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L'Herbier Vilmorin (Belin)

L'herbier Vilmorin et les illustrations des Vilmorin sont passés en quelques années de sacs voués à la décharge au statut de patrimoine national numérisé. William Stearn m'avait confié il y a de nombreuses années son souci de le voir disparaître. Or c'est un des rares herbiers historiques au monde sur les plantes cultivées. Après la numérisation de l'herbier dans le cadre de e-Recolnat, on ne peut que souhaiter qu'il en aille de même pour les illustrations.

L'épopée de la famille Vilmorin commence avant la Révolution française. Philippe-Victoire de Vilmorin, fils d'agriculteur, se passionne pour les plantes et invente en plein Paris le commerce scientifique des graines. Pendant plus de 200 ans et sur six générations, la famille est à la pointe de la recherche agronomique et horticole en France et dans le monde. Pour leurs travaux et par passion pour les végétaux, les Vilmorin constituent un herbier étonnant, le seul du genre arrivé jusqu'à nous.

Cet herbier a bien failli disparaître à la fin du siècle dernier, mais l'enthousiasme de quelques-uns l'a sorti de l'anonymat. La commune de Verrières-le-Buisson, terre des Vilmorin de 1815 à 1966, s'est attachée à valoriser ce patrimoine exceptionnel. En 2006, l'herbier, qui comprend quelque 50 000 planches botaniques – dont un herbier dédié à Parmentier, une importante collection de blés, des aquarelles du Japon, un album d'iconographie de légumes… – a été classé Monument historique.

Ce livre raconte la contribution exceptionnelle des Vilmorin à l'amélioration des plantes alimentaires et ornementales. Il est illustré de quelque cent planches, parmi les plus belles de cet herbier remarquable.

Christine Laurent, historienne de formation, a exercé le métier de journaliste scientifique de 1985 à 2000. Depuis 2001, elle est chargée de mission à la Mairie de Paris et travaille actuellement à la direction des espaces verts et de l'environnement.

Les photographies sont de Johannes von Saurma, auteur de nombreux reportages autour du monde dans la presse européenne. Depuis 1990, sa recherche sur le monde du travail, l'artisanat et le spectacle fait l'objet d'expositions dans des musées et galeries, et d'éditions.

Christine Laurent, 2015. L'herbier Vilmorin. Deux siècles de passion pour les plantes comestibles et d'ornement. Belin. 192 p. ISBN 978-2-7011-9283-3 29.90 €

Michel Chauvet
19 novembre 2015

La plante du mois : la clématite

clématite

Suite à ma question sur l'usage de tiges de seringat ou de lilas comme mirliton, le forum ethnobotanique de Tela a dérivé sur la moelle de sureau et la clématite (Clematis vitalba). Cette plante a éveillé les souvenirs de jeux interdits à la campagne, quand les enfants fumaient des entre-nœuds de clématite. Aujourd'hui, il semble que les enfants des villes fument autre chose… Ce fait est attesté dans de nombreuses régions, et mentionné par Marcel Pagnol et Louis Pergaud dans La Guerre des Boutons. Une chose étonnante est que les noms locaux de la clématite sont restés bien vivants : herbe aux gueux, ravissano, tiran d'bribeu

Deux noms m'ont intrigués, et j'ai découvert des développements insoupçonnés :

  • dans de nombreuses régions, la clématite s'appelle viorne ou vioche. Les botanistes de la Renaissance le remarquent (Viorna vulgi, Lobel ; Viburnum Gallorum, Bellon), et même le Dictionnaire culturel du Robert note que le sens populaire de viorne est "clématite". Plus fort, quand on lit l'une des rares attestions en latin classique de viburnum, on trouve les vers de Virgile :
Verum hæc tantum alias inter caput extulit urbes Quantum lenta solent inter viburna cupressi,
traduit classiquement par :
Mais cette Rome a élevé sa tête entre les autres villes autant que les cyprès ont coutume d’élever la leur entre les viornes flexibles.

Il est clair que ces viornes sont des clématites, contrairement à ce qu'écrivent les latinistes ! Ce sens de "clématite" a d'ailleurs été repris par Linné qui a créé un Clematis viorna pour une espèce américaine.

  • en Normandie et ailleurs, la clématite est la liane ou lienne. Ce mot a été repris par les colons français des Antilles pour désigner les lianes tropicales, car dans l'Ouest de la France, seule la clématite a de longues tiges sarmenteuses et ligneuses. Du français, le mot a été emprunté par l'anglais liana et est devenu le nom générique de cette forme de vie typique des tropiques.

Grâce aux télabotanistes, Pl@ntUse s'est enrichi de pages fournies sur la clématite et sur les substituts du tabac, qui sont nombreux…

En prime, on trouvera des notes fouillées sur l'étymologie des noms Clematis, vitalba, Viburnum, viorne, liane et mancienne.

Curiosa

Pourquoi seringat est-il le nom de Philadelphus coronarius, alors que c'est le lilas qui s'appelle Syringa ? Ma perplexité a été redoublée quand j'ai lu que ce nom venait de l'utilisation des rameaux creux pour faire… des seringues ! Cela a été le début d'une longue quête étymologique, dont nous rendons compte dans notre Dictionnaire étymologique. Mais cette quête se termine en énigme.

Les botanistes de la Renaissance groupaient plusieurs plantes à fleurs odorantes sous le nom de Syringa. Ainsi, Bauhin dans son Pinax (1623) distingue Syringa cærulea, qui est le lilas Syringa vulgaris ; Syringa alba, qui est le seringat Philadelphus coronarius ; et Syringa Arabica foliis mali arantii, qui est le sambac, Jasminum sambac. Il semble en fait que le nom Syringa se soit d'abord appliqué au seringat, mais Linné en a décidé autrement. Cela répond à la première question.

fleurs de seringat

Quant à la deuxième, il faut savoir que l'étymon du latin médiéval syringa est le grec σῦριγξ, -ιγγος - surinx, - ingos, qui signifiait en grec ancien "flûte" ou "fistule". En latin médiéval, cette "flûte" ou "tuyau" a fini par désigner une "seringue". Mais en fait, il ne faut pas comprendre par là nos seringues hypodermiques ou intraveineuses. On appelait syringa tout tuyau dans lequel on pousse un liquide, ce qui s'applique aux seringues de lavement pour le rectum ou l'urètre !

La taille de l'objet convient mieux, mais ce n'est apparemment pas ce sens qu'il faut retenir. Il se pourrait que Tabernaemontanus nous donne la bonne explication en 1625 dans son Neuw Vollkommentlich Kreuterbuch : "on peut utiliser les rameaux comme sifflet, en en enlevant la moelle". Cette explication est bien plus plausible. Il reste à la vérifier expérimentalement. Si vous avez un lilas ou un seringat dans votre jardin, coupez-en un rameau, évidez-en le cœur moelleux, et soufflez dedans pour voir (ou entendre) le résultat. Dites-nous ensuite le résultat sur le forum ethnobotanique de Tela Botanica.

Michel Chauvet

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