Selîkha (Ibn al-Baytar)

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Seksenbouïa
Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Silk


1205 - Selîkha, Cannelle.


Nom accepté : [[]]

[2-272]

  • Dioscorides, I, 12. Kassia (c'est la selîkha). Il en est plusieurs sortes qui proviennent de l'Arabie aromatifère, aiwil cjjjJS ^5Vj ^ Ajjli'SM. Cet arbre a des tiges dont l'écorce est épaisse et des feuilles pareilles à celles de l’iris, Uyjj. Il faut choisir l'espèce qui est de la couleur du rubis, d'une belle couleur, imitant le corail, très étroite, lisse, longue, d'épais calibre et pleine, piquant la langue, astringente avec un peu d'âcreté, aromatique, rappelant l'odeur du vin. C'est cette espèce que les habitants du pays appellent akhoû, y=-^, et que les marchands d'Alexandrie appellent daphnitis. Meilleure encore est celle qui est d'un noir tirant au pourpre, que l'on appelle djîzir, Çîyip, dont l'odeur rappelle celle de la rose, et qui est d'un usage fréquent en médecine. Après ces deux espèces, il en est une troisième que l'on appelle blaktos mosoulitis (y*.k*b, (3Àax7os (xocrvkrJTis). Les autres sortes sont de mauvaise qualité, ainsi la sorte appelée asoufi (i_^*«l, â&v(prtfxwv), noire, désagréable, à mince écorce. Telle est encore celle que l'on appelle kitto, JLs, et dâkâr, Jë)b. On trouve aussi des écorces qui ressemblent beaucoup à la cassia, mais qui n'en sont pas réellement, ce que l'on reconnaît à la saveur, qui n'a rien d'âcre ni d'aromatique, et à l'adhérence de l'écorce avec la partie médullaire. On en trouve aussi qui ont un calibre large, qui sont molles, légères, à surface rugueuse, meilleures toutefois que les précédentes. Il faut rejeter celles qui tournent un peu au blanc, qui sont licheneuses, d'une odeur de porreau, et dont le calibre n'est pas suffisamment large.
  • Galien, VII.
  • Avicenne. La cannelle résout les vapeurs grossières. Elle a un peu d'astringence avec beaucoup d'âcreté. Elle a beaucoup de subtilité neutralisée par son âcreté. Par son astringence, elle aide à l'action des astringents. Par son action résolutive, elle seconde les évacuants. Par ses propriétés résolutives, astringentes et subtilisantes, elle fortifie les organes.
  • Mohrarîs. Elle provoque violemment l'issue du fœtus.
  • Livre des Expériences. Elle échauffe les organes internes et les désobstrue. Elle provoque l'issue du fœtus mort ou vif et de l'arrière-faix. Elle est utile dans les affections de la poitrine et de la plèvre causées par des humeurs visqueuses ou des vapeurs grossières. Elle aide à l'expectoration. Employée en fumigations vers la matrice, elle est utile contre les humeurs putrides et peccantes, et elle en assainit l’odeur. Dans son emploi contre les affections thoraciques, il faut lui associer la racine de réglisse. Triturée et répandue ou appliquée sous forme de cataplasme sur la partie antérieure du crâne, elle est utile contre les fluxions de la tête.

Le cinnamome et la cannelle ont donné lieu à de longues discussions chez Garcias ab Horto, Saumaise, O. Celsius. Nous nous bornerons à quelques mots. D'abord, quelle était la différence entre le cinnamome et la cannelle ? Nous avons déjà vu que la nature ligneuse et la provenance du cinnamome étaient attestées par les mots arabes dâr siny, bois de Chine. Garcias s'est trompé en niant que le dâr siny vînt de la Chine. La cannelle était surtout une écorce, et nous en avons la preuve, tant dans le texte de Dioscorides que dans le mot selîkha des Arabes. On a voulu dériver ce mot selîkha du mot grec ftiAtj^. Celsius combat cette opinion par des raisons qui ne valent pas, à notre avis, celle que nous allons donner. Dans la traduction arabe de Dioscorides, quand les traducteurs n'avaient pas d'équivalent, ils transcrivaient simplement le grec; quand ils en avaient un, ils le donnaient : or, ici nous lisons &i?>A.w.Si y£>^ Ia**ï « kassia qui est la selîkha. » Selîkha nous paraît donc d'origine arabe. Dioscorides donne l'Arabie comme la provenance de la cannelle. On doit, ici comme ailleurs, admettre qu'il a pris le marché pour la provenance. Les feuilles de l'arbre sont comparées dans l'arabe à celles de l'iris. On trouve cette version dans quelques manuscrits ; mais nous croyons, avec Sprengel, qu'au lieu d'ireôs il vaut mieux lire pepereôs, le poivre. La cannelle est fournie par plusieurs arbres de l'Inde et de la Chine, des genres cinnamomum et laurus. Voyez ce que nous avons dit du dâr sîny au n° 841.