Helîledj (Ibn al-Baytar)
Nom accepté : [[]]
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- EL-BASRY. Il y en a quatre espèces : une jaune ; une noire, nommée indienne et petite ; une noire et petite, dite de Caboul, et une sèche et petite, dite de Chine.
- IBN MASSOUIH. Les meilleurs myrobolans sont jaunes, d’un jaune tirant sur le rouge, pesants, pleins, ni rongés ni épuisés.
- RAZES. Le jaune évacue la bile, le noir indien évacue l’atrabile. Quant à celui qui est acerbe, il ne convient pas comme purgatif, attendu qu’il resserre l’estomac. On ne doit pas le prendre comme purgatif, mais on peut donner son suc avec du sucre.
- COSTA BEN LOUKA. Le jaune est purgatif en raison de la gomme qu’il contient. Celui chez lequel on ne trouve pas de gomme, quand on rompt, est moins actif. Ce qui le prouve, c’est que si on le laisse macérer dans de l’eau, il agit avec plus d’énergie, mais que si on le prend en décoction, il agit plus faiblement, le feu lui ayant enlevé de sa substance et des propriétés dont il jouit.
- MASSIH. Le jaune est froid au premier degré et sec au troisième. Il resserre l’estomac, le fortifie et convient contre son relâchement.
- MASSERDJOUIH. Le jaune évacue convenablement la bile, malgré l’astringence qu’il possède. Le noir contracte et resserre l’estomac. Il possède un peu de froideur avec un peu de pénétration et de subtilité.
- HOBEÏCH. Le jaune est moins froid que l’espèce venant de Caboul.
- IBN MASSA. Il évacue la bile et un peu la pituite.
- IBN MASSOUIH. On le donne en substance à la dose de trois à dix drachmes.
- HOBEÏCH. Quand on le prend en poudre avec de l’eau chaude, on le corrige par l’addition de sucre ou de manne, afin d’atténuer son astringence. Si on le fait bouillir avec des prunes, des jujubes et des sébestes, cela le corrige, par la raison que ces substances mucilagineuses et visqueuses tempèrent son astringence, la modèrent et en font un médicament convenable. Pris en poudre avec du sucre et avec de l’huile d’amandes douces, il s’administre à la dose de cinq à sept drachmes et même jusqu’à quinze.
- ABOU DJOREIDJ. Les pharmaciens vendent comme myrobolans noirs des myrobolans qui ne doivent cette coloration qu’à leur long séjour sur l’arbre, et c’est une erreur. Ces fruits sont de l’espèce jaune et ne deviennent noirs que parce qu’ils ont bien mûri sur l’arbre, tandis que le myrobolan n’est pas mûr.
- HOBEÏCH. Les pharmaciens se trompent lorsqu’ils vendent des myrobolans noirs, qui appartiennent à l’espèce jaune, pour de vrais myrobolans noirs. Les noirs sont en réalité l’espèce indienne, comme on les appelle vulgairement. Quand le jaune est récolté à l’état de crudité, il est déjà de couleur jaune : on en trouve aussi de noirs qui sont plus gras et plus charnus, mais cela tient à ce qu’ils sont plus mûrs, ayant séjourné davantage sur l’arbre. On trouve pareillement dans l’espèce de Caboul des fruits jaunes et des noirs qui doivent aussi cette couleur à ce qu’ils ont mûri sur l’arbre.
- RAZES. Le meilleur myrobolan est celui qui se précipite au fond de l’eau.
- MASSIH. Le noir est froid et sec au premier degré. Il resserre l’estomac et l’anus et les fortifie ; il resserre le ventre en raison de son astringence.
- RAZES. Il est utile contre les hémorrhoïdes.
- ISHAK IBN AMRAN. Le myrobolan de Caboul vient de Caboul. C’est le meilleur. Il est noir, gras et d’un meilleur goût que les autres.
- IBN MASSOUIH. Il faut choisir celui qui tire sur le rouge, qui est lourd, plein et non vermoulu.
- MASSIH. Il est froid et sec au premier degré. Il convient à l’estomac. En raison de sa nature, il convient contre l’atrabile dont il évacue les humeurs peccantes.
- IBN SEMDJOUN. Le myrobolan de Caboul n’a pas la propriété d’agir contre l’atrabile, ainsi que le dit Massîh, la constitution de cette humeur étant le froid et le sec. Il est utile en raison d’une propriété qui lui est spéciale et qui échappe à l’explication, ainsi qu’il arrive du myrobolan indien et de la pierre d’Arménie dont la constitution est la même.
- EL-BASRY. Il purge modérément et évacue l’atrabile. On l’emploie contre les hémorroïdes.
