Laouz el-Berber (Ibn al-Baytar)

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Laouz
Ibn al-Bayṭār, Traité des simples
Loubiâ


2041 - Laouz el-Berber, Arganier.


Nom accepté : Argania spinosa

[3-244]

  • Ibn Rodhouân. C’est un fruit qui ressemble à un petit gland, de couleur jaune. Sur un de ses côtés, il porte une dépression étroite qui ne pénètre pas jusqu’à l’intérieur. Il ressemble intérieurement à une graine de pin. Il est fourni par un arbre de haute taille du Maghreb extrême. Ce fruit est chaud et resserre le ventre. Son huile est avantageuse contre la surdité chronique et les maux d’oreilles. Pour resserrer le ventre, on le donne à la dose d’une demi-drachme.
  • L’auteur. C’est ïirdjân, yU-^Jî. Les Berbères du Maghreb extrême l’appellent aryân, UL»-;I. C’est un arbre de ce pays; il croît au sud de la ville de Maroc, dans les cantons de Hàhâ, U.U», et de Regràgâ, Ls-K^-j. Il est très épineux et ses piquants aigus sont un obstacle à la récolte du fruit. On en obtient de l’huile en donnant d’abord le fruit à manger aux chèvres et aux chameaux, à l’époque de sa maturité. Ces animaux rendent les noyaux et alors on les recueille, on les casse comme des amandes. On prend la pulpe, on la triture, comme on le fait pour les olives, et on en retire une huile comestible. Chez les gens du pays, c’est une des meilleures huiles et des plus estimées. On la connaît sous le nom d’huile d’ardjân.

On lit en note dans notre manuscrit, copié à Fez : a C’est l’ardjàn dont on Fait de l’huile dans les cantons du Hàhâ et de Regràgâ. L’auteur ajoute : L’huile se retire après que Ion a donné le lïuit aux chèvres ou aux chameaux. Aujourd’hui, cet usage est abandonné, et je m’en suis assuré sur les lieux ; on retire cette huile sans avoir donné le fruit aux animaux. On le concasse avec des pierres, on recueille l’amande et on la soumet à la pression. « Pour notre part, nous avons questionné à ce sujet des Marocains, et ils nous ont pareillement affirmé que l’extraction de l’huile d’arganier se faisait directement, sans l’intermédiaire des animaux. Cette étrange pratique est cependant relatée par les géographes arabes. On lit dans El-Bekry : « On cueille les fruits et on les donne à manger aux bestiaux; ensuite on ramasse le3 noyaux, on les fait cuire au feu, après les avoir broyés, et puis on en exprime l’huile. » De même chez Edrissy : « On recueille ce fruit vers la fin de septembre et on le donne aux chèvres qui l’avalent après avoir brouté l’enveloppe extérieure; elles le rejettent quelque temps après ; on le ramasse, on le lave, et, après l’avoir cassé et broyé, on le presse et on en extrait beaucoup d’huile d’un noir foncé, mais désagréable au goût. » Venture de Paradis donne le même renseignement. Chenier se borne à dire que les chèvres mangent l’écorce ; Schousboé, ancien consul de Danemark à Tanger, assure, dans son mémoire sur l’arganier, que ce fruit est recherché par les chameaux et les chèvres, tandis que le mulet et l’âne n’en veulent pas. Suivant lui, cet arbre est de moyenne grandeur ; il fleurit en juillet et sou fruit mûrit en mars de l’année suivante. Edrissy rapporte qu’on en fait la cueillette au mois de septembre. Cette huile est âcre au dire de tous. Le Maroc en avait exposé en 1867 avec cette note: « Huile d’arganier (Rhamnus siculus). On fait volatiliser par la chaleur l’odeur empyreumatique qu’elle contient, et l’on obtient une huile excellente pour tous les usages de la cuisine et pour l’éclairage. » On s’accorde à dire que son emploi est très commun dans le Maroc, particulièrement pour la friture et la préparation des beignets. Elle est d’une couleur brunâtre. Suivant Edrissy, les femmes masmoudiennes l’emploient aussi pour la toilette. Quant à l’arganier, on l’a tour à tour rangé dans le genre Rhamnus, Sideroxylon et Eleodendron. Ce dernier nom a été adopté par Schousboë. (Voyez les nos 56 et 1145.)