Skinkour (Ibn al-Baytar)

De Pl@ntUse
Aller à la navigation Aller à la recherche
Skorbiouïdâs
Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Sokker


1197 - Skinkour, Scinque.


Nom accepté : [[]]

[2-261]

  • Dioscorides, II, 71. Il y en a une espèce d'Egypte, une de l'Inde, une de la mer Rouge et une de la Lybie mauritanique. C'est une sorte de saurien, que l'on fait dessécher dans du cresson alénois, etc.
  • Ibn Djamî. Le scinque est un animal qui ressemble beaucoup à l’ouaral. On le rencontre dans le sable sur le rivage du Nil, et surtout dans la Haute-Egypte. C'est un animal qui vit sur la terre et dans l'eau, c'est-à-dire dans l'eau du Nil. C'est pour cela qu'on l'appelle ouaral aquatique; ouaral, à cause de sa ressemblance avec cet animal; aquatique, parce qu'il vit dans l'eau. Dans l'eau, il se nourrit de poissons et, sur la terre, d'animaux tels que les sauriens. Il avale ses aliments d'une façon gloutonne, et j'ai trouvé dans ses entrailles des lézards entiers et non déformés, n'ayant subi aucune altération. Il provient de mâles et de femelles. La dissection démontre chez le mâle des testicules pareils aux testicules du coq, placés à l'intérieur, de même forme et de même volume, et pareillement situés. La femelle pond plus de vingt œufs, qu'elle enterre dans le sable où la chaleur détermine leur éclosion. C'est ainsi que s'explique l'opinion qui fait du scinque un produit du crocodile, quand celui-ci, contrairement à ses habitudes, vient à terre. Il y a plusieurs différences entre le scinque et l'ouaral. L'une tient à l'habitation. L'ouaral habite la campagne et les terrains pierreux. Le scinque fréquente les bords sablonneux du Nil et les terrains environnants. Ensuite, si l'on touche l'ouaral, on lui trouve la peau dure et raboteuse, tandis que celle du scinque est douce et lisse. La couleur aussi est différente : l'ouaral est jaune et gris; le scinque est tacheté de noir et de jaune.
  • Mohammed ibn Ahmed, surnommé Et-Temîmy, rapporte, dans son Morched, que le scinque mâle a deux verges et la femelle deux vagins; cependant rien ne le prouve extérieurement, et c'est une question à élucider par la dissection. Le même auteur rapporte dans le même ouvrage qu'il a lu dans certains livres des Propriétés et qu'il a entendu raconter par des habitants du Saïd que le scinque mord l'homme et qu'ensuite il cherche de l'eau pour s'y jeter ; que, s'il n'en trouve pas, il pisse et se roule dans son urine : dans ce cas, l'individu mordu meurt à l'instant, et le scinque n'a aucun mal. Si, au contraire, le sujet mordu devance le scinque et entre dans l'eau avant que le scinque s'y jette ou se roule dans son urine, le scinque alors tombe sur le dos, meurt à l'instant, et l'homme est sauvé. Ce sont là des propriétés merveilleuses, si toutefois elles sont réelles. On choisit de cette espèce le mâle, qui jouit de propriétés plus actives dans son emploi comme aphrodisiaque, ce qui est démontré par l'expérience aussi bien qu'indiqué par le raisonnement. Le mâle paraît même exclusivement réservé à cet emploi, à l'exclusion de la femelle. Entre les organes et les parties de cet animal, on choisit ce qui touche aux lombes, à la naissance de la queue, les vaisseaux ombilicaux, la chair et la graisse de l'abdomen. Ces parties sont les plus actives et aussi celles que l'on emploie plus spécialement. Quant à l'époque où il faut faire la chasse de cet animal et recueillir les parties employées pour leurs propriétés, c'est le printemps : c'est en effet la saison où il entre en rut et où sa chair a le plus de vertu. Voici la manière d'y procéder : il faut le tuer le jour même de sa capture, car si on le laisse en vie pendant quelques jours, sa graisse se fond, sa chair se flétrit et ses propriétés s'amoindrissent. On commence par lui couper la tête, les membres et la queue, sans couper cependant la queue tout entière, mais on en laisse un petit bout. Alors on lui fend le ventre dans le sens de la longueur ; on enlève les entrailles, à l'exception de la graisse et des rognons ; on le nettoie ; on le remplit de sel ; on le coud et on le suspend la tète