Ganophyllum giganteum (PROTA)
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Introduction |
Ganophyllum giganteum (A.Chev.) Hauman
- Protologue: Fl. Congo 9: 363 (1960).
- Famille: Sapindaceae
Synonymes
Pseudospondias gigantea A.Chev. (1917).
Origine et répartition géographique
Ganophyllum giganteum se rencontre au Cameroun, en Centrafrique, en Guinée équatoriale, au Gabon, au Congo et en R.D. du Congo.
Usages
Le bois, souvent vendu sous le nom de “zembili”, convient à la construction lourde, à la menuiserie, à la charronnerie, à la fabrication de mobilier, de manches, d’échelles, de jouets et d’articles de fantaisie, d’instruments agricoles, au modelage, à la sculpture et au tournage. Il se prête à la production de charbon de bois.
La chair des fruits, qui est sucrée, est consommée et il semble qu’elle soit appréciée localement en R.D. du Congo. En médecine traditionnelle, la décoction et la macération d’écorce sont prescrites en cas de problèmes des voies respiratoires et digestives, de dysménorrhée, d’épilepsie, de convulsions, de stérilité et d’impuissance, pour soigner les plaies, et en bain de vapeur contre les rhumatismes et la trypanosomose. Le fruit, mélangé à d’autres plantes, soigne l’asthme.
Propriétés
Le bois de cœur, jaune blanchâtre à brun rosé pâle, ne se distingue pas nettement de l’aubier. Le fil est généralement droit, le grain fin et régulier.
C’est un bois lourd, avec une densité de 825–895 kg/m³ à 12% d’humidité, plutôt dur et solide. Le séchage à l’air doit être extrêmement minutieux pour éviter les fentes et les gerces graves. Les taux de retrait sont élevés, de l’état vert à anhydre ils sont de 7,6% dans le sens radial et de 12,5% dans le sens tangentiel. A 12% d’humidité, le module de rupture est de 179 N/mm², le module d’élasticité de 16 700 N/mm², la compression axiale de 66 N/mm², le fendage de 17,5 N/mm et la dureté de flanc Chalais-Meudon de 6,3.
Ce n’est pas un bois difficile à travailler en dépit de sa dureté. Il est relativement durable, tout en étant cependant sujet aux attaques des termites et des térébrants marins, et n’est que moyennement durable lorsqu’il est exposé aux intempéries ou en contact avec le sol. En revanche, l’aubier n’est pas sensible aux Lyctus.
Des triterpénoïdes, l’acide zanhique et l’acide zanhique-γ-lactone, ont été isolés de l’écorce des racines. L’extrait brut à l’hydrométhanol de feuilles de Ganophyllum giganteum a montré une nette cytotoxicité contre des monocytes humains.
Description
Arbre dioïque, de taille moyenne à assez grande atteignant 40 m de haut ; fût dépourvu de branches sur 25 m, droit et cylindrique, parfois tortueux, jusqu’à 120 cm de diamètre, muni de contreforts petits ou moyens ou cannelé à la base ; surface de l’écorce brun rougeâtre, se desquamant en grandes écailles irrégulières, écorce interne fibreuse, orange à rougeâtre, dégageant une odeur de menthol ; cime irrégulière ; rameaux glabres, résineux, à nombreuses petites lenticelles. Feuilles alternes, groupées à proximité de l’apex des rameaux, composées paripennées à 5–9(–12) paires de folioles, résineuses ; stipules absentes ; pétiole de 4–10 cm de long, rachis atteignant 25 cm de long ; pétiolules d’environ 2 mm de long ; folioles généralement alternes, ovales à lancéolées, de 5–15(–20) cm × 2,5–5 cm, asymétriques à la base, acuminées à l’apex, à bords entiers, glabres, nettement brillantes et ponctuées de très petits points blanchâtres sur la face supérieure, pennatinervées à 8–12 paires de nervures latérales. Inflorescence : panicule axillaire atteignant 30 cm de long. Fleurs unisexuées, régulières, généralement 5-mères, petites, blanchâtres ; pédicelle d’environ 2,5 mm de long, à minuscules glandes ; sépales d’environ 2,5 mm de long, soudés à la base ; pétales absents ; étamines libres, alternant avec les sépales, d’environ 5 mm de long ; disque lobé, glabre ; ovaire supère, 2-loculaire, style court ; fleurs mâles à ovaire rudimentaire, fleurs femelles à étamines réduites. Fruit : drupe ellipsoïde à ovoïde, charnue, d’environ 2 cm × 1,5 cm, glabre, jaune à orange à maturité, contenant 1 seule graine. Plantule à germination épigée ; hypocotyle de 4–5 cm de long, épicotyle de 3–4 cm de long ; cotylédons oblongs, de 2–3 cm de long, charnus ; premières feuilles opposées, à 6–10 folioles.
