Qounnab hindy (Ibn al-Baytar)

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Qounnab berry
Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Qounboura


1847 - Qunnab hindī - Qounnab hindy - Chanvre indien.


Nom accepté : Cannabis sativa

[3-119]

  • L'auteur. Il y a une troisième espèce de chanvre que l'on appelle Indien. Je ne l'ai rencontré qu'en Egypte où on le sème dans les jardins, et où il porte aussi le nom de hachicha, hašīša (herbe). Il enivre fortement ceux qui en prennent même en petite quantité, soit une ou deux drachmes, au point que son usage prolongé conduit aux dernières limites de l'abrutissement. Il y a des gens qui en font usage : leur esprit s'altère et ils aboutissent à la folie, quelquefois même à la mort. J'ai vu les fakirs en user de diverses manières. Les uns font bouillir avec soin les feuilles, puis les malaxent longtemps entre les mains, de manière à les réduire en pâte, dont ils font des tablettes. D'autres, après les avoir fait sécher, les torréfient et les broient entre les mains, puis mélangent avec un peu de sésame écorcé ou de sucre, et mettent cette composition dans la bouche, où ils en prolongent la mastication, ce qui leur procure de l'excitation et de la gaieté. Cela aussi les enivre et leur donne quelquefois des accès de folie, ou peu s'en faut, ainsi que nous l'avons déjà dit. Voilà ce que j'ai observé de ses effets. Si l'on redoute les suites de son usage abusif, on se fait vomir avec du beurre et de l'eau chaude, de manière à débarrasser l'estomac. On obtient les meilleurs résultats avec le sirop de hommâdh (ou patience, voyez le n° 698)

Cette espèce de chanvre porte encore le nom que lui donne Ibn el-Beïthâr, celui de Cannabis indien, motivé par quelques caractères. On l'a dit plus grand que le cannabis, tandis que celui que nous avons observé en Algérie est généralement plus petit. En Egypte, on lui donne le nom de Chadânek, d'après le cheikh Daoud et Forskal. M. de Sacy a reproduit l'article d'Ibn el-Beïthâr dans sa Chrestomathie arabe, et là où nous avons traduit sirop de patience, il traduit par boissons acides. C'est le même savant qui a prouvé que l'usage du hachîch a valu aux Ismaïliens le nom de hachîchîn, d'où l'on a fait celui d'assassins. En Algérie, à Constantine particulièrement, les fumeurs de hachîch sont appelés haschichia. Prosper Alpin avait déjà observé en Egypte l'usage du chanvre qu'il appelle Assis, et noté ses funestes effets, observés aussi plus tard par Hasselquist. Le cheikh Daoud, contemporain de Prosper Alpin, en parle dans son Tedhkeret, et lui donne aussi le nom de hachîcha. D'après lui, il égaye d'abord, puis il stupéfie, émousse les sens, rend l'haleine fétide, affaiblit le foie et l'estomac, entraîne de l'hydropisie et de l'altération du teint. « On prétend, dit-il, qu'il excite au coït, mais s'il en est ainsi au début, le contraire se produit ensuite. » C'est une observation que nous avons faite en Algérie, et qui repose sur l'aveu des fumeurs de cette drogue. L'usage du hachîch était jadis si fréquent et ses effets si funestes, qu'un bey de Constantine en punit l'usage de la peine capitale. Aujourd'hui, on fume moins le hachîch ; cependant on en use encore, et les tirailleurs algériens, à Paris, avaient un marchand qui les approvisionnait. Nous avons essayé le chanvre d'Afrique et celui de France, et nous avons trouvé ce dernier d'une ivresse plus lourde. Le Ma'djoun ou électuaire se fait en Algérie, simplement avec de la poudre fine et du miel.