Sterculia caribaea (Rollet, Antilles)




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Sterculia caribaea R. Br. In Bennett et al., Pl. Jav. Rar. : 228 (1844).
Synonymes : Sterculia ivira Sw. (1788) ; Clompanus caribaea (R. Br.) Kuntze (1891).
Noms vernaculaires : Créole : Maho kochon (Ste-Lucie). Fr : Bois mapou-baril (Guadeloupe) ; Mahot-cochon (Guadeloupe, Martinique) in DUSS qui à tort mentionne aussi Châtaignier-grande-feuille (nom vernaculaire à réserver à Sloanea dentata) ; Mahot-cochon (Dominique, Ste-Lucie). A : Mahoe (Ste-Lucie, St Vincent, Trinidad) ; Bastard Mahoe (Jamaïque, St Vincent) ; Mahoe cochon (Dominique).
Description : Grand arbre atteignant 35 m de haut avec 1 m de diamètre et plus. Pied : sans pattes ou peu importantes ; fût très cylindrique à pivot important et restant béant dans le sol après pourriture de l’arbre ; petites racines traçantes ocre jaune à grosses lenticelles. Écorce : épaisseur totale 9 mm pour un diamètre de 25 cm ; 15 mm pour un diamètre de 51 cm. Aspect externe : gris jaunâtre à marron clair ; sublisse ; rugueuse par les lenticelles dont le liège tombe facilement en frottant ; liège mince. Rhytidome : peu ou pas développé ; écorce grattée ; orange, vergeté orange foncé ; chanvreuse. Écorce vivante : blanchis rose carminé parsemé de points oranges, fibro-grumeleux, sec ; section transversale : externe : 2-4 mm, rose, zone des rayons élargis confluents ; interne : 5 mm, rayons blancs progressivement élargis en entonnoir, séparant des secteurs de phloème orange scalariforme. Aubier : blanc à orange clair, assez mou, soyeux, rayons très visibles ; pores invisibles. Rameaux : épais, larges cicatrices foliaires ; gros bourgeon terminal, 7-8 mm de diamètre à grosses bractées triangulaires concaves. Feuilles : alternes, entières, elliptiques lancéolées ou un peu cordiformes, palmatinerves, face inférieure blanchâtre ou bleuâtre ; 13-20 × 7-10 cm, groupées en rosettes en bout de rameau ; les jeunes feuilles sont plus grandes, 25-35 × 17-24 cm, diversement lobées (2-3-5 lobes) ; pétiole long de 10-13 cm à 2 pulvini (renflements) à la base et au sommet. Fleurs : rouges et jaunes, parfumées, apétales, polygames (mâles et hermaphrodites), longues d’env. 1 cm ; panicules axillaires pendants. Fruits : follicules ligneux, 5-8 × 3-5 cm, marron, groupés par 4-5, déhiscents par un côté ; intérieur garni de poils irritants ; graine noire, 2 cm de long, oblongue, 2-6 par follicule. Phénologie : sempervirent ou brièvement décidu. Fleurs : 2 périodes : avril-mai et septembre, octobre-novembre. Fruits en janvier. Habitat : commun mais disséminé en forêt dense et d’altitude, entre 100 m et 1000 m. Tempérament : essence d’ ombre ; régénération assez bonne. Plantule : Type IX. La graine reste au sol et renferme deux gros cotylédons succulents, orangés. Il arrive que ces cotylédons soient apparents. L’axe épicotylé épais et très long, porte une première paire de feuilles opposées simples, entières et pourvues d’un acumen, entre 20 et 40 cm du sol. Les feuilles alternes suivantes demeurent entières. Vers le 7ème nœud, seulement, elles deviennent trilobées. Toutes ces feuilles ont une face inférieure vert blanchâtre, pâle et mate, une face supérieure vert tendre. Elles montrent une nervation palmée à 3 nervures remarquables partant de la base du limbe. Le bourgeon apical est protégé par les deux stipules jointives de la feuille sous-jacente. Ces stipules tombent très vite mais laissent une cicatrice annulaire au-dessus de chaque pétiole.
Usages : Aubier blanc, coeur gris brunâtre, grain grossier (d = 0,51) (FRASER) ; sensible aux termites et aux champignons (BROOKS) ; usinage facile. Menuiserie intérieure, caisserie, coffrage, cercueils bon marché. Les Caraïbes utilisaient le bois pour border les gommiers (canots) ainsi que la fibre de l’écorce bouillie avec de la résine de Dacryodes et de l’huile de requin pour calfater (HODGE & TAYLOR) ; écorce pour liens ; graines à goût de noisettes grillées ou crues (FOUQUÉ). Tonnellerie : a été très utilisé pour conditionner le sucre, et entre 1939 et 1945 pour le café.
