Phyllanthus reticulatus (PROTA)
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Introduction |
Importance générale | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Répartition en Afrique | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Répartition mondiale | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Colorant / tanin | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Médicinal | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Bois d'œuvre | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Bois de feu | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Fourrage | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Fibre | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Phyllanthus reticulatus Poir.
- Protologue: Encycl. 5: 298 (1804).
- Famille: Euphorbiaceae (APG: Phyllanthaceae)
- Nombre de chromosomes: 2n = 26
Synonymes
- Kirganelia reticulata (Poir.) Baill. (1858).
Noms vernaculaires
- Potato plant, potato smell, seaside laurel (En).
- Mwino, mfuungozi, mkasiri, mchunguchungu, mviongozi, mzizima (Sw).
Origine et répartition géographique
Phyllanthus reticulatus est répandu dans les régions tropicales de l’Ancien Monde, depuis l’Afrique tropicale jusqu’en Inde, en Chine et en Asie du Sud-Est, ainsi que vers le sud jusqu’au Queensland (nord de l’Australie). Il a été introduit aux Antilles. Il est présent dans toute l’Afrique tropicale, sauf dans les régions équatoriales les plus humides, ainsi qu’en Egypte et dans le nord de l’Afrique du Sud.
Usages
Les Asantés du Ghana donnent une soupe à base de feuilles de Phyllanthus reticulatus cuites à l’eau avec de l’huile de palme aux femmes après leur accouchement. Le jus de la tige sert en collyre pour soigner la conjonctivite et les douleurs oculaires. En Afrique australe, la poudre de feuilles en application locale s’applique sur les plaies, y compris les plaies vénériennes, les brûlures, les suppurations et les éraflures. En Tanzanie, on frictionne le corps des malades du paludisme avec des feuilles écrasées. Au Soudan et en Afrique australe, les feuilles et l’écorce passent pour diurétiques et rafraîchissantes. A Zanzibar, la plante est considérée comme remède contre l’anémie et les hémorragies intestinales. Le jus de racines écrasées s’emploie en gouttes dans l’oreille pour traiter les infections otiques. On saupoudre de la poudre de racine sur les plaies infectées et le chancre. La décoction de racine se boit contre la dysménorrhée et pour accroître la fertilité. Elle se prend également pour traiter les abcès, les douleurs générales ou les spasmes, et s’emploie comme purgatif ; elle fait aussi partie d’un traitement contre l’ankylostome. Les Sukumas de Tanzanie boivent de l’eau mélangée aux racines écrasées contre les maux de tête. Les feuilles et les racines entrent également dans un traitement contre la paralysie. En Tanzanie, les fruits et les racines sont utilisés pour perpétrer des empoisonnements criminels.
En Inde, la poudre de feuilles écrasées avec du cubèbe (Piper cubeba L.) et du camphre sert à faire des comprimés qui se sucent contre le saignement des gencives ; les feuilles sont également utilisées dans le traitement du diabète. Aux Philippines, des applications locales de feuilles servent contre les oxyures. La décoction de racine se prend contre la gonorrhée et d’autres maladies vénériennes et aussi contre la diarrhée accompagnée de saignements anaux bénins. En Malaisie, la tige et les feuilles se frictionnent sur la poitrine contre l’asthme ; la décoction de feuilles se boit pour traiter le mal de gorge, contre les morsures de serpent, les problèmes mentaux et la diarrhée.
Le feuillage et les jeunes pousses sont broutés par tous les animaux domestiques, par ex. au Kenya et en Tanzanie. Les fruits sont comestibles. Ils sont vendus à Freetown (Sierra Leone) en qualité de raisins aigres et il arrive qu’on les consomme en Afrique de l’Est, mais probablement comme aliment de disette uniquement.
Au Soudan et en Afrique de l’Est, on tire un colorant rouge ou noir des fruits, de l’écorce et des racines, qui sert au tannage et à teindre les lignes et les filets de pêche. En Angola, un mélange de feuilles broyées et de boue noire sert traditionnellement à teindre les étoffes. En Indonésie, la décoction de tiges et de feuilles est utilisée pour colorer le coton en noir. Elle servait également jadis de mordant. En Inde, la racine produirait un colorant rouge. Aux Philippines, on fabrique une encre noire avec les fruits mûrs. Le nom swahili “mwino” suggère l’existence d’un usage identique en Afrique de l’Est. Au Nigeria, les tiges servent de lien pour les toitures. Les rameaux sont couramment utilisés comme bâtonnets à mâcher. Le bois se prête aux constructions locales et comme bois de feu ou petit bois ; il produit un charbon de bois de bonne qualité. En Tanzanie, il sert à fabriquer des fléaux de battage, des ustensiles et d’autres petits objets ; jadis il servait d’alerte lors d’incendies.
Production et commerce international
Phyllanthus reticulatus a une valeur de subsistance dans la plupart des régions d’Afrique, et l’écorce de racine, l’écorce de tige et les feuilles sont récoltées et vendues sur les marchés locaux. Mais il n’existe aucune donnée de production.
Propriétés
Phyllanthus reticulatus contient des tanins, qui sont en partie responsables de ses propriétés médicinales et colorantes. Un certain nombre de triterpénoïdes ont été isolés de la tige et des feuilles, dont le sitostérol, la friedéline et l’acide bétulinique. L’écorce de tige contient du pentacosane, du 21-α-hydroxyfriedélan-3-one, du taraxérol et du lupène-24-diol.
