Pterocarpus santalinoides (PROTA)

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


Importance générale
Répartition en Afrique
Répartition mondiale
Médicinal
Bois d'œuvre
Bois de feu
Ornemental
Fourrage
Auxiliaire
Statut de conservation


branche en fleurs (P. Ekpe NSBP)
partie de branche en fleurs (P. Ekpe NSBP)
diverses parties de l'arbre (Virtual Field Herbarium)
coupe transversale du bois
coupe tangentielle du bois

Pterocarpus santalinoides DC.


Protologue: Prodr. 2: 419 (1825).
Famille: Papilionaceae (Leguminosae - Papilionoideae, Fabaceae)
Nombre de chromosomes: n = 9, 2n = 22

Origine et répartition géographique

Pterocarpus santalinoides est présent du Sénégal jusqu’en Centrafrique et en R.D. du Congo, et il est également répandu en Amérique du Sud.

Usages

Le bois est utilisé localement pour les constructions temporaires, en menuiserie, en sculpture, pour la fabrication de clôtures et les coffrages. Il est également utilisé comme bois de feu.

Les graines grillées sont comestibles et leur saveur rappelle celle de l’arachide, mais les graines crues sont toxiques. Les jeunes feuilles cuites se consomment en légume ; on les ajoute aussi dans des soupes. Le feuillage est un fourrage important pour toutes sortes d’animaux domestiques. L’écorce est utilisée dans certains endroits pour teindre les textiles en brunâtre, alors que l’exsudat de l’écorce sert parfois à leur donner une couleur rougeâtre. Pterocarpus santalinoides se plante parfois comme arbre d’ombrage dans les cultures et pour améliorer le sol par fixation d’azote et production de paillis. On le plante aussi comme brise-vent. L’écorce, les racines et les feuilles sont couramment utilisées dans des préparations médicinales. Les décoctions s’administrent en usage externe sur les plaies pour favoriser la cicatrisation et pour traiter les hémorroïdes et la fièvre. En interne, elles se prennent pour traiter les affections bronchiques, la dysenterie amibienne, les maux d’estomac et la maladie du sommeil, pour prévenir les avortements et faciliter les accouchements, et aussi comme tonique.

Propriétés

Le bois de cœur, blanc crème à jaunâtre, se démarque indistinctement de l’aubier. Son grain est moyennement fin. Le bois est moyennement léger, moyennement tendre et facile à travailler. Il n’est pas durable et est sensible aux attaques de champignons et d’insectes foreurs.

On trouve du tanin dans l’écorce et le bois. Des extraits de tige ont montré une légère activité antipaludéenne contre des souches de Plasmodium falciparum. La teneur des graines en lipides est faible : elle est inférieure à 1%. Lors d’essais menés sur des chèvres naines ouest-africaines nourries avec du feuillage de Pterocarpus santalinoides, les prises de poids constatées étaient faibles, d’environ 8,5 g/jour seulement. La production de litière est relativement peu élevée : des essais menés dans le sud du Nigeria ont donné 7,3–8,1 t/ha.

Description

  • Petit arbre habituellement sempervirent atteignant 15 m de haut ; fût généralement court, droit ou plus ou moins tordu, atteignant 50 cm de diamètre ; écorce mince, surface de l’écorce brun grisâtre, écailleuse et se détachant en petites plaques, écorce interne blanc jaunâtre à rosée rayée de rouge, sécrétant un peu de gomme rougeâtre lorsqu’on l’entaille ; cime dense, à branches plus ou moins pendantes ; ramilles glabres, à lenticelles.
  • Feuilles alternes, composées imparipennées à (5–)6–8(–9) folioles ; stipules souvent arquées, atteignant 2(–3) cm de long, légèrement poilues ; pétiole de (2–)3–4(–5,5) cm de long, rachis de (4,5–)8–11(–15,5) cm de long, légèrement poilu, glabrescent ; pétiolules de 2–5 mm de long ; folioles alternes à presque opposées, ovales à elliptiques, de (4–)6,5–12(–14,5) cm × (2–)3–5,5(–7) cm, base arrondie à obtuse, apex courtement acuminé, papyracées à finement coriaces, légèrement poilues au-dessous à l’état jeune mais vite glabrescentes, à 7–10(–15) paires de nervures latérales.
  • Inflorescence : grappe axillaire de (4–)6–14(–20) cm de long, à poils courts.
  • Fleurs bisexuées, papilionacées ; pédicelle de 2–4(–5) mm de long ; calice campanulé, de 8,5–9,5 mm de long, à denses poils brunâtres, à 5 dents triangulaires de 1,5–2,5 mm de long, les 3 dents inférieures plus petites que les 2 supérieures ; corolle à pétales pourvus d’onglet, jaune vif à jaune orangé, étendard presque circulaire, atteignant 13 mm × 15,5 mm, ailes jusqu’à 15 mm de long, carène jusqu’à 12 mm de long ; étamines 10, soudées en une gaine atteignant 10 mm de long, l’étamine supérieure parfois partiellement libre ; ovaire supère, à poils blanchâtres, style atteignant 11,5 mm de long, glabre vers le sommet.
  • Fruit : gousse presque orbiculaire, aplatie, indéhiscente, de 2,5–4,5(–6) cm de diamètre, ridée ou verruqueuse, couverte de poils brunâtres, beige à brun pâle, pourvue d’une aile carénée, à 1(–2) graines.
  • Graines réniformes, de 1,5–2 cm × environ 1 cm, brun foncé.

