Nardjîl (Ibn al-Baytar)
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Nom accepté : Cocos nucifera
[3-356]
On lui donne aussi le nom de Ranedj, xxx. C’est la noix d’Inde.
- Abou Hanîfa. C’est un palmier de haute taille qui fléchit sous (le poids de) celui qui y grimpe et courbe ses branches vers la terre, de sorte qu’il puisse en cueillir les fruits à volonté. Il porte des régimes, et un bon régime peut donner jusqu’à trente cocos. Ce fruit contient un liquide laiteux que l’on appelle atouaq, xxx. Quand on veut recueillir ce liquide, un homme grimpe jusqu’à la cîme de l’arbre, muni de bocaux, et choisit un des régimes qui ne soit pas encore entrouvert. Il en coupe l’extrémité, xxx xxx, en enlevant le spadice, puis il y ajuste un de ses bocaux qu’il assujettit au régime. Il fait de même avec un autre régime. Cet arbre a toujours quelque régime nouveau, grêle encore et récemment poussé, et un autre plus avancé. Ce travail terminé, l’homme descend. Le liquide ne cesse alors de couler dans le bocal, au point qu’on peut l’entendre d’en bas. Le soir venu, l’homme remonte vers les bocaux et les descend. Un seul bocal peut contenir plusieurs livres de liquide. On boit ce liquide récent, qui est alors sucré, épais et agréable, pareil à du lait de brebis, de la même manière que l’on boit du vin; il procure une ivresse modérée aux buveurs qui ne s’exposent pas en plein air. Dans le cas contraire, l’ivresse est violente, et si l’on en fait usage sans y être bien habitué, l’esprit s’altère et l’intelligence devient confuse. Les portions conservées jusqu’au lendemain se tournent en vinaigre qui devient très acide et qu’on emploie dans les préparations de la viande de buffle, pour les cuire parfaitement. Le lif (ou filament) de cet arbre est meilleur que toute autre sorte et s’appelle qînar, xxx. On préfère celui qui est d’un noir foncé et qui vient de Chine.
- El-Basry. Le coco, c’est-à-dire la noix d’Inde, est chaud au second degré et humide au premier. Les sucs qu’il produit ne sont pas froids. Le meilleur est celui qui est récemment cueilli et frais, blanc et rempli d’un liquide sucré. Quand il commence à se corrompre, il a la propriété d’expulser les lombrics et les vers cucurbitaires.
- Massîh. Il est lent à passer dans l’estomac et donne un chyme grossier. Le meilleur coco est celui qui est récent. A l’état frais, c’est un aphrodisiaque.
- Razès, dans le Mansoury. Il donne du sperme et réchauffe les reins et les parties voisines.
- Le même, dans son Traité des Correctifs des Aliments. Le coco échauffe le corps. Il convient contre la rétention d’urine, le refroidissement de la vessie et les douleurs dorsales anciennes. Il active la formation du sperme. Sa pulpe séjourne longtemps dans l’estomac, et on la corrige avec du sucre de pénide et du sucre candi. Les vieillards et les sujets à tempérament froid n’ont pas besoin de la corriger. Quant aux jeunes gens et aux sujets à tempérament chaud, ils auront recours aux tempérants dont nous avons parlé, et ils prendront à la suite du melon et de la préparation appelée baouâred, xxx, acidifiée.
Le coco est traité chez Avicenne sous la rubrique Djouz hindy « noix indienne ». Sérapion a puisé à une source qui nous est inconnue, Artram, in libro de Cibis. On peut lire de curieux détails dont quelques-uns sont reproduits ici par Abou Hanîfa, dans Ibn Batouta, II, 206. Mas’oudi en parle aussi dans les Prairies d’or, t. I, p. 336. Quant à la préparation culinaire dite baouâred, ce serait, d’après Méninsky, du pain cuit avec du vinaigre et du jus de raisin.