Tabernaemontana persicariifolia (PROTA)
![]() |
Introduction |
Tabernaemontana persicariifolia Jacq.
- Protologue: Collectanea 4 : 139 (1791), “Tabernaemontana persicariaefolia”.
- Famille: Apocynaceae
Synonymes
- Tabernaemontana mauritiana Lam. (1792).
Noms vernaculaires
- Bois de lait (Fr).
Origine et répartition géographique
Tabernaemontana persicariifolia est endémique de l’île de la Réunion et de l’île Maurice.
Usages
La décoction de l’écorce de la tige et des feuilles de Tabernaemontana persicariifolia a des propriétés astringentes, et on la prend pour traiter la gonorrhée et la dysenterie. On en prend aussi pour expulser les vers intestinaux. Le jus de l’écorce et les racines servent de poison pour la pêche.
Propriétés
Plusieurs alcaloïdes indoles ont été isolés à partir de Tabernaemontana persicariifolia. L’écorce de la tige et l’écorce des racines contiennent surtout des alcaloïdes indoles monomères, la drégamine et la vobasine, et aussi de la tubotaïwine, également présente dans les feuilles. La drégamine présente une activité convulsivante et des activités stimulant la respiration. Elle inhibe également la fatigue musculaire in vitro et in vivo. On l’emploie dans le traitement de l’asthénie musculaire et nerveuse, de la dépression respiratoire et du poliovirus de type III (HPV-3). La tubotaïwine possède une activité analgésique locale. Quant à la vobasine, elle a fait preuve de peu d’activité lors des essais d’évaluation pharmacologique générale. L’écorce contient aussi des stérols, des triterpènes et des saponines.
Description
Arbuste ou petit arbre atteignant 5(–10) m de haut, à ramification dichotomique ; tronc atteignant 40 cm de diamètre ; écorce rugueuse. Feuilles opposées, simples et entières ; ochréa visible, s’élargissant en stipules à l’aisselle des pétioles ; pétiole de 5–22 mm de long ; limbe étroitement elliptique à elliptique, de 4–18 cm × 1–9 cm, base cunéiforme ou arrondie, apex aigu, obtus ou acuminé, coriace, pennatinervé à 7–20 paires de nervures latérales. Inflorescence : corymbe de 3–6 cm de long, par 2 à la fourche des branches, portant 3–20 fleurs, relativement resserré ; pédoncule de 5–25 cm de long, relativement mince. Fleurs bisexuées, régulières, 5-mères, parfumées ; pédicelle de 3–10 mm de long ; sépales presque libres, sous-tendus par 1–2 bractéoles, suborbiculaires à largement elliptiques, de 2–3,5 mm de long ; tube de la corolle cylindrique, de 9–23 mm de long, poilu à l’intérieur depuis le point d’insertion des étamines jusqu’à la gorge, légèrement tordu à la base, lobes obliquement elliptiques, de 9–16 mm × 3–7 mm, à apex arrondi, étalés, se retroussant par la suite, blancs à jaune pâle ; étamines insérées à 2–3 mm en dessous de la gorge de la corolle, légèrement incluses ou légèrement saillantes, anthères sessiles, étroitement triangulaires, base sagittée, apex acuminé ; ovaire supère, ovoïde, constitué de 2 carpelles, connés à la base, styles fusionnés, minces, de 6–15 mm de long, tête du pistil de 0,5–1,5 mm de long, composée d’un anneau basal frangé, une partie centrale obovoïde et un apex stigmoïde 2-lobé. Fruit constitué de 2 follicules ovoïdes distincts de 3–6,5 cm de diamètre, munis de 2 côtes latérales étroites, apex aigu ou acuminé, à 2 valves, verts, contenant de nombreuses graines. Graines obliquement triangulaires ou ellipsoïdes, de 10–11 mm de long, à sillons longitudinaux, papilleuses, brun clair, arille rouge foncé.
