Strophanthus sarmentosus (PROTA)

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Ressources végétales de l'Afrique tropicale
Introduction
Liste des espèces


Importance générale
Répartition en Afrique
Répartition mondiale
Médicinal
Ornemental
Fibre


Strophanthus sarmentosus DC.


Protologue: Bull. Sci. Soc. Philom. Paris 3 : 123, t. 8, fig. 1 (1802).
Famille: Apocynaceae
Nombre de chromosomes: 2n = 18

Noms vernaculaires

  • Spider tresses, poison arrow vine (En).

Origine et répartition géographique

Strophanthus sarmentosus se rencontre depuis le Sénégal jusqu’à la Centrafrique, au nord de la R.D. du Congo et au sud de l’Ouganda, et vers le sud jusqu’à l’Angola (Cabinda).

Usages

En Afrique de l’Ouest, la graine sert à fabriquer du poison de flèche, surtout dans les régions arides où Strophanthus hispidus DC. est rare ou absent. Les graines de Strophanthus sarmentosus se mélangent généralement avec des parties végétales d’autres plantes, on les fait cuire à l’eau puis on concentre la décoction obtenue en un sirop toxique dans lequel on plonge les pointes de flèches. Dans toute l’Afrique de l’Ouest, la plante fait partie de la pharmacopée traditionnelle. Au Sénégal, la racine se prend en décoction pour traiter la gonorrhée et la lèpre. La macération de racines broyées s’avale à jeun pour traiter les douleurs des articulations et la hernie. Réduites en poudres, les racines se cuisent avec les graines de Digitalis exilis (Kippist) Stapf et se prennent pour traiter les flatulences accompagnant la constipation, sans provoquer de purge douloureuse. En Guinée, on applique les graines écrasées sur la tête pour éliminer les poux, et au Libéria elles servent à traiter la gale. En Côte d’Ivoire, la décoction de feuilles sert de collyre pour traiter la conjonctivite et le trachome. La décoction des rameaux se prend pour traiter l’arthrose rhumatismale ; quant au jus de feuilles, il se boit pour traiter les maladies vénériennes, ainsi que la macération d’écorce, qui s’utilise en lavement. On leur prête des vertus diurétiques et adoucissantes. La décoction de feuilles se prend en lavement et pour traiter la diarrhée, tandis que les racines en décoction s’ingèrent comme vermifuge ou pour redonner des forces. Au Sénégal et en Côte d’Ivoire, le latex s’applique sur les écorchures et les plaies comme cicatrisant. Pour cette raison, au Sénégal, la plante est utilisée dans les cérémonies de circoncision. Au Bénin, la décoction de feuilles mélangée à d’autres plantes se prend contre les morsures de serpent. Au Congo, la tige et les feuilles servent en bains de vapeur et en infusion contre les rhumatismes. Dans les années 1950, on utilisait un extrait de graines aux Etats-Unis et en Europe pour lutter contre l’arthrose rhumatismale. Au Nigeria, la tige sert à faire des arcs et l’écorce à confectionner des cordes, des chapeaux et des nattes.

Production et commerce international

Au début des années 1950, les fruits de Strophanthus sarmentosus, mélangés à ceux d’autres Strophanthus spp., étaient récoltés et exportés d’Afrique de l’Ouest à grande échelle comme matériau de base dans la production de la cortisone. Depuis, on a découvert des méthodes plus simples pour fabriquer ce composé et la récolte s’est arrêtée aussi subitement qu’elle avait commencé.

Propriétés

La composition en hétérosides cardiaques (cardénolides) dans les graines de Strophanthus sarmentosus est très variable. On distingue quatre types chimiques, basés sur les hétérosides faiblement polaires et solubles dans le chloroforme, dont deux sont répandus. Le premier type est présent dans toute l’aire de répartition de Strophanthus sarmentosus, et a pour composants principaux les hétérosides basés sur la sarvérogénine, le panstroside et le sarvéroside. Le second type est présent seulement en Afrique de l’Ouest, et a pour composants principaux les hétérosides basés sur la sarmentogénine, le sarnovide et la sarmentocymarine. Le troisième type, rare, ne se trouve que dans le sud de Mali. Il a pour composants principaux le musaroside et le sarmutoside, qui donnent comme aglycone la sarmutogénine. Le quatrième type, présent de l’ouest de la Côte d’Ivoire à la Sierra Leone, se caractérise par un très faible taux d’hétérosides, ayant principalement la sarvérogénine comme aglycone, le sarvéroside étant parfois remplacé par l’intermédioside. Les hétérosides solubles dans l’eau de ces quatre types sont fortement polaires et jusqu’à présent, on en a identifié 18. Ces hétérosides polaires sont principalement des dérivés de 7 aglycones à différents stades d’oxydation, et les composés principaux sont le sarmentoside A, le tholloside, le sarhamnoloside, le locundioside et le bipindoside. Les graines contiennent aussi des traces d’ouabaïne. Toutes les autres parties végétales contiennent aussi des hétérosides, mais seulement en traces sauf pour le latex. La plupart des hétérosides isolés sont fortement toxiques.

