Byrsonima trinitensis (Rollet, Antilles)

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Byrsonima spicata
Bernard Rollet, Arbres des petites Antilles, 2006
Malpighia glabra
Planche 121 : MALPIGHIACEAE. VII. Byrsonima trinitensis. A. Rameau avec fleurs et fruits. B. Feuilles. C. Fruit. D. Plantule (détails). E. Écorce (coupe transversale). VIII. Malpighia linearis. F. Feuille. IX. Malpighia martinicensis. G. Feuille. H. Écorce (coupe transversale).
écorce
tranche

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Byrsonima trinitensis A. Juss. Ann. Sci. Nat. Bot., sér. 2,13 : 334 (1840).

Synonymes : Byrsonima martinicensis Kr. et Urb. ex Duss, (1897) : Byrsonima martinicensis var. vincentiensis Urban et Niedenzu (1901).

Noms vernaculaires : Créole : Bwa tan wouj (Ste-Lucie). Fr : Mauricif (Guadeloupe) ; Bois tan montagne (Martinique) ; Mauricif Patagon (Guadeloupe), aussi Patagon ; Mauricif (Dominique, Grenade) ; Bois tan rouge (Ste-Lucie). A : Pigeon berry, Olive bark Bastard Shoemaker bark (St Vincent).

Description : Grand arbre (pouvant devenir rabougri en altitude) atteignant à basse et moyenne altitude 30 m de haut, et 60 à 70 cm de diamètre, entre 950-1000 m (Bains Jaunes, Guadeloupe). Pied : pas de pattes en général ; quelquefois racines aériennes courtes sur le fût, en altitude. Écorce : Épaisseur totale : 8 à 9 mm sur un diamètre de 25 cm. Aspect externe : gris-noirâtre à marron ; sublisse, rugueuse par grosses lenticelles rondes ou un peu allongées horizontalement. Écorce vivante : tranche rose fibro-grumeleuse ; partie externe : zone des rayons élargis avec assez gros massifs oblongs un peu allongés tangentiellement, carmin ; plutôt fibreuse. Aubier : jaune à jaune rosé ; rayons très fins


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serrés ; pores et parenchyme non visibles. Rameaux : cassants, ramification sympodiale. Feuilles : opposées, ovales à obovales, apex arrondi ou un peu émarginé ; 2 à 5 × 5 à 7,5 cm ; groupées en rosette ; nervation vert clair tranchant sur le vert bouteille du limbe ; nervures secondaires perpendiculaires à la principale. Les feuilles sont plus petites en altitude. Feuilles froissée : tombe en morceaux. Fleurs : en grappes blanches et roses. Phénologie : sempervirent. Fleurs en janvier, août, octobre. Fruits présents presque toute l’année. Habitat : très commun en forêt dense et d’altitude et les fourrés de sommet, entre 100 m (Entrée Bois Mahler, Guadeloupe, côte sous le vent) et 950-1000 m (Bains Jaunes, Trace Victor Hugues). Tempérament : héliophile (bord de route, trouées) mais non pionnière. Plantule : Type II. Les cotylédons sont épigés foliacés, puis les feuilles opposées stipulées. Les stipules de deux feuilles d’un même nœud sont soudées à leurs bases. La pilosité rousse limitée à l’épicotyle est particulièrement dense sur le bourgeon apical, les très jeunes feuilles et la face inférieure des pétioles. Un bouquet de poils est situé entre les pétioles cotylédonaires.

Usages : Bois rougeâtre, durable. Meubles, menuiserie intérieure. Très utilisé pour les planchers (Ste-Lucie) (LANG). Ecorce employée autrefois pour le tannage (DUVALLON, Service Forestier, Guadeloupe). Arbre de chasse.

Distribution aux Petites Antilles : Antigua, Guadeloupe (Basse-Terre) ; Les Saintes (Terre de Bas), Dominique, Martinique, Ste-Lucie, St Vincent, Grenade, Probablement endémique des Petites Antilles bien que B. trinitensis A. Juss. ait été reconnu à la Jamaïque par ADAMS. HOWARD 1988 pense que l’espèce de Jamaïque n’est sans doute pas B. trinitensis.