en bas, à l'ombre, dans un endroit bien aéré, de manière qu'il se dessèche sans se corrompre. Alors on l'enlève et on le conserve dans un vase qui n'empêche pas l'accès de l’air ni son renouvellement, par exemple dans des corbeilles tressées avec des branches de saule, de tamarisc et de palmier, de manière à le mettre à l'abri des rats ou des autres animaux qui pourraient l'attaquer, jusqu'à ce qu'on l'emploie. La chair de cet animal, tant qu'elle reste fraîche, est chaude et humide au second degré. Une fois salée et desséchée, elle devient plus chaude et moins humide, surtout si elle est restée longtemps suspendue. Aussi ne faut-il pas l'administrer aux tempéraments chauds et secs, tandis qu'elle convient aux tempéraments froids et humides. Elle peut être nuisible aux premiers, si on ne lui associe pas des correctifs. Ce n'est pas là contredire l'affirmation des propriétés qui tiennent à sa constitution. En effet, il y a des propriétés qui conviennent à certains sujets et qui sont nuisibles à d'autres, en raison des différences de tempérament. La chair et la graisse du scinque ont la propriété d'exciter au coït et de procurer de fortes érections. Sa chair est également efficace dans les maladies froides des nerfs, et en cela aussi elle est aphrodisiaque. Ces propriétés appartiennent surtout aux parties qui avoisinent les lombes, à la racine de la queue, au voisinage de l'ombilic, aux rognons et à la graisse abdominale, surtout si l'animal a été salé et desséché comme nous l'avons dit. Il jouit alors des vertus que nous lui avons attribuées et, si ou l'administre seul, il est plus actif. Préparé selon le mode indiqué, il se prend à la dose d'un à trois mithkals, suivant le tempérament du sujet, son âge, le pays et la saison courante. On le triture et on le mêle à du vin vieux aromatisé, puis on l'administre ainsi préparé avec du vin. On peut le donner aussi, si on le préfère, dans de l'eau miellée, non cuite, ou dans une décoction de raisin sec édulcorée. On peut encore en répandre la poudre sur un jaune d'œuf de jeune poule, frais et cuit à la coque, et l'administrer. Ces propriétés sont également celles du sel qui a servi à sa préparation. Pour cela on le mélange aux préparations ou aux aliments excitants, ou bien on en prend à la dose d'une à deux drachmes, en proportion du tempérament du sujet, et on le répand sur un jaune d'œuf préparé comme nous l'avons dit, soit seul, soit associé à une égale quantité de graines de roquette pulvérisées.
  • L'auteur. Le scinque est réellement tel que l'a décrit Ibn Djamî'. De nos jours, on ne le connaît plus en Egypte que dans le Fayoum d'où on l'apporte au Caire. On lui fait surtout la chasse, dit-on, pendant les quarante jours que durent les rigueurs de l'hiver. Quand l'eau est trop froide, le scinque en sort, et on lui fait la chasse. Tout ceci est hors de doute.
  • Ibn Djamî'. Dioscorides rapporte qu'il existe un scinque dans certaines contrées de l'Inde et de l'Ethiopie. J'ai appris du savant Abou l-Kaçem Abderrahman et-Temîmy qu'il avait vu en Orient un animal marin appelé scinque, apporté du pays de Sakçîn, l^mXm. « C'est, dit-il, un animal long de deux coudées, y compris la queue, et large de plus d'une demi-coudée, et de couleur jaune. Les parties employées sont les lombes et la naissance de la queue, parties charnues que l'on conserve sans les saler. » Ce savant assure en avoir apporté jusqu'à Ispahân sans qu'elles se fussent altérées. Les gens de ce pays l'emploient associée à des substances acides, comme du vinaigre et autres choses pareilles, à raison de sa grande chaleur. Il ajoute que cette substance est aphrodisiaque, à l'instar du panais et d'autres médicaments pareils.

On fait du Skinkos de Dioscorides un Lacerta scincus ou un Scincus officinalis. On peut lire dans l’Abdallatif de M. de Sacy l'histoire comparée du scinque avec les autres sauriens. L'opinion dont parle Ibn ed-Djamî', qui fait du scinque un produit du crocodile, est rapportée par Avicenne et par Damiry. Quant à Sakçîn, Abou '1-Fédâ nous apprend que la ville ainsi nommée était située sur le Dnieper (Tnabers, y^j-jUJa).