Le sarmentoside A a augmenté in vitro la force et le rythme des contractions cardiaques chez les lapins ; cette propriété cardioactive était similaire à celle de la digoxine, un hétéroside de Digitalis. L’aglycone sarmentogénine, qui contient un 11-ketocorticostéroïde, était utilisée dans les années 1950 pour produire de la cortisone. A cette époque, la cortisone était un médicament nouveau dans le traitement de l’arthrose et des rhumatismes cardiaques, et on pensait que de grosses quantités étaient nécessaires pour soigner les patients ; mais par la suite on a découvert qu’il fallait des doses bien plus faibles. En raison de la réputation de Strophanthus eu égard à la production de cortisone, on a davantage étudié ses aspects botaniques et chimiques, en particulier les autres corticostéroïdes et les hormones sexuelles. Comme on avait découvert que la concentration de sarmentogénine destinée à la production de cortisone était très variable dans les graines de Strophanthus sarmentosus, on a mis au point d’autres méthodes pour obtenir des 11-ketocorticostéroïdes plus facilement à partir d’autres espèces de plantes, par ex. de la diosgénine (une sapogénine), issue des Dioscorea spp., et de l’hécogénine issue des Agave spp. C’est alors que la demande en graines de Strophanthus sarmentosus s’est effondrée.

Falsifications et succédanés

Les graines de Strophanthus hispidus sont plus couramment utilisées en Afrique de l’Ouest que celles de Strophanthus sarmentosus dans la fabrication du poison de flèche, sauf dans les régions arides, où le premier est rare ou absent. Dans la zone des forêts, surtout dans les pays à l’est du Cameroun, on préfère Strophanthus gratus (Wall. & Hook.) Franch. à Strophanthus sarmentosus.

Description

Arbuste caducifolié à longues tiges traînantes ou liane atteignant 40 m de long, à exsudat clair et blanc, tige atteignant 15 cm de diamètre ; écorce brun pâle, liégeuse et profondément fissurée ; rameaux à lenticelles nombreuses, brun foncé ou brun rougeâtre, à nombreuses protubérances liégeuses atteignant 1 cm de haut. Feuilles opposées décussées ou en verticilles de 3, simples et entières ; stipules absentes ; pétiole de 2–17(–20) mm de long ; limbe elliptique à ovale, de 2–15 cm × 1,5–7 cm, base cunéiforme à arrondie, apex acuminé, bord souvent ondulé ou légèrement révoluté, glabre. Inflorescence : cyme terminale dichasiale serrée, disposée sur des rameaux courts ou moins souvent sur les rameaux longs ou dans les fourches, à 1–5(–11) fleurs ; pédoncule de 0–6(–10) mm de long ; bractées ovales, de 4,5–13,5 mm de long, sépaloïdes. Fleurs bisexuées, régulières, 5-mères, odorantes ; pédicelle de 2–12 mm de long ; sépales libres, légèrement inégaux, ovales à elliptiques, de 5–20 mm de long, aigus ; tube de la corolle de 15–40 mm de long, s’élargissant à 22–35% de sa longueur en une partie supérieure en forme de coupe, faisant 15–30 mm de large à la gorge, blanc virant au jaune dans la partie inférieure à l’extérieur, rose virant au violet dans la partie supérieure à l’extérieur, blanc et strié de rouge ou de violet à l’intérieur, le blanc virant au jaune, lobes de la couronne étroitement triangulaires et souvent ondulés, de 5–22 mm de long, sommet aigu, blancs, striés de rose ou de violet, le blanc virant au jaune, lobes de la corolle ovales, de 7–20 mm × 6–18 mm, progressivement ou assez brusquement rétrécis en une queue retombante de 1–2,5 mm de large, lobes de 4–14 cm de long (queue comprise), blancs virant au jaune sur les deux faces, extérieur près de la base rose ou violet, queues jaune pâle ; étamines insérées à 7–13,5 mm de la base du tube de la corolle, incluses ; ovaire semi-infère, 2-loculaire, style de 9–17,5 mm de long, se terminant en une tête de pistil entourant un stigmate minuscule. Fruit constitué de 2 follicules ellipsoïdes de 10–28 cm × 1,5–4,5 cm, s’amenuisant en un apex large et obtus, à 2 valves, divergeant de 180°, à paroi épaisse et dure, glabre, légèrement cannelée, à lenticelles nombreuses, contenant de nombreuses graines. Graines fuselées, de 8–20 mm × 2–4 mm, densément poilues, pourvues à l’apex d’un long bec atteignant 8 cm de long, glabre dans la moitié inférieure, garni dans la moitié supérieure de longs poils atteignant 10 cm de long.