Les extraits de feuilles à l’éther de pétrole et à l’éthanol ont eu des effets hypoglycémiques sur des souris atteintes de diabète induit par l’alloxane. L’extrait à l’éthanol d’écorce de tige a manifesté des propriétés antivirales in vitro contre les virus de la poliomyélite et de la rougeole, ainsi qu’une activité antitumorale. Au Kenya, des extraits de feuilles ont montré une activité antiplasmodium prometteuse contre des parasites du paludisme tant résistants que sensibles à la chloroquine.
Phyllanthus reticulatus a été utilisé dans des essais visant à débarrasser les sols contaminés des métaux lourds. Il s’est avéré efficace, néanmoins Pluchea indica (L.) Less. a donné de bien meilleurs résultats.
Le bois est relativement dur et résistant, et blanc grisâtre à rougeâtre.
Description
Arbuste fortement ramifié ou petit arbre atteignant 5(–10) m de haut, monoïque, caducifolié ; fût atteignant 25 cm de diamètre ; écorce brun rougeâtre pâle, fissurée longitudinalement ; rameaux minces, étalés et retombants presque jusqu’au sol, gris pâle ou blanc brunâtre, pousses feuillées latérales atteignant 25 cm de long. Feuilles alternes, distiques, simples et entières ; stipules linéaires à étroitement lancéolées, de 1–1,5 mm de long, brun pâle ; pétiole de 1–4 mm de long ; limbe elliptique à ovale-oblong ou presque orbiculaire, de 1–5 cm × 0,5–3 cm, base cunéiforme à arrondie ou tronquée, apex aigu ou émarginé, habituellement glabre, pennatinervé à 7–13 paires de nervures latérales. Inflorescence : fascicule sur des pousses latérales, à 1 fleur femelle et plusieurs fleurs mâles par fascicule, ou fleurs femelles solitaires à l’aisselle des feuilles supérieures. Fleurs unisexuées, régulières, 5(–6)-mères, odorantes ; lobes du périanthe elliptiques-ovales à obovales-orbiculaires, d’environ 2 mm × 1–2 mm, glabres ou à poils courts à l’extérieur, blancs avec un stipe médian vert ou vert jaunâtre, parfois teintés de rosé à violacé ; fleurs mâles à pédicelle de 2–4 mm de long, glandes du disque 5(–6), libres, étamines 5(–6), habituellement libres, d’environ 1,5 mm de long ; fleurs femelles à pédicelle plus court et plus robuste, disque d’environ 1 mm de diamètre, 5-lobé, ovaire supère, quasi globuleux, de 1–1,5 mm de diamètre, 3–4(–pluri)-loculaire, lisse, styles 3–8, libres, apex courtement bifide. Fruit : baie globuleuse déprimée charnue, de 3–5 mm × 4–6 mm, 3– pluri-lobée, lisse, vert virant au violet rougeâtre ou au noir bleuté, contenant 6 graines ou plus. Graines irrégulièrement ovoïdes-trigones, de 2–2,5 mm de long, à crêtes fines, brillantes, brun rougeâtre.
Autres données botaniques
Phyllanthus est un genre important comprenant environ 750 espèces dans les régions tropicales et subtropicales, avec environ 150 espèces en Afrique tropicale continentale et une soixantaine à Madagascar et sur les îles de l’océan Indien.
Croissance et développement
Dans le Sahel, la floraison a lieu vers la fin de la saison sèche, peu après la foliaison, et se poursuit pendant la saison des pluies. Au Soudan, Phyllanthus reticulatus fleurit en mars–octobre et fructifie en octobre–décembre. En Afrique australe, il fleurirait avant ou pendant la foliaison, surtout en septembre–octobre, mais la floraison peut commencer dès juillet. Les fleurs ont une odeur très caractéristique de pomme de terre.
Ecologie
Phyllanthus reticulatus se rencontre dans la forêt pluviale et la forêt mixte décidue, la forêt claire à miombo, sur la berge des rivières, en lisière de forêt, surtout sur sols profonds et humides. On le trouve également dans la végétation de broussailles et de dunes du littoral, et parfois sur les termitières. Il forme souvent des fourrés, par ex. dans les savanes herbeuses des plaines inondables. Phyllanthus reticulatus peut devenir une adventice envahissante des terres cultivées.
Gestion
En Afrique, Phyllanthus reticulatus n’est présent qu’à l’état sauvage, mais en Inde il arrive qu’il soit également cultivé. Il peut être recépé.
Ressources génétiques
Phyllanthus reticulatus est commun et répandu ; il n’est pas menacé d’érosion génétique.
Perspectives
Les nombreux usages médicinaux de Phyllanthus reticulatus justifient un approfondissement des recherches sur ses propriétés chimiques et pharmacologiques. Ses propriétés colorantes et tannantes méritent également plus d’attention.
Références principales
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Sources de l'illustration
- Phuphathanaphong, L., 1991. Phyllanthus reticulatus Poiret. In: Lemmens, R.H.M.J. & Wulijarni-Soetjipto, N. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 3. Dye and tannin producing plants. Pudoc, Wageningen, Netherlands. pp. 109–110.
Auteur(s)
- A. Maroyi, Department of Biological Sciences, Bindura University of Science Education, P.B. 1020, Bindura, Zimbabwe
Citation correcte de cet article
Maroyi, A., 2008. Phyllanthus reticulatus Poir. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 3 octobre 2025.
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