Matériel examiné : BT : très commun entre 200 et 900 m ; 100-800 au vent, 400 à 800 m sous le vent (inventaires carte écologique) ; BÉNA 676, Mamelles (P) ; DUSS 176, Bains Jaunes 600-900 m (P) ; DUSS 175, Matouba (P) ; STEHLÉ 5292, Trois Rivières (P) ; QUENTIN 5293, Trace Merwart 1100 m (P) ; STEHLÉ 474, Ste Rose 400 m (P) ; BÉNA 675, s.loc. (P) L’Hermimier s.n., Grosse Montagne Ste Rose (P) ; ROLLET 706, 904 ; TANDY 100, HUC 1109, Beausoleil 700 m (GUAD) ; TANDY 46, 60, Route Soufrière au-dessus de 700 m (GUAD) ; TANDY 6, Forêt de Sarcelle 240 m (GUAD) ; ROLLET 1457, Maison de la Forêt 250 m (GUAD) ; ROLLET 1477 montée Morne Mazeau 400 m (GUAD) ; BARRIER 2444, 2445, Soufrière (GUAD) ; ROLLET 47 Bains Jaunes 950 m (GUAD) ; ROLLET 22, 1160 Morne Mazeau 470 m ; BARRIER 2369, ROLLET 120, 125, Trace des Contrebandiers 300-400 m (GUAD) ; BARRIER 2349, Trace Victor Hugues Matouba, 650-700 m (GUAD) ; ROUSTEAU 324, 576, Morne Bois d’Inde 370 m (GUAD) ; ROLLET 648, Nez Cassé (GUAD) ; ROUSTEAU 55, Trace des Grêtes 550 m (GUAD) ; ROLLET 876, Maison de la forêt 250 m (GUAD) ; Forêt de Marolles 200 m (ROLLET). D : Freshwater Lake (Réserve des Trois Pitons), 750 m (ROLLET). M : Morne Bellevue, 700 m ; HAHN 1480, Forêt de la Trinité (P) ; STEHLÉ 2375, Pitons du Garbet 800-1200 m (P) ; STEHLÉ 4594, Plateau Larcher 590 m (P). SL : 7 km N Mamiku, 330 m ; 3 km N Bellevue ; Barre de l’Isle, 360 m ; Est de Castries, Waterworks, 300 m (VERNA SLANE) ; Quilesse, 450 m ; Piton Flore, 420 m (ROLLET). SV : ROLLET 492, HUC 1103 Buccament Valley, Vermont, 300 m (GUAD) ; EGGERS 6744, Mount St Andrews 540 m (P) ; Fenton Mountain, Sud de Mayorca, 300-400 m (ROLLET). Gr : EGGERS 6142, s.loc. 480 m (P).

Note : DUSS et FOURNET à sa suite, font la distinction entre B. martinicensis existant en Martinique, non en Guadeloupe et B. trinitensis Juss. existant en Guadeloupe, non en Martinique par la forme des feuilles, obtuses ou aigües dans le premier cas, rondes ou échancrées dans le second. Les deux espèces ne sont pas séparées ici car la forme des feuilles est très variable sur le même arbre. Par contre une espèce (ou variété ?) a toujours distinctement de plus grandes feuilles entre 200 et 700 m et semble difficile à réduire à B. trinitensis appelée B. laevigata par NIEDENZU sur un échantillon de PERROTTET récolté en Guadeloupe et par DUSS ; HOWARD fait remarquer que B. laevigata (Poiret) DC. (Prodr. 1 : 580, 1824) est sud-américaine, du Surinam à Bahia. En fait, le dessin de la feuille donné par HOWARD (1988, p. 608) ne peut se rapporter, ni à la feuille observée en Guadeloupe en basse et moyenne altitude (200-700 m) beaucoup plus longue et rapport largeur/longueur plus petit, ni à la feuille obovale émarginée observée en altitude (700-1000 m).

Bibliographie : (*Iconographie ; **Couleur). DUSS 1897 ; FIARD** 1992 ; FOURNET 1978 ; Fraser 1957 ; HOWARD 1988* ; Lang 1954 ; Niedenzu* 1928 Engl. Pflanzenr. 4 : 141 Pl. 758 ; STEHLÉ 1947.

Anatomie du bois

Byrsonima lucida : coupe transversale (en haut à gauche), coupe tangentielle (en haut à droite), coupe radiale (en bas) (P. Détienne & P. Jacquet)

Byrsonima martinicensis :

Byrsonima trinitensis :

Byrsonima lucida, Byrsonima martinicensis, Byrsonima spicata, Byrsonima trinitensis :

  • Bois parfait brun rose ou brun gris, peu différencié de l’aubier grisâtre, mi-dur, léger à mi-lourd (0,55 à 0,75 g/cm3), à grain fin, maille fine mais visible.
  • Pores disséminés, isolés ou accolés radialement par 2, 3 ou 4, au nombre de 15 à 25 par mm2 avec un diamètre moyen compris entre 90 et 120 μm sauf chez B. lucida où ils sont plus fins (60-80 μm) et plus nombreux (jusqu’à 50 par mm2). Perforations des éléments vasculaires uniques ; ponctuations intervasculaires ornées, d’environ 7 ou 8 μm de diamètre (5 μm chez B. lucida). Présence de très fins épaississements spiralés observés dans quelques vaisseaux de B. laevigata.
  • Parenchyme indistinct, limité à quelques rares cellules juxtavasculaires. Files de cellules composées de 2 à 4 éléments.
  • Rayons 1- à 5-sériés, pouvant parfois apparaître de 2 tailles différentes en section transversale, au nombre de 6 à 9 par mm2 (plus de 10 chez B. lucida), de structure hétérogène : cellules couchées au centre et 2 à 6 rangées de cellules carrées et dressées aux extrémités. Ponctuations radiovasculaires très généralement identiques en taille aux intervasculaires. Présence de cristaux, le plus souvent par 2 ou 4 dans des cellules recloisonnées.
  • Fibres cloisonnées, à ponctuations finement aréolées, parfois cristallifères chez B. spicata.