Autres données botaniques
Le genre Ganophyllum comprend 2 espèces. Ganophyllum falcatum Blume, présent en Asie tropicale et en Australie, ressemble énormément à Ganophyllum giganteum, dont il diffère uniquement par ses fleurs légèrement plus petites à disque poilu. Le bois de Ganophyllum falcatum est semblable et fait l’objet d’une exportation en petites quantités à partir de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et des îles Salomon.
Anatomie
Description anatomique du bois (codes IAWA pour les bois feuillus) :
- Cernes de croissance : 2 : limites de cernes indistinctes ou absentes.
- Vaisseaux : 5 : bois à pores disséminés ; (7 : vaisseaux en lignes, ou plages, obliques et/ou radiales) ; 13 : perforations simples ; 22 : ponctuations intervasculaires en quinconce ; 23 : ponctuations alternes (en quinconce) de forme polygonale ; 25 : ponctuations intervasculaires fines (4–7 μm) ; 26 : ponctuations intervasculaires moyennes (7–10 μm) ; 30 : ponctuations radiovasculaires avec des aréoles distinctes ; semblables aux ponctuations intervasculaires en forme et en taille dans toute la cellule du rayon ; 41 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux 50–100 μm ; 42 : diamètre tangentiel moyen du lumen des vaisseaux 100–200 μm ; 47 : 5–20 vaisseaux par millimètre carré ; 58 : gomme ou autres dépôts dans les vaisseaux du bois de cœur.
- Trachéides et fibres : 61 : fibres avec des ponctuations simples ou finement (étroitement) aréolées ; 65 : présence de fibres cloisonnées ; (66 : présence de fibres non cloisonnées) ; 69 : fibres à parois fines à épaisses ; 70 : fibres à parois très épaisses.
- Parenchyme axial : (76 : parenchyme axial en cellules isolées) ; 79 : parenchyme axial circumvasculaire (en manchon) ; 80 : parenchyme axial circumvasculaire étiré ; (81 : parenchyme axial en losange) ; (82 : parenchyme axial aliforme) ; 83 : parenchyme axial anastomosé ; (91 : deux cellules par file verticale) ; 92 : quatre (3–4) cellules par file verticale ; (93 : huit (5–8) cellules par file verticale).
- Rayons : 97 : rayons 1–3-sériés (larges de 1–3 cellules) ; 104 : rayons composés uniquement de cellules couchées ; 115 : 4–12 rayons par mm.
- Inclusions minérales : 136 : présence de cristaux prismatiques ; 142 : cristaux prismatiques dans les cellules cloisonnées du parenchyme axial.
(S. N’Danikou, P. Baas & H. Beeckman)
Croissance et développement
Au Gabon, les arbres fleurissent en novembre, et les fruits mûrissent en janvier–février. Les gorilles mangent d’énormes quantités de fruits, servant ainsi d’agents de dissémination.
On a signalé que l’induction florale a lieu lorsque les températures nocturnes tombent au-dessous de 19°C, ce qui est souvent le cas au Gabon durant la saison sèche en juillet et en août. Cependant, ce sont des conditions qui certaines années ne se produisent pas, ce qui fait que l’arbre ne donne ni fleurs ni fruits. On a émis l’hypothèse que le réchauffement climatique mondial pourrait avoir un effet néfaste sur Ganophyllum giganteum et sur les animaux qui tirent leurs ressources de l’arbre, du moins une partie de l’année, comme les gorilles qui se nourrissent de ses fruits.
Ecologie
Ganophyllum giganteum se rencontre habituellement dans la forêt semi-décidue, parfois dans la forêt sempervirente, jusqu’à 700 m d’altitude.
Multiplication et plantation
Le poids de 1000 graines est en moyenne de 940 g.