Autres données botaniques
Le genre Tabernaemontana est pantropical et comprend environ 110 espèces. On trouve environ 18 espèces sur le continent africain et 15 à Madagascar. Tabernaemontana persicariifolia est la seule qui soit présente aux Mascareignes. Elle fleurit de décembre à mai, le pic se situant de février à mars. Les fruits se développent un peu plus tard.
Ecologie
Tabernaemontana persicariifolia est présent dans les forêts et dans les milieux rocailleux ouverts, jusqu’à 1200 m d’altitude. Sur l’île de la Réunion, on le trouve dans les forêts relativement sèches à basse altitude, et à l’île Maurice dans les forêts plus humides à des altitudes moyennes à élevées.
Ressources génétiques
Tabernaemontana persicariifolia est endémique de l’île de la Réunion et de l’île Maurice et avec les défrichements en cours de la forêt, il peut fort bien souffrir d’érosion génétique. Sur l’île de la Réunion, il se rencontre dans les forêts hétérogènes et relativement sèches de basse altitude, mais c’est un type de forêt qui ne survit plus que dans quelques localités protégées. A Maurice, il reste encore assez commun par endroits dans les forêts humides, à des altitudes moyennes à élevées.
Perspectives
On sait peu de choses sur les alcaloïdes indoles de Tabernaemontana persicariifolia. Il est nécessaire d’approfondir les recherches sur le plan pharmacologique et phytochimique pour évaluer complètement le potentiel de cette espèce.
Références principales
- Gurib-Fakim, A. & Brendler, T., 2004. Medicinal and aromatic plants of Indian Ocean Islands: Madagascar, Comoros, Seychelles and Mascarenes. Medpharm, Stuttgart, Germany. 568 pp.
- Kodja, H., Robène-Soustrade, I. & Figier, J., 1997. Synergistic effect of DFMO and 2,4-D on regeneration of Tabernaemontana persicariaefolia Jacq. in vitro. Acta Physiologiae Plantarum 19(3): 359–366.
- Leeuwenberg, A.J.M., 1991. A revision of Tabernaemontana 1. The Old World species. Royal Botanic Gardens, Kew, United Kingdom. 223 pp.
- van Beek, T.A., Verpoorte, R., Baerheim Svendsen, A., Leeuwenberg, A.J.M. & Bisset, N.G., 1984. Tabernaemontana L. (Apocynaceae): a review of its taxonomy, phytochemistry, ethnobotany and pharmacology. Journal of Ethnopharmacology 10(1): 1–156.
Autres références
- Lavergne, R., 2001. Le grand livre des tisaneurs et plantes médicinales indigènes de la Réunion. Editions Orphie, Chevagny sur Guye, France. 522 pp.
- Markgraf, F. & Boiteau, P., 1973. Les “bois de lait” des iles Mascareignes. Adansonia 13(2): 241–248.
- Picot, F., Lallemand, F., Boiteau, P. & Potier, P., 1974. Alcaloides indoliques de Pandaca mauritiana. Phytochemistry 13: 660–661.
- van Beek, T.A. & van Gessel, M.A.J.T., 1988. Alkaloids of Tabernaemontana species. In: Pelletier, S.W. (Editor). Alkaloids: Chemical and biological perspectives. Vol. 6. Wiley, New York, United States. pp. 75–226.
Auteur(s)
- G.H. Schmelzer, PROTA Network Office Europe, Wageningen University, P.O. Box 341, 6700 AH Wageningen, Netherlands
Citation correcte de cet article
Schmelzer, G.H., 2006. Tabernaemontana persicariifolia Jacq. In: Schmelzer, G.H. & Gurib-Fakim, A. (Editors). PROTA (Plant Resources of Tropical Africa / Ressources végétales de l’Afrique tropicale), Wageningen, Netherlands. Consulté le 16 octobre 2025.
- Voir cette page sur la base de données Prota4U.