Distribution générale : Endémique des grandes îles volcaniques des Petites Antilles (HOWARD 1989). Absent de Trinidad ! où les auteurs (en particulier MARSHALL) ont souvent pris Sterculia pruriens, existant à Trinidad pour Sterculia caribaea ; voir notes in HOWARD 1989.
Distribution aux Petites Antilles : Montserrat, Guadeloupe (Basse-Terre), Dominique, Martinique, Ste-Lucie, St Vincent.
Matériel examiné : BT : DUSS 217, Matouba (P) ; DUSS 551, Bains Jaunes (P) ; FOURNET 4332, Petit-Bourg, Duclos bord Rivière à Goyaves (P) ; L’HERMINIER s.n., Soufrière, Bains Jaunes (P) ; QUENTIN 945, Montebello, 60 m (P) ; QUESTEL s.n., Sofaia (P) ; QUESTEL 1703, illisible Montebello ? (P) ; QUESTEL 2340, Bois Rian (P) ; RODRIGUEZ 4256, Sofaia (P) ; ROLLET 52, Bains Jaunes, 950 m (GUAD) ; ROLLET 170, Maison de la Forêt, 280 m (GUAD) ; ROLLET 897, entre St Claude et Beausoleil, 650 m (GUAD) ; STEHLÉ s.n., Palmiste, 450 m (P) ; STEHLÉ 3022, Trois Rivières, 400 m (P). D : EGGERS 686, Lagune Roseau, 1000 m (P). Commun en forêt entre 100 et 1000 m (NICOLSON and al. : 17 spécimens cités). M : BÉLANGER s.n., s.loc. (P) ; BÉLANGER 209, s.loc. (P) ; HAHN 1213, Piton Macouba (P) ; HAHN 1433, Calebasse (P) ; OLDEMAN & MAURICE M15, près sommet Vauclin, 500 m (P).
Observations : BT : Matouba, Trois Rivières, Ravine Chaude, 150-1000 m (DUSS) ; Moreau-Douville, 250 m ; Grand-Étang, 400 m ; As de Pique, 720 m ; Sarcelle, 250 m ; chute du Carbet, 570 m ; Trace Karukera, 770 m ; Trace des Crêtes, 550 m ; Sofaia, 300 m ; Monts Caraïbes, 500 m ; Trace Victor Hughes, 650-950 m ; entrée Bois Mahler, 100 m (ROLLET). D : Freshwater Lake, 750 m (ROLLET). M : Alma, Absalon, Fond-St-Denis, Ajoupa Bouillon (DUSS). Anse Couleuvre, 450 m ; Man Roy, 600 m ; Rivière Absalon, 300-350 m ; Petit Morne, 350 m ; Terreville, 400 m ; Chapeau Nègre, 650 m ; Route de la Trace, 600 m ; Bellevue, 700 m
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(FIARD & ROLLET). SL : Castries Waterworks Res., 200 m (V. SLANE). Chassin, 250-300 m ; Dennery waterworks Res., 300 m ; Cul de Sac River, 400 m ; Piton Flore, 420 m ; Quilesse, 450 m ; Grand Magazin, 400-450 m (ROLLET).
Bibliographie : (*Iconographie). ADAMS 1972 ; BEARD 1944, 1949 ; BROOKS et al. 1941 ; DUSS 1897 ; FAWCETT & RENDLE 1925 ; FOUQUÉ 1972 ; FOURNET 1978 ; FRASER 1957 ; HODGE & TAYLOR 1957 ; HOWARD 1989* ; LANG 1954 ; MARSHALL 1939 ; NICOLSON and al. 1991.
Anatomie du bois

- (3)-4-5-15-29-30-35-38-54-55-70 (Voir la signification des codes)
- Bois blanc beige à reflets dorés, pas différencié de l’aubier, à grain grossier, à maille brun rose large de 3 à 8 mm très visible, tendre et léger (0,35 à 0,50 g/cm3).
- Pores disséminés, isolés ou accolés radialement par 2 ou 3, rares (2 ou 3 par mm2) et bien visibles à l’œil nu (diamètre moyen de 200 à 240 μm). Perforations des éléments vasculaires uniques ; taille des ponctuations intervasculaires de l’ordre de 8 μm.
- Parenchyme associé aux pores en manchon mince ou épais, et apotrachéal en cellules isolées et courtes chaînettes et en lignes terminales. Files de cellules étagées, composées de 2 à 4 éléments.
- Rayons 4-10-(15)-sériés plus quelques petits 1-sériés, au nombre de 2 ou 3 par mm, de structure hétérogène : cellules couchées au centre et cellules carrées et dressées en bordure et aux extrémités. Ponctuations radiovasculaires identiques en taille aux intervasculaires.
- Fibres à ponctuations simples.