Spondianthus preussii (PROTA)

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


Importance générale
Répartition en Afrique
Répartition mondiale
Médicinal
Bois d'œuvre
Bois de feu


Spondianthus preussii Engl.


Protologue: Bot. Jahrb. 36: 216 (1905).
Famille: Euphorbiaceae
Nombre de chromosomes: 2n = 26, 52

Origine et répartition géographique

Spondianthus preussii est présent depuis la Guinée jusqu’au Soudan, à l’Angola et au Mozambique.

Usages

Toutes les parties de Spondianthus preussii sont extrêmement toxiques, et les usages médicinaux sont rares. La décoction de feuilles, fortement diluée, se boit parfois pour combattre la fièvre. La décoction d’écorce s’utilise en bains de bouche pour traiter les maux de dents. Elle se prend aussi pour traiter les maux d’estomac et les douleurs qui accompagnent la grossesse. La macération d’écorce s’applique sur les morsures de serpent. Le riz, la viande ou le poisson cuits avec l’écorce, le jus d’écorce ou les graines réduites en poudre sont couramment utilisés dans des appâts destinés à tuer les rongeurs et les chiens errants. La plante est considérée trop toxique pour être utilisée comme poison de flèche car le poison se répand facilement dans la viande ; mais en Côte d’Ivoire, il a parfois été employé pour la chasse aux éléphants. La poudre d’écorce de rameau ou de graines s’ajoute à des boissons à des fins criminelles. Le jus d’écorce sert aussi de poison pour la pêche. Les feuilles sont toxiques et particulièrement dangereuses pour le bétail qui peut en mourir brusquement plusieurs heures après sans manifester de symptômes. Mais un séchage des feuilles en supprime la toxicité. Dans le sud du Nigeria, les Yoroubas se servent du fruit dans une cérémonie pour soigner certaines toux.

Le bois de cœur est brunâtre, fortement moucheté, dur et lourd. Le bois s’utilise en construction et pour confectionner des ustensiles. En Ouganda, on creuse des pirogues dans le tronc. Comme il s’agit d’un bois dense et à combustion lente, le charbon de bois est apprécié par les forgerons du sud du Nigeria.

Production et commerce international

L’écorce de tige de Spondianthus preussi se vend au niveau local au Nigeria, au Cameroun et au Gabon, où on la trouve couramment en stock sur les marchés. Son principal usage est celui de rodenticide. Son prix au kg est de US$ 1,20–1,50. Le volume des échanges est inconnu.

Propriétés

Les feuilles et l’écorce de tige contiennent de l’acide monofluoroacétique, acide extrêmement dangereux, très toxique et volatile, ainsi que des saponines, des flavonoïdes et des tanins. Dans l’écorce de tige, plusieurs cucurbitacines triterpénoïdes tétracycliques toxiques ont été isolées, dont les cucurbitacines L, A2 et E. Dans un extrait alcoolisé de l’écorce de tige, on a isolé un triterpène de type lupane, l’acide bétulinique (acide 3β-hydroxy-lup-20(29)-en-28-oïque) et plusieurs dérivés, ainsi que de l’acide oxalique. Un extrait à l’acétate d’éthyle de l’écorce de tige a manifesté une activité antitumorale sélective in vitro contre le mélanome humain. Le composé actif était l’acide bétulinique. Ce composé a de nombreuses activités biologiques, y compris des propriétés antitumorales et antiplasmodiques in vivo et in vitro, il n’est pas toxique et il joue un rôle prépondérant dans la recherche pharmacologique. Dans le commerce, il est extrait de Betula pubescens Ehrh.

Falsifications et succédanés

L’écorce de tige d’Erythrophleum suaveolens (Guill. & Perr.) Brenan sert parfois de substitut à celle de Spondianthus preussii.

