Yanbout (Ibn al-Baytar)
Nom accepté : Anagyris foetida
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C’est en Syrie le caroubier des chèvres, الخروب المعزى - al-ẖarrūb al-mʿzi.
Abou Hanîfa. Il y en a deux genres. L’un est piquant et petit. On l’appelle caroubier nabathéen. Il a un fruit comme une pomme, contenant des graines rouges. Il resserre le ventre et s’emploie en médecine. L’autre est un grand arbre semblable à un pommier de haute taille, à feuilles plus petites que celles du pommier, à fruit plus petit que l’azerole, d’un noir foncé, d’une saveur très douce, contenant, des graines qui s’emploient pour peser. Il ressemble à l’yanbout ordinaire, si ce n’est que ses fruits sont plus petits et que c’est un arbre de grande taille. Le premier s’étale à terre et porte des piquants. On l’emploie pour allumer le feu quand on n’a pas d’autre combustible.
Le même. Le caroubier nabatéen n’est autre que ce buisson épineux dont on se sert pour allumer le feu. Il s’élève à la hauteur d’une coudée. Il y en a plusieurs espèces ; il donne un fruit rouge, petit, comme une pomme, que l’on abandonne sans le manger, à moins d’être pressé par la faim. On l’appelle el-qoss, القس - al-qos, il a des graines dures, lisses comme celles du caroubier de Syrie, mais qui sont plus petites.
Razès. Le yanbout est froid et sec. Sa décoction combat le dévoiement.
Eïssa ibn Massa. On doit manger le caroubier nabathéen en grande quantité, quand les règles sont excessives.
Anonyme. L’écorce de
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sa racine casse les dents putréfiées, calme leurs douleurs et les fait tomber sans extraction.
L’auteur. On a beaucoup varié à propos du yanbout. Les uns prétendent que ce sont les épines du qatâd (voyez le n° 1737), ce qui est une erreur, car le qatâd (astragale) est l’arbre qui produit la gomme adragante. Razès dit dans le Continent que c’est le hadj, assertion fausse, attendu que le hadj est l’aâqoul, العاقول - al-ʿaqūl (hédysarum) ; il en est question à la lettre hâ (voyez le n° 553). Razès dit dans le Kâfi que le yanbout est l’a’oussedj (rhamnus) (voyez le n° 1602), et, autre part, il assure que c’est le qounyza (voyez le n° 1859), qui est le tobbâk en arabe et dont j’ai parlé à la lettre tâ (voyez le n° 1448 ). C’est ainsi que l’on a rapporté au yanbout ce que Dioscorides et Galien ont dit du qounyza ou tobbâk, ce qui est une grave erreur. La vérité est ce que rapporte Abou Hanîfa, et il ne faut pas s’occuper des conjectures émises par d’autres auteurs.
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On voit que la détermination du yanbout n’est pas chose facile en présence d’une telle divergence d’opinions. Bochart a parlé du yanbout dans l’Hiérozoïcon, I, 709, et il y a cité le passage d’Abou Hanîfa. Sa version, qui diffère des autres en un point, nous paraît la bonne. Il compare le fruit du caroubier nabathéen, non pas à une pomme, تفاحة - tufāḥa, comme on lit généralement, mais à une ampoule, une vessie, بفخة - bfẖa, ce qui, rapproché des interprétations diverses contenues dans ce paragraphe, nous a autorisé à voir dans ce fruit le nom d’une légumineuse, l’Anagyris.