est utilisé pour restaurer des sols érodés et comme engrais vert, et s’est révélé également très efficace pour reconquérir des sols sodiques traités au gypse. Les feuilles servent parfois à faire une infusion, les fleurs séchées remplacent le café, et en période de pénurie alimentaire les jeunes gousses bien tendres, les jeunes feuilles ainsi que les fleurs sont consommées comme légume. La quantité consommée est critique, Senna auriculata n’étant pas considéré comme un fourrage adapté au bétail et aux chèvres à cause des substances toxiques dans la plante. L’écorce de la tige sert en Inde à engourdir les poissons. Ses usages en médecine traditionnelle sont nombreux. Ses racines et son écorce, astringentes, sont employées pour les gargarismes, comme altératif, de même que pour soigner les maladies de peaux, les problèmes ophtalmiques et les rhumatismes. Une décoction de fleurs et de graines est recommandée aux diabétiques, les graines servant quant à elles à traiter les maladies des yeux, la gonorrhée et la goutte. En Tanzanie, la plante sert à traiter l’impuissance, qui pourrait être liée au diabète. Feuilles et fruits servent de vermifuge et de diurétique. Quelquefois, Senna auriculata est cultivé comme espèce ornementale. Un usage des plus étranges de Senna auriculata est signalé en Inde. La croyance veut que ses branches aient servi jadis à la fabrication de l’acier damassé wootz. Elles auraient été ajoutées au creuset et chauffées avec le minerai en vue d’obtenir la composition chimique qui donne à l’acier son si beau moiré.

Production et commerce international

Senna auriculata fut une source importante de tanin en Inde, les principales régions de production étant Madras, Hyderabad et Mysore. Autrefois, la production annuelle d’écorce séchée en Inde atteignait 50 000 t. Lorsqu’elle est destinée à l’usage local, l’écorce séchée est conditionnée en sacs de 100–120 kg. Les syntans ainsi que les écorces importées, en particulier celles de l’acacia noir (Acacia mearnsii De Wild.) d’Afrique australe, ont largement remplacé l’écorce d’avaram. En dehors de l’Inde, Senna auriculata n’a jamais été cultivé sur une grande échelle.

Propriétés

L’écorce de plantes de Senna auriculata de plus de trois ans contient 15–24% de tanin sur la base de la matière sèche. La teneur en tanin augmente avec l’âge, mais cette tendance se ralentit après la troisième année. Le tanin imprègne la peau rapidement. En teinture, les tanins présents dans la plante agissent comme des mordants végétaux en combinaison avec des colorants d’autres groupes chimiques, comme les glucosides anthraquinones, décelés dans les feuilles.

Les racines contiendraient de la saponine et un glucoside cardiaque, la sennapicrine. L’écorce, les fleurs ainsi que les graines renferment des alcaloïdes pyrrolizidines, soupçonnés de posséder des propriétés hépatotoxiques. Cependant, lors d'essais sur les rats, il a été prouvé que des extraits de feuilles de Senna auriculata soulageaient les effets d’une lésion hépatique due à l’alcool. Des extraits de fleurs séchées ont montré une action antihyperglycémique appréciable sur les rats, comparable au médicament thérapeutique qu'est l’acarbose. Ceci confirme leur utilisation traditionnelle en traitement du diabète.

Description

Arbuste ou petit arbre atteignant 7 m de haut, avec un tronc jusqu’à 20 cm de diamètre ; écorce mince, marron, lenticellée. Feuilles alternes, composées paripennées ; stipules larges et foliacées, largement réniformes, de 7–22 mm de large, persistantes ; pétiole de 10–14 cm de long ; rachis pourvu d’une glande entre chaque paire de folioles ; 6–13 paires de folioles, oblongues-elliptiques à obovales-elliptiques, de 10–35 mm × 5–12 mm, arrondies et mucronées à l’apex, glabres à pubescentes. Inflorescence : grappe axillaire de 2–8 fleurs. Fleurs bisexuées, zygomorphes, 5-mères ; sépales arrondis à l’apex ; pétales libres, inégaux, de 1,5–3 cm de long, jaunes ; étamines 10, les 3 du dessous de plus grande taille et fertiles, les autres généralement stériles ; ovaire supère, falciforme, d’environ 1,5 cm de long, pédicellé, style d’environ 1 cm de long. Fruit : gousse aplatie, cylindrique, de 5–18 cm × 1–2 cm, transversalement ondulée entre les 10–20 graines, indéhiscente. Graines comprimées ovoïdes-cylindriques, de 7–9 mm × 4–5 mm, présentant une aréole distincte sur chaque face.

Autres données botaniques

Jusqu’au début des années 1980, Cassia était encore considéré comme un très vaste genre comportant plus de 500 espèces, mais ensuite il a été subdivisé en 3 genres : Cassia s.s. qui compte environ 30 espèces, Senna qui en comporte 270 et Chamaecrista 250.

Croissance et développement

Les plantes atteignent à peu près 3 m de haut et un diamètre de la tige de 3,5 cm en 2 ans, et environ 5 m de haut et 7 cm de diamètre en 4 ans. La floraison et la fructification s’étalent quasiment sur toute l’année, mais l’Inde connaît habituellement deux périodes principales de floraison, pendant les deux saisons de mousson.