- Hobeïch. Il incline au froid, avec une légère chaleur; toutefois le froid l’emporte et l’acidité prédomine. Quand on le triture on lui trouve une acidité latente. Il a la propriété de convenir à l’évacuation de l’atrabile, et il dessèche ce qu’il en rencontre de brûlé dans l’estomac. Il dessèche aussi la pituite. Il n’agit pas sur la bile comme évacuant, de même que sur l’atrabile. L’espèce indienne s’en rapproche, mais elle n’a pas l’intensité d’action de l’espèce de Caboul. On le donne en substance et pulvérisé à la dose d’un à deux mithqals, sa décoction à la dose de cinq à dix drachmes.
- IBN SERAFIOUN. Il évacue violemment l’atrabile. Il fortifie l’estomac et l’abdomen, et il convient contre les hémorroïdes, qui sont le fait de l’atrabile. Il est salutaire aux organes nerveux. En macération ou en décoction, on le donne à la dose de cinq à sept drachmes. En poudre, on le donne à la dose d’une à cinq drachmes. On ne l’associe pas à l’huile, car il n’est pas astringent comme le jaune.
- IBN MASSOUIH. On le donne en substance de deux à cinq drachmes, et en macération ou décoction de cinq à quatorze.
- RAZES. Le myrobolan noir confit fortifie l’estomac, le purifie, le resserre et en exprime les résidus alimentaires liquides qui s’y engendrent. Si l’on en prolonge l’usage, il embellit le teint et retarde la canitie.
- EL-BASRY. Le myrobolan de Chine est aride, petit, d’un noir mêlé de jaune, et de la forme d’une olive. Ses vertus sont inférieures à celles des autres espèces. Il fortifie modérément l’estomac.
- RAZES, dans le Continent. Il expulse les fèces de l’abdomen et le dessèche. Il fortifie les sens, aide à la mémoire et à l’intelligence. Il convient contre la lèpre noueuse et les coliques, contre l’aliénation mentale, la fièvre ancienne, la céphalalgie, l’hydropisie et les affections de la rate. Il détermine des nausées et des vomissements.
- EL-YAHOUDY. Il a la propriété de combattre les palpitations et d’embellir le teint.
- AVICENNE. Toutes les espèces conviennent contre la bile et sont avantageuses à tous les organes de la nutrition.
- AUTRE. Il évacue particulièrement l’atrabile produite par la combustion de la bile. Le jaune convient contre le relâchement de l’œil, et sous forme de collyre, il écarte les humeurs qui y affluent. Les espèces de Caboul et de l’Inde, rôties avec de l’huile, resserrent le ventre. Celle de Caboul est astringente, ce qui indique de l’acerbité : sa puissance évacuante est secondée par son astriction. C’est un évacuant de l’atrabile. L’espèce indienne purge davantage. Les deux sortes se ressemblent en ce qu’elles purifient le sang du cœur, en même temps qu’elles fortifient cet organe et procurent de la gaieté, ce qui semble provenir d’une propriété spéciale.
- EL-GHAFEKY. Pris en poudre, le myrobolan resserre le ventre après l’avoir relâché ; le jaune perd de sa force en décoction. Si l’on prend chaque jour un myrobolan de Caboul débarrassé de son noyau, qu’on le laisse fondre dans la bouche et qu’on l’avale, pourvu que l’on en prolonge l’usage, on arrête la canitie. De plus, il fortifie les gencives et les dents ainsi que le cerveau. C’est un des meilleurs remèdes contre l’abus de l’eau froide. C’est un des grands médicaments.
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Les myrobolans sont le produit d’un arbre du genre Terminalia, de la famille des Combrétacées. Ce sont des médicaments inconnus des anciens, qui donnaient cependant le même nom au fruit du morynga, le Ben. C’est une erreur grossière que le nom de Dioscorides placé en tête de l’article helîledj dans l’Avicenne imprimé. Un nom qui ne rappelle pas son origine est celui de Chébule donné au myrobolan de Caboul. Sontheimer, s’il s’était douté de cette provenance, n’aurait pas constamment écrit Kobuli. Ishak ibn Amrân indique formellement la provenance du Cabouli, al-kābuli īū’tā men Kābul. Sontheimer n’a pas compris cela, et il traduit Die Kabali, die eingeführt werden. On lit aussi dans Edrissy que les montagnes de Caboul produisent un myrobolan de l’espèce qui tire son nom de cette ville. Édit. Jaubert, t. I, 182. Le nom de chébule n’en est pas moins resté dans l’usage, mais sans qu’on se doutât de sa signification. On réunit assez souvent le helîledj à l’amledj, emblic, et au beliledj, belliric. On dit aussi ahlīledj, et au pluriel ahliledjāt. L’orthographe myrobolan a passé dans l’usage, mais il faudrait écrire myrobalan, conformément à l’étymologie.
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- Voir Myrobolan.