Gestion
Ganophyllum giganteum ne semble pas commun dans de nombreuses régions à l’intérieur de son aire de répartition, et par conséquent ne fait pas l’objet de mesures spécifiques de gestion concernant la production de bois d’œuvre.
Maladies et ravageurs
Le feuillage de Ganophyllum giganteum peut être abîmé par les insectes, comme au Gabon où on a signalé une grave défoliation, en particulier en décembre–février.
Ressources génétiques
Etant donné que Ganophyllum giganteum est largement répandu en Afrique centrale, rien n’indique actuellement qu’il faille le considérer comme menacé. Toutefois, il est recommandé de surveiller ses peuplements existants en raison de sa présence souvent dispersée, de sa prédilection pour les forêts non perturbées, de ses taux de croissance probablement lents et de son éventuelle vulnérabilité face au changement climatique.
Perspectives
On sait trop peu de choses concernant Ganophyllum giganteum pour pouvoir apprécier s’il pourrait jouer un rôle économique plus important en tant qu’essence à bois d’œuvre. A partir d’essais conduits en Asie tropicale, on a calculé que le cycle de rotation nécessaire à l’exploitation durable de sciages de Ganophyllum falcatum était de 100 ans et que la production annuelle prévue était de 0,9 m³/ha. Si l’on part du principe que ces chiffres sont comparables aux taux de production de Ganophyllum giganteum, cela laisse peu d’espoirs de le planter en vue de la production de bois d’œuvre dans une perspective économiquement raisonnable.
Références principales
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- Wilks, C. & Issembé, Y., 2000. Les arbres de la Guinée Equatoriale: Guide pratique d’identification: région continentale. Projet CUREF, Bata, Guinée Equatoriale. 546 pp.
Autres références
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- Bolza, E. & Keating, W.G., 1972. African timbers: the properties, uses and characteristics of 700 species. Division of Building Research, CSIRO, Melbourne, Australia. 710 pp.
- Bouquet, A., 1969. Féticheurs et médecines traditionnelles du Congo (Brazzaville). Mémoires ORSTOM No 36. Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer. Paris, France. 282 pp.
- Dasuki, U.A., 1998. Ganophyllum Blume. In: Sosef, M.S.M., Hong, L.T. & Prawirohatmodjo, S. (Editors). Plant Resources of South-East Asia No 5(3). Timber trees: Lesser-known timbers. Backhuys Publishers, Leiden, Netherlands. pp. 243–245.
- Dimbi, M.Z., Warin, R., Delaude, C., Huls, R., Kapundu, M. & Lami, N., 1984. Structure of zanhic acid and zanhic acid- -lactone, two novel triterpenoids from Zanha golungensis and Ganophyllum giganteum. Bulletin des Societés Chimiques Belges 93: 323–328.
- Neuwinger, H.D., 2000. African traditional medicine: a dictionary of plant use and applications. Medpharm Scientific, Stuttgart, Germany. 589 pp.
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- Voysey, B.C., Mcdonald, K.E., Rogers, M.E., Tutin, C.E.G. &, Parnell, R.J., 1999. Gorillas and seed dispersal in the Lopé Reserve, Gabon. II: Gorilla acquisition by trees. Journal of Tropical Ecology 15(1): 23–38.
- Voysey, B.C., Mcdonald, K.E., Rogers, M.E., Tutin, C.E.G. &, Parnell, R.J., 1999. Gorillas and seed dispersal in the Lopé Reserve, Gabon. II: Survival and growth of seedlings. Journal of Tropical Ecology 15(1): 39–60.
Sources de l'illustration
- Raponda-Walker, A. & Sillans, R., 1961. Les plantes utiles du Gabon. Paul Lechevalier, Paris, France. 614 pp.
- White, L. & Abernethy, K., 1997. A guide to the vegetation of the Lopé Reserve, Gabon. 2nd edition. Wildlife Conservation Society, New York, United States. 224 pp.
- Wilks, C. & Issembé, Y., 2000. Les arbres de la Guinée Equatoriale: Guide pratique d’identification: région continentale. Projet CUREF, Bata, Guinée Equatoriale. 546 pp.
Auteur(s)
- S. Adanu, Center for Remote Sensing and Geographic Information Services, University of Ghana, Legon. PMB, L 17, Accra, Ghana
- C.H. Bosch, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
Consulté le 13 octobre 2025.
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