Description

Arbre dioïque de taille moyenne atteignant 30(–60) m de haut ; fût atteignant 150 cm de diamètre, à ramification basse, avec ou sans racines aériennes ; surface de l’écorce lisse ou légèrement écailleuse, brun foncé, écorce interne rougeâtre, sécrétant une sève rouge. Feuilles alternes, simples et entières ; stipules petites ; pétiole de 0,5–11,5 cm de long ; limbe elliptique à largement elliptique-ovale, de 3–35 cm × 1,5–18 cm, base cunéiforme à arrondie, apex obtus à aigu, glabre, rougeâtre à l’état jeune. Inflorescence : panicule érigée, terminale ou axillaire, atteignant 10 cm de long ; bractées elliptiques-ovales à lancéolées, de 2–5 mm de long. Fleurs unisexuées, régulières, 5-mères, sépales largement ovales, d’environ 1 mm de long, blanchâtres, teintées de rosé, pétales elliptiques-ovales, d’environ 0,5 mm de long, 2–3-dentées ; fleurs mâles presque sessiles, étamines de 1,5 mm de long ; fleurs femelles à pédicelle de 1–10 mm de long, ovaire supère, d’environ 2 mm de long, 3-loculaire, styles 3, d’environ 1 mm de long. Fruit : capsule ovoïde à ellipsoïde de 1,5–2 cm × 1–1,5 cm, lisse, verdâtre, prenant une teinte noire violacée, à 3 graines. Graines ovoïdes-ellipsoïdes comprimées, d’environ 1 cm de long, lisses, rouge vif, restant souvent attachées sur l’axe central après la déhiscence.

Autres données botaniques

Le genre Spondianthus ne comprend qu’une seule espèce, dont on distingue 2 variétés ayant une vaste aire de répartition et des préférences écologiques différentes : var. preussii à inflorescences poilues, présente dans les forêts pluviales humides, les forêts marécageuses et les forêts de lagunes de basse altitude, depuis le Liberia jusqu’en R.D. du Congo ; et var. glaber (Engl.) Engl. à inflorescences glabres, surtout présente dans les régions sèches, souvent dans les forêts-galeries et les forêts marécageuses, depuis la Guinée jusqu’au Soudan et en Ouganda et vers le sud jusqu’en Angola et au Mozambique.

Ecologie

Spondianthus preussii se rencontre dans les forêts pluviales humides, les ripisylves, les forêts marécageuses et les forêts-galeries, depuis le niveau de la mer jusqu’à 1800 m d’altitude. Il préfère les sols sablo-limoneux et une pluviométrie annuelle de 1000–1600 mm.

Multiplication et plantation

Spondianthus preussii est multiplié par graines. Comme le nombre de graines disponibles pour la multiplication est limité, des études sont en cours au CENRAD (Nigeria), pour trouver de bonnes méthodes de multiplication végétative.

Récolte

Lorsqu’elle est destinée à l’herboristerie, l’écorce se récolte en bandes ou en morceaux.

Traitement après récolte

L’écorce est séchée à fond au soleil avant d’être entreposée à l’abri de l’humidité et de la chaleur. Il faut la surveiller régulièrement, car elle est sujette aux attaques de champignons.

Ressources génétiques

Spondianthus preussii est probablement sujet à érosion génétique en Afrique de l’Ouest suite au déboisement.

Perspectives

Spondianthus preussii conservera une importance locale comme source de rodenticide destiné à des milieux ruraux et urbains. Les propriétés pharmacologiques de l’acide bétulinique et de ses dérivés font l’objet de nombreuses études. Bien que cet acide ne soit pas rare chez les plantes, il serait intéressant d’approfondir les recherches sur les composés de Spondianthus preussii.

Références principales

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  • Radcliffe-Smith, A., 1987. Euphorbiaceae (part 1). In: Polhill, R.M. (Editor). Flora of Tropical East Africa. A.A. Balkema, Rotterdam, Netherlands. 407 pp.
  • Séré, A., Kamgué, R.T., Aké Assi, L. & Ba, A.C., 1982. Spondianthus preussii Engl. var. preussii, plante toxique pour le bétail africain. Extraction et dosage de l’acide monofluoroacétique, principe actif. Revue d’Elevage et de Médecine vétérinaire des Pays tropicaux 35(1): 73–82.

Autres références

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  • Tessier, A.M. & Paris, R.R., 1978. Study of some African toxic Euphorbiaceae containing cucurbitacins. Toxicological European Research 1(5): 329–336.

Sources de l'illustration

  • Radcliffe-Smith, A., 1987. Euphorbiaceae (part 1). In: Polhill, R.M. (Editor). Flora of Tropical East Africa. A.A. Balkema, Rotterdam, Netherlands. 407 pp.

Auteur(s)

  • M.O. Soladoye, P.O. Box 2029, Dugbe, Ibadan, Oyo State, Nigeria
  • A.A. Adebisi, Centre for Environment, Renewable Natural Resources Management, Research and Development (CENRAD), P.M.B. 5052, Jericho Hills, Ibadan, Nigeria

Citation correcte de cet article

Soladoye, M.O. & Adebisi, A.A., 2008. Spondianthus preussii Engl. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 16 octobre 2025.


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