Ecologie

En conditions naturelles ou naturalisées, Senna auriculata est présent dans les savanes boisées et arborées jusqu’à 600 m d’altitude. Il pousse généralement à l’état sauvage en zones sèches avec un minimum de précipitations annuelles de 400 mm, mais tolère aussi les climats humides avec des précipitations annuelles jusqu’à 4300 mm. La température annuelle moyenne peut varier de 16°C à 27°C. Senna auriculata nécessite le plein soleil. Il tolère de nombreux types de sols, y compris des sols salins, mais préfère les sols plutôt riches, bien drainés.

Multiplication et plantation

Senna auriculata peut être multiplié par graines et par boutures de tige. Pour une germination rapide, les graines sont scarifiées et mises à tremper dans de l’eau courante. Les semis sont relativement résistants à la dessiccation. Les boutures sont plantées en lignes à un espacement de 5–12,5 cm.

Gestion

Un éclaircissage est nécessaire un an après le semis. Le désherbage et un travail du sol superficiel stimulent la croissance, mais ils ne sont pas absolument nécessaires. Un sol chaulé aurait pour effet d’augmenter la teneur en tanin. Les plantes élaguées repoussent bien.

Récolte

Dès la troisième année après l’établissement, on peut écorcer les rameaux de Senna auriculata et utiliser l’écorce. Ceux dont l’écorce n’est pas liégeuse sont de meilleure qualité. Les plantes élaguées peuvent être récoltées chaque année.

Rendement

Le rendement d’écorce verte de Senna auriculata avoisine les 1500 kg par ha pour une plantation de 4 ans constituée d’environ 9000 plantes/ha.

Traitement après récolte

L’écorce est séchée au soleil et réduite en miettes puis entreposée ou vendue. Les tanneurs peuvent employer directement les rameaux non écorcés pour obtenir un extrait tannant aussi efficace que lorsqu’il est fait à partir de lanières d’écorce séchées. Pour préparer une teinture jaune, on fait bouillir des fleurs (environ deux fois le poids du textile à teindre) dans de l’eau. Ensuite le tissu, qui est préalablement mordancé à l’alun, est plongé dans le bain dont on maintient l’ébullition jusqu’à ce que la nuance souhaitée soit obtenue. Dans l'Andhra Pradesh (Inde), 2,5 kg de graines de Senna auriculata concassées et cuites sont ajoutées dans une cuve à l’indigo d’approximativement 227 l avec 750 g d’indigo.

Ressources génétiques

Senna auriculata est répandu et ne semble pas menacé d’érosion génétique. L’origine des plantes trouvées dans les milieux naturels en Tanzanie nécessite de plus amples éclaircissements.

Perspectives

Senna auriculata est facile à cultiver et a des usages multiples. Les bonnes qualités tannantes de l’écorce, la possibilité d’utiliser les fleurs et les feuilles comme sources de teinture renouvelables susceptibles d’être récoltées sans porter préjudice à l’arbre, ainsi que ses propriétés médicinales, en font une plante intéressante à cultiver dans les zones sèches d’Afrique.

Références principales

  • Abesundara, K.J., Matsui, T. & Matsumoto, K., 2004. α-Glucosidase inhibitory activity of some Sri Lanka plant extracts, one of which, Cassia auriculata, exerts a strong antihyperglycemic effect in rats comparable to the therapeutic drug acarbose. Journal of Agricultural and Food Chemistry 52(9): 2541–2545.
  • Brenan, J.P.M., 1967. Leguminosae, subfamily Caesalpinioideae. In: Milne-Redhead, E. & Polhill, R.M. (Editors). Flora of Tropical East Africa. Crown Agents for Oversea Governments and Administrations, London, United Kingdom. 230 pp.
  • Burkill, H.M., 1995. The useful plants of West Tropical Africa. 2nd Edition. Volume 3, Families J–L. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 857 pp.
  • CSIR, 1950. The wealth of India. A dictionary of Indian raw materials and industrial products. Raw materials. Volume 2: C. Council of Scientific and Industrial Research, New Delhi, India. 427 pp.
  • Duke, J.A., 1981. Handbook of legumes of world economic importance. Plenum Press, New York, United States, and London, United Kingdom. 345 pp.
  • Mohanty, B.C., Chandramouli, K.V. & Naik, H.D., 1987. Natural dyeing processes of India. Calico Museum of Textiles, Sarabbiai Foundation, Ahmedabad, India. 284 pp.
  • Moshi, M.J. & Mbwambo, Z.H., 2002. Experience of Tanzanian traditional healers in the management of non-insulin dependent diabetes mellitus. Pharmaceutical Biology 40(7): 552–560.

Autres références

  • Greenway, P.J., 1941. Dyeing and tanning plants in East Africa. Bulletin of the Imperial Institute 39: 222–245.
  • Kumar, R.S., Manickam, P., Periyasamy, V. & Namasivayam, N., 2003. Activity of Cassia auriculata leaf extract in rats with alcoholic liver injury. Journal of Nutritional Biochemistry 14(8): 452–458.
  • Purseglove, J.W., 1968. Tropical Crops. Dicotyledons. Longman, London, United Kingdom. 719 pp.
  • Watt, J.M. & Breyer-Brandwijk, M.G., 1962. The medicinal and poisonous plants of southern and eastern Africa. 2nd Edition. E. and S. Livingstone, London, United Kingdom. 1457 pp.

Sources de l'illustration

  • Maman Rahmansyah, 1991. Cassia auriculata L. In: Lemmens, R.H.M.J. & Wulijarni-Soetjipto, N. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 3. Dye and tannin producing plants. Pudoc, Wageningen, Netherlands. pp. 62–63.

Auteur(s)

  • P.C.M. Jansen, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Consulté le 16 octobre 2025.


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