Pterocarpus tinctorius (PROTA)

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


Importance générale
Répartition en Afrique
Répartition mondiale
Colorant / tanin
Médicinal
Bois d'œuvre
Bois de feu
Ornemental
Fourrage


Pterocarpus tinctorius Welw.


Protologue: Apont. : 584 (1859).
Famille: Papilionaceae (Leguminosae - Papilionoideae, Fabaceae)

Synonymes

  • Pterocarpus chrysothrix Taub. (1895),
  • Pterocarpus stolzii Harms (1915).

Noms vernaculaires

  • Tacula (Po).
  • Mninga maji (Sw).

Origine et répartition géographique

Pterocarpus tinctorius est répandu en Afrique centrale, orientale et australe, depuis le Congo et la R.D. du Congo jusqu’en Tanzanie, et vers le sud jusqu’en Angola, en Zambie, au Malawi et au Mozambique.

Usages

Le bois est apprécié pour la fabrication de meubles, en ébénisterie et pour les parquets décoratifs. Il se prête à de nombreux autres usages : construction légère, menuiserie, décoration intérieure, caisses et cageots, manches d’outil, sculpture, tournage, placage, contreplaqué, panneaux de fibres, panneaux de particules, pâte pour une production de papier de basse qualité. Il est utilisé comme bois de feu et pour faire du charbon de bois. Le feuillage est brouté par les chèvres. Le colorant rougeâtre du bois servait jadis à peindre le corps. En R.D. du Congo, la décoction d’écorce s’applique en lavement pour traiter la congestion pulmonaire chez les enfants. En Tanzanie, l’arbre est utilisé pour l’ombrage.

Production et commerce international

Le bois se vend sur le marché international en petites quantités. Il est parfois vendu et expédié en mélange avec d’autres Pterocarpus spp. sous le nom de “padouk africain”. Il est commercialisé depuis les monts Usambaras orientaux en Tanzanie ; en 1990, le prix local d’une planche de 3,7 m × 0,3 m était d’environ US$ 2,40, en 2000 de US$ 4. Dans certaines régions, il y a une forte demande de son bois d’œuvre, par ex. au Burundi et en R.D. du Congo d’où il est exporté.

Propriétés

En général, les propriétés de Pterocarpus tinctorius sont comparables à celles de Pterocarpus angolensis DC. Le bois de cœur est jaune pâle lorsqu’il vient d’être coupé, mais il vire au rouge rosé à l’exposition ; il se démarque nettement de l’aubier blanchâtre, qui fait 7,5–10 cm de large. Il est souvent contrefil, le grain est modérément fin. Des marques irrégulières, petites, rouge foncé ou brunes sont présentes sur les surfaces tangentielles ; le bois contient des substances gommeuses rouges. La densité du bois à 12% d’humidité va d’environ 450 kg/m³ (arbres de la forêt, à Mayombe, en R.D. du Congo) à environ 900 kg/m³ (arbres de la brousse, au Burundi). Le bois sèche généralement bien avec peu de déformations. Les taux de retrait du bois vert à anhydre sont de 3,3% radialement et de 5,5% tangentiellement pour le bois provenant du Burundi. Une fois sec, le bois est stable en service. A 12% d’humidité, le module de rupture du bois de Mayombe est de 91 N/mm², le module d’élasticité de 9100 N/mm², la compression axiale de 45 N/mm², le fendage de 8 N/mm² et la dureté Chalais-Meudon de 2,2. A ce même taux d’humidité, le module de rupture du bois du Burundi est de 147 N/mm², le module d’élasticité de 15 000 N/mm² et la compression axiale de 77 N/mm². Le bois se scie et se travaille bien, et au rabotage on peut obtenir une surface lisse. Il accepte bien le clouage et le vissage et il est peu sujet à la fente, mais un pré-perçage est recommandé pour le bois d’œuvre du Burundi. L’emploi d’un enduit donne une belle finition. Le bois est moyennement durable à durable ; le bois léger est sensible aux attaques de termites et légèrement sensible aux attaques de Lyctus, mais le bois lourd ne l’est pas. Il est moyennement résistant à l’imprégnation par des produits de conservation. La sciure peut provoquer une irritation chez les ouvriers.