Autres données botaniques

Pterocarpus santalinoides pousse rapidement. Lors d’essais menés dans le sud du Cameroun, les arbres à la croissance la plus rapide avaient atteint une hauteur de 6,4 m et un diamètre de 10,3 cm 20 mois après la plantation. Les arbres fleurissent vers la fin de la saison sèche. Les abeilles butinent couramment les fleurs et servent probablement de pollinisateurs. Les fruits mûrissent 2–3 mois après la floraison pendant la saison des pluies. Ils flottent sur l’eau. Les racines possèdent des nodules contenant des bactéries fixatrices d’azote, mais lors d’essais menés dans le sud-est du Nigeria, les semis n’ont pas développé de nodules.

Pterocarpus est un genre pantropical appartenant à la tribu des Dalbergieae ; il comprend environ 30 espèces dont environ 15 se rencontrent en Afrique, 10 en Amérique et 5 en Asie.

Ecologie

Pterocarpus santalinoides se trouve typiquement sur les berges de rivières, généralement sur sols sableux et humides, jusqu’à 500 m d’altitude. Il est présent dans les régions où la pluviométrie annuelle est d’environ 1600 mm, et il peut survivre à des périodes sèches de plus de 5 mois à condition que les racines atteignent la nappe phréatique. Il tolère l’ombre et l’engorgement saisonnier des sols. Il est commun par endroits, et même parfois présent en groupes. Au centre de la Côte d’Ivoire, on a dénombré près de 60 arbres adultes par km le long du fleuve Bandama. Dans le sud du Cameroun, des arbres plantés ont donné de bons résultats sur des sols extrêmement acides et aluminotoxiques.

Gestion

Pterocarpus santalinoides peut se multiplier par graines, par boutures de tige et bouturage des racines. Les graines sèches se conservent longtemps. Il est recommandé de procéder à une scarification ou un trempage dans l’eau avant de semer. La germination débute au bout de 7–14 jours, et le taux de germination avoisine les 70%. L’arbre peut être géré en taillis, par étêtage ou ébranchage.

Des essais menés au Nigeria et au Cameroun ont montré que Pterocarpus santalinoides offrait un potentiel important pour la culture en allées. Des haies ont été mises en place à l’aide de plants de semis de 2 mois espacées de 4 m × 0,25 m. On les a taillés au bout d’un an à 50 cm de haut, puis deux fois par an les années suivantes, et on les a intercalés avec du maïs.

Les fruits sont souvent récoltés à la surface de l’eau. On les fait chauffer sur un feu jusqu’à ce que les graines se dégagent et on mange ensuite les graines grillées.

Pterocarpus santalinoides est une plante hôte du foreur des gousses du haricot Maruca vitrata, qui est entre autres un ravageur du niébé ; à ce titre, c’est un hôte-relais essentiel pendant la longue saison sèche.

Ressources génétiques

Rien n’indique que Pterocarpus santalinoides soit menacé d’érosion génétique. Toutefois, son milieu caractéristique, c’est-à-dire la ripisylve, est soumis à une pression dans de nombreuses régions en raison de sa transformation en terres agricoles, notamment pour la riziculture.

Perspectives

Comme plusieurs autres espèces de Pterocarpus, Pterocarpus santalinoides est un arbre polyvalent qui mérite plus d’attention. Sa taille est trop petite et son bois de qualité trop moyenne pour qu’il prenne de l’importance comme bois d’œuvre, mais il a de l’avenir dans les programmes agroforestiers car il améliore la fertilité du sol et concurrence les adventices, et il produit également du fourrage et du bois de feu. C’est une espèce importante pour la conservation du sol dans les bassins-versants. De plus, Pterocarpus santalinoides convient comme arbre ornemental, car il a des fleurs voyantes et des feuilles luisantes.

Références principales

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Autres références

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Auteur(s)

  • R.H.M.J. Lemmens, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Citation correcte de cet article

Lemmens, R.H.M.J., 2008. Pterocarpus santalinoides DC. In: Louppe, D., Oteng-Amoako, A.A. & Brink, M. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 14 octobre 2025.


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