Autres données botaniques

Le genre Strophanthus comprend 38 espèces, dont 30 en Afrique continentale, 1 à Madagascar et 7 en Asie, de l’Inde à l’Asie du Sud-Est. Chez Strophanthus sarmentosus on distingue deux variétés, la var. sarmentosus, très commune, aux fleurs brièvement poilues, et la var. glabriflorus Monach., rare et confinée à la Guinée, à fleurs glabres.

Croissance et développement

Strophanthus sarmentosus fleurit à la saison sèche, juste avant que les feuilles ne se développent. Les fruits mûrissent durant la saison sèche. On a vu des plantes cultivées atteindre plus de 55 ans.

Ecologie

Strophanthus sarmentosus est présent dans les forêts pluviales, les forêts-galeries et les fourrés, depuis le niveau de la mer jusqu’à 1400 m d’altitude.

Gestion

Bien que Strophanthus sarmentosus ne soit pas cultivé, il est parfois épargné lors du défrichement des zones boisées, et il fait l’objet de soins. Comparée à Strophanthus hispidus, Strophanthus sarmentosus ne pousse pas facilement à partir de tiges enracinées et produit moins de fruits lorsqu’il est cultivé qu’à l’état sauvage.

Récolte

Les fruits sont récoltés avant maturité, sinon ils s’ouvrent et les graines se dispersent.

Traitement après récolte

Les fruits presque mûrs destinés au poison de flèche se conservent en jarre jusqu’à ce qu’ils s’ouvrent. Les graines sont ensuite débarrassées de leur touffe de poils, soit en les remuant soit en les brûlant, puis on les fait griller pour préserver leurs propriétés chimiques en détruisant l’enzyme qui peut transformer les hétérosides en composés biologiquement inactifs, lorsque les graines sont conservées pour une longue période ou qu’elles prennent l’humidité.

Ressources génétiques

Tout en ayant une vaste répartition, Strophanthus sarmentosus n’est pas commun. Bien qu’il soit représenté dans les jardins botaniques des régions tropicales et des régions tempérées, on ne connaît aucune tentative concertée de conservation des ressources génétiques ou de programme d’amélioration génétique.

Perspectives

L’usage médicinal de Strophanthus sarmentosus restera limité, à moins que d’autres études sur ses composants chimiques ne viennent révéler de nouvelles possibilités. Strophanthus sarmentosus peut être cultivé comme plante ornementale car il possède des fleurs superbes, mais comme il est difficile à multiplier, il restera probablement une espèce secondaire.

Références principales

  • Beentje, H.J., 1982. A monograph on Strophanthus DC. (Apocynaceae). Mededelingen Landbouwhogeschool Wageningen 82–4. Wageningen, Netherlands. 191 pp.
  • Burkill, H.M., 1985. The useful plants of West Tropical Africa. 2nd Edition. Volume 1, Families A–D. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 960 pp.
  • Hegnauer, R., 1964. Chemotaxonomie der Pflanzen. Band 3. Birkhäuser Verlag, Basel, Switzerland. 743 pp.
  • Neuwinger, H.D., 2000. African traditional medicine: a dictionary of plant use and applications. Medpharm Scientific, Stuttgart, Germany. 589 pp.

Autres références

  • Arbonnier, M., 2004. Trees, shrubs and lianas of West African dry zones. CIRAD, Margraf Publishers Gmbh, MNHN, Paris, France. 573 pp.
  • Beentje, H.J. & Cooke, D., 2000. Strophanthus sarmentosus: Apocynaceae. Curtis’s Botanical Magazine 17(4): 202–207.
  • Burkill, H.M., 2000. The useful plants of West Tropical Africa. 2nd Edition. Volume 5, Families S–Z, Addenda. Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, United Kingdom. 686 pp.
  • Neuwinger, H.D., 1996. African ethnobotany: poisons and drugs. Chapman & Hall, London, United Kingdom. 941 pp.
  • Owonubi, M.O. & Iwalewa, E.O., 1997. Cardio-activity of sarmentoside-A from Strophanthus sarmentosus seeds. Nigerian Journal of Natural Products and Medicine 1: 16–18.

Sources de l'illustration

  • Beentje, H.J., 1982. A monograph on Strophanthus DC. (Apocynaceae). Mededelingen Landbouwhogeschool Wageningen 82–4. Wageningen, Netherlands. 191 pp.

Auteur(s)

  • H.J. Beentje, Royal Botanic Gardens, Kew, Richmond, Surrey TW9 3AB, United Kingdom

Citation correcte de cet article

Beentje, H.J., 2006. Strophanthus sarmentosus DC. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 13 octobre 2025.


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