Description

  • Arbre de taille petite à moyenne, sempervirent ou caducifolié, atteignant 25 m de haut ; fût dépourvu de branches sur une hauteur pouvant atteindre 15 m, souvent droit et cylindrique, atteignant 75 cm de diamètre ; surface de l’écorce grise à brun foncé, fissurée et écailleuse, écorce interne blanchâtre sécrétant une gomme rougeâtre lorsqu’on l’entaille ; cime ronde ou aplatie, dense ; rameaux à poils courts lorsque jeunes.
  • Feuilles alternes, composées imparipennées à (5–)7–11(–15) folioles ; stipules oblongues, d’environ 3 mm de long, tombant précocement ; pétiole de (1–)2–5(–10) cm de long, rachis de (2,5–)4–20(–30) cm de long, densément poilu, glabrescent ; pétiolules de (2–)3–8(–12) mm de long ; folioles alternes à presque opposées, oblongues à ovales ou obovales, de (2,5–)4,5–11(–13) cm × (1,5–)2–5(–7) cm, base obtuse à arrondie ou légèrement cordée, apex courtement acuminé, papyracées à finement coriaces, poilues au-dessous à l’état jeune mais glabrescentes par la suite, avec 6–14 paires de nervures latérales. Inflorescence : panicule axillaire ou terminale de (4–)8–22 cm de long, densément poilue.
  • Fleurs bisexuées, papilionacées ; pédicelle de 3–7 mm de long ; calice campanulé, de 5–9 mm de long, densément poilu, à 5 dents triangulaires de 1,5–3 mm de long, les 2 supérieures légèrement plus longues que les 3 inférieures ; corolle à pétales pourvus d’onglet, de couleur crème à jaune orangé, étendard obovale atteignant 18 mm × 13 mm, ailes jusqu’à 16 mm de long, carène atteignant 13 mm de long ; étamines 10, soudées en une gaine atteignant 10 mm de long, l’étamine supérieure parfois partiellement libre ; ovaire supère, 1-loculaire, stipité, poilu, style atteignant 5,5 mm de long, glabre vers le sommet.
  • Fruit : gousse orbiculaire, aplatie, indéhiscente, de 5–21 cm de diamètre, sur un stipe atteignant 2 cm de long, pourvue d’une aile finement coriace et ondulée, poilue, brun grisâtre ou brun rougeâtre, à 1 graine.
  • Graines réniformes à oblongues, plates à légèrement épaissies, de 15–25 mm × 8–13 mm, ridées, brun foncé à noirâtres.

Autres données botaniques

En R.D. du Congo, l’arbre fleurit en mars–mai. Les abeilles butinent couramment les fleurs et servent probablement de pollinisateurs. Les feuilles sont habituellement consommées par les singes colobes et les chimpanzés.

Pterocarpus est un genre pantropical appartenant à la tribu des Dalbergieae ; il comprend environ 30 espèces dont environ 15 se rencontrent en Afrique, 10 en Amérique et 5 en Asie. Pterocarpus tinctorius est variable et il a été subdivisé en plusieurs taxons infraspécifiques ; toutefois, lorsque l’on prend en compte la totalité de l’aire de répartition, ceux-ci sont reliés par de nombreux intermédiaires.

Pterocarpus indicus Willd. et Pterocarpus dalbergioides Roxb. ex DC., tous deux originaires d’Asie tropicale, sont plantés en Afrique comme arbres ornementaux et arbres d’alignement, le premier par ex. en Sierra Leone, au Nigeria, au Kenya, en Tanzanie et sur l’île Maurice, le deuxième à Madagascar. Si les deux espèces sont des arbres à bois d’œuvre importants en Asie tropicale, elles ne sont pas plantées pour la production de bois d’œuvre en Afrique. Sur l’île Maurice, le jus de Pterocarpus indicus est utilisé pour soulager les maux de dents et sert d’antidote contre les empoisonnements.

Ecologie

Pterocarpus tinctorius est présent dans des milieux très divers, qui vont de la forêt pluviale sempervirente à la ripisylve et la savane boisée, jusqu’à 1800 m d’altitude, souvent sur les collines rocailleuses.

Gestion

Pterocarpus tinctorius peut être multiplié par graines et par boutures. Des sauvageons sont parfois récoltés pour être plantés. L’arbre peut être géré en taillis, ou par étêtage ou ébranchage. Il serait résistant aux incendies en Zambie.

Ressources génétiques

Pterocarpus tinctorius est répandu et localement commun, et par conséquent, il ne semble pas menacé d’érosion génétique.

Perspectives

Pterocarpus tinctorius est un arbre utile dont le bois d’œuvre, de bonne qualité, constitue un intéressant substitut au bois de Pterocarpus angolensis, ce dernier faisant l’objet d’une récolte non durable dans de nombreux pays. Cependant, Pterocarpus tinctorius a été insuffisamment étudié, et il est difficile de déterminer ses perspectives comme arbre de bois d’œuvre commercial dans le cadre d’une gestion durable. Il faudrait aussi tenir compte de ses autres usages dans la planification d’une gestion optimale.

Références principales

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Auteur(s)

  • R.H.M.J. Lemmens, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands

Citation correcte de cet article

Lemmens, R.H.M.J., 2008. Pterocarpus tinctorius Welw. In: Louppe, D., Oteng-Amoako, A.A. & Brink, M. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 15 octobre 2025.


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